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Aminata Touré, envoyée spéciale du président de la République: ‘’Macky Sall ne reste pas suspendu aux lèvres de l’opposition’’
Publié le mardi 19 mars 2019  |  Enquête Plus
Aminata
© Autre presse par DR
Aminata Touré, coordonnatrice du Pôle parrainage de la coalition Benno Book Yaakaar
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Aminata Touré met l’opposition devant ses responsabilités. Dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’, l’Envoyée spéciale du président de la République, qui aborde sans détour tous les sujets brûlants de l’actualité nationale, estime que les leaders de l’opposition sont en train de rater une bonne occasion de poser sur la table leurs revendications et de trouver ensemble des solutions. Entretien.

Le président Macky SaIl est sorti victorieux de l’élection présidentielle du 24 février, avec un score de 58,26 %. Mais son score fait jusqu’ici l’objet d’un rejet par les candidats de l’opposition. Qu’en pensez-vous ?

Le Conseil constitutionnel a mis un point final à l’élection présidentielle du 24 février 2019, en proclamant les résultats définitifs. Le président Macky Sall a été largement réélu avec le score de 58,26 %. Ce n’est pas comme si cette élection s’était jouée dans un mouchoir de poche, puisque le président Macky Sall a presque triplé le score d’Idrissa Seck arrivé second. Il a eu 2 555 426 voix, tandis qu’Idrissa Seck en a eu 899 556. Le président Macky Sall a gagné 40 départements sur 45. Idrissa Seck en a gagné 2 sur 45. Il n’y a donc guère besoin d’un microscope pour constater la distance pharaonique qui sépare le gagnant, le président Macky Sall, d’Idrissa Seck arrivé second.

Selon Idrissa Seck qui a fait une sortie médiatique tout récemment, ‘’c’est juste par dépassement et par refus d’ensanglanter l’après-scrutin au Sénégal’’ qu’ils se sont résignés. Qu’en dites-vous ?

Il leur faut bien trouver des arguments pour fonder leur résignation. La défaite est sans appel, elle est claire comme le soleil de midi. Les Sénégalais ont voté en toute liberté, dans la sérénité et, le lendemain, ils sont retournés à leurs occupations. Il aurait été tout à l’honneur des candidats de l’opposition de féliciter le président Macky Sall pour continuer l’élégance démocratique et républicaine commencée avec le président Diouf en 2000 et poursuivie par le président Wade en 2012. Mais, de toute évidence, personne n’était prêt à perdre de l’hémoglobine suite à une élection claire et transparente. Le peuple sénégalais ne se laisse pas embarquer dans l’aventure. Les politiciens ont souvent tendance à sous-estimer son degré de maturité.

Cette posture de l’opposition ne risque-t-elle pas d’hypothéquer le dialogue national auquel appelle le président de la République ?

Une fois l’élection présidentielle derrière nous, Macky Sall est le président de tous les Sénégalais et il est de son devoir, en Père de la Nation, de rassembler la grande famille Sénégal pour bâtir des consensus forts afin de faire avancer notre démocratie. On ne peut pas forcer l’opposition à dialoguer, si elle ne le souhaite pas. Elle rate ainsi l’opportunité de poser ses préoccupations sur la table et de trouver ensemble des solutions, pour peu que l’objectivité et la bonne foi prévalent. J’espère qu’une fois l’amertume de la défaite passée, l’opposition reconnaîtra les vertus du dialogue afin de faire évoluer positivement notre démocratie.

Pensez-vous, dans ces conditions, qu’il puisse y avoir un dialogue franc et sincère entre pouvoir, opposition et les autres segments de la société ?

On ne peut que le souhaiter. Maintenant, le président Macky Sall ne reste pas suspendu aux lèvres de l’opposition. Il a été élu et bien élu pour mettre en œuvre son programme de développement économique et social. Il va s’y atteler sans attendre. Et la porte restera toujours ouverte pour dialoguer.

Si dialogue il doit y avoir, quels doivent être, selon vous, les termes de référence et les sujets à aborder ?

Il faut d’abord un état d’esprit adéquat, un esprit ouvert sans conditions préalables, avec pour seul objectif de faire avancer la démocratie, améliorer notre processus électoral et toute autre question de nature à renforcer notre stabilité politique. Le tout dans le respect des lois et règlements en vigueur.

Justement, certaines franges de l’opposition sénégalaise posent comme préalable d’un dialogue sincère et franc la libération de Khalifa Sall et le retour d’exil de Karim Wade. D’autres exigent même une amnistie pour tous les deux. Pensez-vous que le président Sall puisse accéder à ces revendications ?

