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« Comment Auchan, Casino (…) volent les populations »
Publié le lundi 18 mars 2019  |  Rewmi
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© Autre presse par DR
Me Massokhna Kane, Le président de SOS Consommateurs, association consumériste sénégalaise
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Le patron de « Sos consommateurs », Me Massokhna Kane, a été, ce samedi, l’invité du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, il est longuement revenu sur le rôle des associations de consommateurs, les droits des consommateurs, la plainte contre les grandes surfaces, entre autres sujets. Morceaux choisis.

Les Sénégalais ne connaissent pas leurs droits

« On peut dire que les Sénégalais ne connaissent pas leurs droits et il faut le regretter. Il n’y a aucun moyen de rendre les consommateurs susceptibles de connaître leurs droits parce qu’il n’y a pas la communication. Nous, le peu de moyens que nous avons, nous l’utilisons pour la communication. Mais franchement, les consommateurs sénégalais ne connaissent pas leurs droits. S’agissant des droits, c’est le droit à la sécurité d’abord, aussi bien la sécurité des personnes et que des biens. Droit à la sécurité des aliments et à l’information. Droit à être entendu, droit à la satisfaction de leur besoin. Egalement droit à la réparation lorsqu’ils subissent des préjudices du fait de la consommation, etc. Malheureusement, ces droits ne sont pas respectés dans la grande majorité. La délinquance, ça a toujours existé parce que les Etats souvent ne mettent pas beaucoup de moyens pour faire respecter les droits des consommateurs, pour protéger les consommateurs. Car, c’est du devoir de l’Etat mais, comme l’Etat ne le fait pas, ce sont des bonnes volontés, c’est-à-dire des organisations de défense des droits des consommateurs, qui sont des associations bénévoles à 100% et qui essayent d’assurer la défense des intérêts des consommateurs. Donc, cette délinquance se développe surtout dans les pays sous-développés où l’Etat ne met pas de moyens pour contrôler tout ce qui doit être contrôlé. Ces délinquants font ce qu’ils veulent et les consommateurs sont victimes du comportement de ces producteurs de biens et services. »

Qui sont ces producteurs de biens et de services ?

Ils peuvent être l’Etat ou des sociétés privées qui assurent soit un service public, soit des prestations de service. C’est eux qui ne respectent pas les droits des consommateurs. Ils violent leurs droits parce que chacun fait ce qu’il veut, parce que souvent, ils échappent au contrôle de l’Etat. Nous, ce que nous pouvons, c’est dénoncer et parfois faire des réclamations à ces distributeurs de biens et services, et parfois même les attaquer au tribunal. Nous faisons des procès soit à l’Etat soit à des privés qui ont des services publics qu’ils font fonctionner comme l’eau, l’électricité, etc. Disons que nous avons des procès qui sont en cours contre l’Etat, contre la Sonatel, contre Eiffage, etc. Parfois, c’est des procès qui tirent en longueur. C’est vrai que c’est long parce que c’est le temps de la justice. Nous avons des procès pendants devant la Cour suprême parce qu’il nous arrive d’attaquer des décisions de l’Etat. Il y en a qui sont en cours et les populations ne savent pas que nous les défendons, nous engageons des frais et nous prenons des avocats. Nous défendons les populations qui ne se préoccupent pas de se défendre.

« La presse aussi ne nous aide pas »

« La plupart des Sénégalais disent qu’ils ne sentent pas les associations de consommateurs. Mais, c’est toujours triste quand nous entendons la réaction des populations. C’est triste quand les populations disent ne pas connaître comment ils sont défendus. Ça nous rend tristes et c’est décourageant parce que nous faisons beaucoup d’efforts. La presse aussi ne nous aide pas à rendre visibles ces actions. Quand les journalistes ont besoin de nous, on intervient, mais quand nous voulons communiquer avec les populations à travers la presse, parce que quand nous demandons à avoir 30 minutes de télé ou de radio tous les 15 jours ou chaque semaine, on nous présente une facture de 20 millions ou 27 millions. Ce n’est pas possible parce que nous n’avons pas cet argent. Nous ne recevons pas de subvention de la part de l’Etat et on fait du bénévolat pur et dur. Et, c’est ça qui est décourageant parce que nous dépensons notre argent pour les populations avec des actes d’huissier, mais elles ne s’en préoccupent même pas. Parfois, ils nous arrivent d’appeler les populations à adhérer dans les associations de consommateurs parce que les populations ne peuvent pas se défendre individuellement contre la Sde, contre la Senelec,… Vous savez que le Sénégalais aime les gens courageux, mais lui-même n’est pas courageux. C’est désespérant parce que vous défendez des gens qui ne se préoccupent pas comment ils sont défendus, mais aussi ils ne participent même à l’action défense. On demande des cotisations annuelles de 1000 francs ou 2000 francs. Ensuite, on ne leur demande même pas de cotiser, mais de venir adhérer tout simplement parce que c’est la masse qui importe. Parce que les associations de consommateurs ne peuvent toujours mener des actions collectives, même s’il y a un projet de loi sur cela. »

Sos consommateurs est au bord du découragement

« Notre organisation existe depuis 2002 et il y a des associations qui sont là avant Sos. C’est vrai qu’on ne se décourage pas encore, mais nous sommes au bord du découragement. Par ailleurs, ce qui a toujours déterminé mon comportement, c’est quand je vois des injustices, je me lève pour essayer de faire quelque chose. On a senti qu’on pouvait être utile aux populations parce qu’on a un cursus qui nous permet de nous battre contre des injustices pour défendre des gens qui ne peuvent pas se défendre. On est dans les hôpitaux, dans les conseils d’administration, on est un peu partout. Mais, nous ne pouvons pas rendre compte au jour le jour de ce que nous faisons. Nous avons voulu avoir une radio communautaire on ne l’a pas eue. Il y a eu l’Etat qui avait créé la radio des consommateurs, mais ça n’a pas marché. On aurait bien voulu que, dans les télévisions, avoir 30 minutes d’antenne par semaine ou tous les 15 jours. Cela nous aurait permis d’avoir une vraie communication bien suivie par les populations qui vont poser des questions. Il y aura un micro ouvert et les gens vont poser des questions en direct, on va répondre. Mais jusqu’à présent, nous ne l’avons pas. Toutefois, je salue notre ministère de tutelle qui est très réactifs. »

Le vol d’Auchan, Casino et les grandes surfaces

« Auchan, Casino et les grandes surfaces volent les populations. Ils volent de différentes manières. Nous avons porté plainte contre Auchan auprès du procureur de la République et les gens seront entendus par la gendarmerie. Et nous avons pris en flagrant délit de vol dans les magasins Casino parce qu’ils volent sur les pesés et sur l’étiquetage. Ils vous mettent en rayon que le kilo de pomme est à 900 francs et quand vous arrivez à la caisse, on vous fait payer 1.100 francs. Et on a des preuves irréfutables qu’on a versées dans la plainte. Ces grandes surfaces donc volent les populations sur les pesés aussi comme j’ai eu à le dire. Ce sont des centaines de millions que les grandes surfaces volent régulièrement, impunément aux populations. Quand vous demandez aux gens qui le font et qui savent que ça ce n’est pas normal, ils vous disent que c’est le système. C’est comme s’ils prenaient de l’argent dans nos poches pour le mettre dans les poches de leurs patrons. Eux-mêmes n’en profitent pas.

Cheikh Moussa SARR
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