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Analyse des résultats du scrutin présidentiel: Quand Idy récupère 37 % de l’électorat de Wade et 61 % de celui de Manko
Publié le jeudi 14 mars 2019  |  Enquête Plus
Idrissa
© aDakar.com par MC
Idrissa Seck, candidat à la Présidentielle
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Après analyse des résultats issus du scrutin présidentiel du 24 février 2019, Moubarack Lo, ingénieur statisticien-économiste et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Amaye Sy, ingénieur statisticien-économiste et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, et Moussa Diaw, diplômé en géographie et en économétrie, en sont arrivés à la conclusion que l’invalidation des candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall, et le boycott d’Abdoulaye Wade ont plus profité à Idrissa Seck et à Ousmane Sonko qu’au président Macky Sall.

Dans une étude rendue publique hier, Moubarack Lo, ingénieur statisticien-économiste et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Amaye Sy, ingénieur statisticien-économiste et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, et Moussa Diaw, diplômé en géographie et en économétrie, passe les résultats du scrutin présidentiel du 24 février 2019 au crible. Cette étude découle, selon eux, d’une série de sondages menés tout au long de la période préélectorale, dans tous les départements du pays, avec des échantillons de 3 600 à 6 000 personnes, garantissant ainsi une bonne représentativité.

Ces sondages qui, à les en croire, ont été menés dans le strict respect des normes scientifiques reconnues en la matière et en toute indépendance, comme l’exige le métier de statisticien. Au terme des sondages, ils en sont arrivés à la conclusion que le président Macky Sall se trouve entre 57 et 58 %, depuis octobre 2018, tandis que le cumul d’Ousmane Sonko et d’Idrissa Seck est inférieur à 20 % sur toute la période, hors électeurs indécis ou qui ne se prononcent pas.

Seulement, ‘’Idrissa Seck entame une progression significative, après l’invalidation des candidatures de Khalifa Sall et de Karim Wade, alors que pendant toute l'année 2018, il affiche un score quasi constant à 3 %’’.

Pour ce qui est d’Ousmane Sonko, l’étude révèle qu’il est celui qui enregistre la plus forte progression de ces intentions de vote pendant l’année 2018. Quant à Issa Sall, il se retrouve, sur toute la période, à des niveaux inférieurs à son score aux élections législatives.

L’absence de Khalifa, Karim et des autres, une aubaine pour Idy et Sonko

Ces faits s’expliquent, selon les auteurs de cette étude, par le fait que les indécis et les électeurs de tous les prétendants non présents à l’élection aient voté très majoritairement en faveur d’Idrissa Seck et d’Ousmane Sonko. Contrairement à ces derniers, le président Macky Sall réalise ses meilleures performances chez les femmes, dans la zone Nord, chez les personnes sans formation formelle ou n’ayant pas atteint le cycle d’enseignement moyen et chez les personnes de plus de 50 ans. Ainsi, les électeurs de Bby aux législatives de 2017 ont voté à plus de 80 % en faveur de Macky Sall, tandis qu’Idrissa Seck conserve 61 % de l’électorat de Manko Taxawu Sénégal de 2017. En outre, il récupère 37 % des électeurs d’Abdoulaye Wade lors des législatives, contre un report de 16 % en faveur de Macky Sall et 19 % au bénéfice de Sonko.

Toutes choses égales par ailleurs, Idrissa Seck aurait eu 5 % des voix (au lieu de 20,51 % au sortir du 24 février), dans le scénario d’une participation de Karim Wade et Khalifa à l’élection, selon l’étude. Cela correspond à un report de voix en provenance des électeurs potentiels de Karim Wade et de Khalifa Sall de 15,5 points de pourcentage obtenus lors de l’élection.

Idrissa Seck est donc le principal bénéficiaire de l’invalidation de Karim Wade et Khalifa Sall.

Quant à Ousmane Sonko, il aurait eu 7 % des voix (au lieu de 15,67 % au sortir du 24 février), dans le scénario d’une participation de Karim Wade et de Khalifa Sall à l’élection. Cela correspond à un report de voix d’un peu plus de 8 points de pourcentage en provenance des électeurs potentiels de Karim Wade et Khalifa Sall. Il a donc pu doubler son score, lorsque les candidatures de Karim Wade et Khalifa Sall ont été invalidées.

57 % d’intentions de vote pour Macky Sall

Une première analyse des intentions de vote sur les 4 vagues successives sur la période de janvier 2018 à février 2019 fait ressortir plusieurs faits. D’abord, les intentions de vote en faveur de Macky Sall avoisinent les 57 %, sauf en avril 2018 et en juillet 2018 où elles atteignent un plus bas niveau à 51 % en avril, puis 54 % en juillet. Ensuite, au moment où le cumul des intentions de vote en faveur d’Idrissa Seck et d’Ousmane Sonko est inférieur à 20 % sur toute la période, le cumul des intentions de vote des quatre candidats effectifs de l’opposition et celles de Khalifa Sall et Karim Wade ne dépasse pas la barre des 25 %, sauf en juillet 2017 où il atteint un plus haut niveau à 34 %. La somme de la proportion d’indécis et de ceux qui ne se prononcent pas étant à un haut niveau de 15 % en février 2019, Ousmane Sonko est celui qui enregistre la plus forte progression pendant l’année 2018, avant l’invalidation des candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall.