On ne peut pas démarrer un dialogue ouvert avec des pré-conditions. Les questions juridiques relèvent de la justice et pas du président Macky Sall, ni de l’opposition. Il faut bien sérier les questions et respecter les prérogatives des institutions respectives. Les questions de justice ne sont pas traitées par les acteurs politiques ; elles sont traitées par la justice. C’est aussi ça un Etat de droit.

Selon certains spécialistes du droit, une amnistie pour Khalifa et Karim discréditerait l’institution judiciaire. Qu’en pensez-vous ?

C’est ce que je viens de vous dire. La justice et la politique, c’est deux choses différentes ; l’une ne peut se substituer à l’autre. La justice doit être respectée dans ses prorogatives et son indépendance. C’est cela l’intérêt de tous les Sénégalais, d’ailleurs.

Quelle analyse faites-vous de la posture d’Abdoulaye Wade lors du scrutin présidentiel ?

J’ai été déçue par ses appels à brûler des urnes et des cartes d’électeur en tant qu’ancien président de la République. Je mets tout cela sous le coup de l’âge. Depuis lors, je pense qu’il s’est retiré de la scène publique, ce qui est une bonne chose. C’est un patriarche et en Afrique les patriarches ne peuvent souhaiter que du bien à leurs descendants.

De par sa posture, Wade n’a-t-il pas plus facilité la réélection de Macky Sall que le triomphe de l’opposition ? Cette dernière soupçonne un deal entre Macky Sall et Abdoulaye Wade. Que répondez-vous de tout cela ?

L’opposition se monte ses propres films-fictions politiques en ce moment. Il faut dire qu’elle est désorientée par l’ampleur de sa défaite. Le coup Ko est dur ! Mais j’espère qu’elle s’en remette rapidement et joue son rôle en toute responsabilité. Car la démocratie se nourrit d’interactions saines entre la majorité et l’opposition.

Malgré les assurances du gouvernement, par la voix de son porte-parole, l’hypothèse d’un troisième mandat du président de la République persiste dans le débat politique. Quel est votre avis sur la question ?

Je ne sais pas en quelle langue le président de la République doit-il s’exprimer pour se faire définitivement comprendre. Il a dit et redit avec moult détails qu’il ne peut y avoir de troisième mandat. La chose est claire et limpide. Ce débat, le président l’a vidé lui-même et depuis longtemps.

Est-ce que, selon vous, la sortie du ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall n’a pas contribué à alimenter la polémique autour de cette question ?

Sa position m’a semblé, moi, sans équivoque. Celle du porte-parole du gouvernement Seydou Guèye aussi. Rien de surprenant, puisque le président lui-même est sans équivoque.

Posé dans un contexte où le président nouvellement réélu n’a même pas encore prêté serment, ce débat rend-il service à Macky Sall ?

Le président Macky Sall a verrouillé le principe des deux mandats dans la Constitution, pour nous prémunir justement de ce qui s’était passé en 2012 où la recherche d’un 3e mandat par l’ancien président nous a coûté 12 pertes en vies humaines. Sur cette question, je suis tentée de dire poliment ‘’Circulez, il n’y a rien à voir’’.

Comment comprenez-vous les propos d’Ismaïla Madior Fall, quand il dit, en tant que constitutionnaliste : ‘’En principe, c’est le deuxième et dernier mandat’’ ?

Je comprends, comme l’a dit à satiété le président Macky Sall, que c’est le deuxième et dernier mandat.

Que faut-il faire, selon vous, pour régler la question, une bonne fois pour toute ?

Il faut juste passer à autre chose, car il n’y a rien à débattre sur un problème qui n’existe pas. L’opposition cherche désespérément matière à s’opposer. Cette question n’en est pas une. La position de la loi, la position du président, la position du Garde des Sceaux et la position du porte-parole du gouvernement sont toutes très claires et sans équivoque. Il s’agit du deuxième et dernier mandat. Je pense qu’on peut maintenant fermer le ban.

Une rumeur persistante voudrait que des pontes du régime, très proches collaborateurs du président de la République, aient participé au financement de la campagne de certains candidats de l’opposition. Qu’en est-il exactement ?

Je ne réagis pas aux rumeurs. La rumeur a eu à faire beaucoup de mal à d’honnêtes gens. Par conséquent, je m’interdis d’avoir une position sur des rumeurs.

Selon ‘’EnQuête’’ qui a livré l’information, le président Macky Sall serait informé de tout cela par des services de renseignement étrangers et que des têtes ne manqueront pas de tomber, au moment de la formation du prochain gouvernement. Qu’en pensez-vous ?

Je ne saurais vous donner d’avis sur des suppositions.

La coalition Bby est marquée, ces temps-ci, par les positionnements de ses membres. Alors que le Ps réclame plus de ministres dans le prochain gouvernement, l’Afp s’inscrit dans une dynamique de présenter un candidat en 2024. Quelle appréciation faites-vous de cela ?