A l’analyse des évolutions des intentions de vote au sein de catégories de population, il ressort de cette étude que sur chacune des dimensions genre, niveau d’éducation, géographie, âge, Macky Sall et Ousmane Sonko présentent les électorats les plus polarisés autour de caractéristiques particulières dans chaque catégorie. Cela, au moment où Khalifa Sall et Karim Wade enregistrent dans les différentes catégories des scores comparables à leur chiffre national, sauf chez les Bac+ et dans deux zones géographiques (‘’Dakar-Thiès’’ et le ‘’Sud’’ pour le premier, le ‘’Centre’’ et le ‘’Sud’’ pour le second). Pour sa part, Idrissa Seck affiche, en 2018, un score comparable à son score national dans toutes les catégories. Mais, en 2019, des écarts significatifs avec son score national apparaissent dans les groupes qui se distinguent chez Karim Wade et Khalifa Sall.

Les Bac+ hostiles à Macky Sall

L’étude révèle, dans le même sillage, que les scores de Macky Sall chez les quatre groupes ‘’Femmes’’, ‘’Nord du pays’’, ‘’Plus de 50 ans’’ et ‘’Sans éducation formelle’’ dépassent d’au moins 5 points son taux au niveau national. En revanche, dans toutes les catégories ‘’Hommes’’, ‘’18-34 ans’’, ‘’Régions de Dakar-Thiès’’, ‘’Bac+’’, ses intentions de vote sont inférieures d’au moins 5 points à son score national. Il réalise son plus mauvais taux dans le groupe Bac+ avec un niveau continuellement en baisse et qui atteint au soir de l’élection un écart négatif de 26 points avec son score national. Sur toute la période, la polarisation des sympathisants de Macky Sall s’accentue. En effet, il réalise continuellement des progrès relativement à son score national dans ses groupes captifs et déclinent dans ses groupes hostiles.

Selon l’étude, les groupes hostiles de Macky Sall sont presque les catégories captives d’Ousmane Sonko. En effet, à partir de janvier 2019, le jeune candidat surperforme son niveau national d’au moins 5 points dans le groupe ‘’18-34 ans’’ et d’au moins 10 points dans les trois catégories ‘’18-34 ans’’, ‘’Ayant débuté un cycle secondaire’’ ; ‘’Zone Sud’’. En revanche, il réalise ses plus mauvaises performances dans les catégories captives de Macky Sall ‘’50 ans et plus’’, ‘’Aucune éducation formelle’’, ‘’Zones Nord, Centre et Est’’, ‘’Femmes’’. Toutefois, il améliore, à l’image de Macky Sall, continuellement ses scores dans les groupes où il est déjà très haut par rapport à son niveau national.

Quant à Idrissa Seck, il affiche, en 2018, dans toutes les catégories, des scores comparables à celui de son chiffre national. Le phénomène est semblable pour Khalifa Sall et Karim Wade qui réalisent des écarts quasi nuls par rapport à leur score national dans tous les groupes sauf dans trois.

Ainsi, Khalifa Sall dépasse sa performance nationale dans la zone ‘’Ouest’’ (+6 %) en moyenne sur 2018 et affiche des écarts négatifs dans les zones ‘’Sud’’ (-7 %) et ‘’Centre’’ (-4 %). Karim Wade monte par rapport à son taux national dans les zones ‘’Centre’’ (+4 %) et ‘’Sud’’ (+7 %). De même, des écarts significatifs apparaissent dans le groupe ‘’Bac+’’ chez les deux candidats, avec des différences respectives de +6 %, et -5 %. En 2019, à la suite de l’invalidation de la candidature de Khalifa Sall et de Karim Wade, Idrissa Seck réalise des écarts significatifs par rapport au score national, dans les groupes qui se distinguent chez les deux premiers. Il réalise un écart positif à +3 % dans la zone ‘’Ouest’’, +3 % chez les Bac+ et négatif à -3 % dans la zone ‘’Sud’’.

Baisse d’intentions de vote pour Karim et Khalifa

Leur sort scellé avec le rejet de leur candidature, les intentions de vote baissent significativement en janvier 2019 par rapport à la vague précédente pour Karim Wade et Khalifa Sall à des plus bas niveaux. Au sein de l’opposition, l’étude révèle que cette baisse bénéficie principalement à Ousmane Sonko, qui passe à 10 % contre 4 % précédemment. En ce qui le concerne, Idrissa Seck n’enregistre aucun report d’intentions de vote en sa faveur à ce moment et reste stable à 3 % sur toute l’année 2018. Son score n’augmente qu’après l’invalidation des candidatures de Khalifa Sall et de Karim Wade.

Au regard de toutes ces considérations, l’étude en est arrivée à la conclusion que si Khalifa Sall et Karim Wade avaient participé à l’élection et si on fait abstraction des reports de vote en provenance des indécis et du groupe ‘’Ne se prononcent pas’’, Idrissa Seck aurait affiché un score de 3 % identique à la valeur de l’année 2018, au sortir des urnes en février. Une estimation des reports des votes de Khalifa Sall et de Karim Wade effectuée sur la base de cette hypothèse indique que les reports de vote de Khalifa Sall et de Karim Wade ne bénéficient qu’à Ousmane Sonko et Idrissa Seck.

Ainsi, la différence des niveaux de score entre la dernière vague et le soir du vote pour Ousmane Sonko et Idrissa Seck s’explique entièrement par les mouvements des groupes ‘’Indécis’’ et ‘’Ne se prononcent pas’’. La structure du vote des votants du groupe ‘’Indécis ou ne se prononcent pas’’ par candidat de l’opposition étant la même que celle de la structure moyenne des deux premières vagues de 2018, le taux d’abstention dans chaque vague correspond à celui enregistré à la fin du vote.
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