Je salue tout d'abord la longévité de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Sept années de compagnonnage loyal, c’est exceptionnel. C’est normal qu’il y ait des moments de respiration, de questionnement et même d’ambitions individualisées. Je reste convaincue que nous avons encore une expérience commune à vivre ensemble.

Au vu de ces positionnements, est-ce que les jours de cette coalition, qui a battu le record de longévité, ne sont pas aujourd’hui comptés ?

Non, je ne le crois pas. Je suis sûre que nous avons encore de belles pages de compagnonnage à écrire ensemble, pour l’intérêt du Sénégal.

Si jamais le président Macky Sall ne se présente en 2024, quelle posture pour la coalition Bby ? Et l’Apr dans tout cela ?

Nous de Bby et de l’Apr, venons de réélire notre candidat il y a juste... trois semaines pour un mandat de 5 ans. On a le temps de réfléchir à la question. Pour l’heure, il s'agit de s’atteler à mettre en œuvre le programme que le candidat Macky Sall a décliné aux Sénégalais. Le produit intérieur brut du Sénégal, ce n’est tout de même pas la politique. Les Sénégalais sont eux-mêmes saturés de politique. Maintenant, il s’agit de dérouler les programmes pour améliorer leurs conditions d’existence et d’épanouissement.

Pensez-vous que le président Macky Sall puisse trouver son dauphin dans les rangs de l’Alliance pour la République ?

Le président n’a pas encore commencé son deuxième mandat que vous parlez de son dauphin. Il est plutôt concentré sur l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixés.

Seriez-vous intéressée par le poste de président de l’Assemblée nationale ?

Votre question est sans objet, à mon avis. L’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a un mandat qui court jusqu’en 2022. Je lui souhaite longévité et une excellente santé pour la bonne conduite de sa mission.

Il est de plus en plus agité le couplage des élections locales et législatives à venir. Qu’en pensez-vous ?

Je suis pour le respect simple du calendrier électoral tel qu’il existe.

Qui a intérêt à ce qu’il y ait couplage de ces élections ? En cas de couplage, est-ce que le président Macky Sall n’a plus à perdre qu’à y gagner ?

Je répète que je souhaite que le calendrier électoral soit maintenu tel qu’il est. Les Sénégalais savent voter et ils font clairement le distinguo entre les différents types de scrutins.

Comment, selon vous, restaurer le calendrier républicain déréglé par le prolongement du mandat présidentiel ?

Ce n’est pas un dérèglement, puisque les élections se tiennent chacune à date échue, sans difficulté. Et le dernier mot revient aux électeurs.

Est-ce qu’une dissolution de l’Assemblée nationale vous rendrait service dans ce contexte ?

Je ne pense pas. Jusqu’à présent, nous nous sommes accommodés de notre calendrier électoral tel qu’il existe. Je ne vois pas pourquoi on ne continuerait pas à le faire.

Les Locales, c’est au mois de décembre, dans moins de dix mois. Comment comptez-vous y participer ?

On a le temps d’étudier la question. Pour l’heure, on essaye de récupérer de la fatigue de la dernière élection qui s’est tenue il y a juste... trois semaines.

La mairie de Dakar aiguise bien des appétits à l’Apr, avec Moustapha Cissé Lô qui a déclaré sa volonté d’être le prochain maire de la capitale. Etes-vous intéressée par la mairie de Dakar ? Allez-vous revenir voter à Dakar ou comptez-vous toujours rester à Kaolack ?

La mairie de Dakar ne peut intéresser que ceux qui votent à Dakar. Je vote à Kaolack depuis deux élections. Je suis définitivement retournée à mes racines du Saloum.

Un nouveau gouvernement est attendu. Peut-on s’attendre à votre retour ?

Le président de la République nomme aux fonctions civiles et militaires. Il se choisit ses collaborateurs en toute liberté.

Après sa réélection, le président Macky Sall a rendu à Enda Lead son agrément. N’était-ce pas une manière de couper les vivres, voire d’asphyxier le mouvement Y en a marre ?

Pourquoi n’y verrez-vous pas plutôt une mesure d’apaisement ? Tant que les organisations de la société se tiennent à équidistance des partis politiques et de leurs mouvements affiliés, il n’y a pas de problème. Il y a une longue tradition de bonne coexistence entre l’Etat sénégalais et les organisations non gouvernementales. Celles-ci contribuent, à leur échelle, à soutenir les populations et les droits humains. Si elles restent dans son rôle, il ne peut pas y avoir de problème. Bien au contraire, elles suppléent l’Etat dans sa mission de développement et d’appui aux populations vulnérables.
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