Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Ousmane Sylla, mouvement Forces citoyennes pour le progrès (MFCP): ‘‘C’est une obligation que le gouvernement (...) ait une majorité de jeunes’’
Publié le jeudi 14 mars 2019  |  Enquête Plus
Comment


Ousmane Sylla, Leader politique à Kédougou, Président du Mouvement des forces citoyennes pour le progrès (Mfcp), a fait fi de son profil technique chez Arcelor Mittal, où il est le directeur commercial pour l’Afrique de l’Ouest, pour ne parler que de son engagement politique dans la région orientale. Le jeune cadre, 38 ans, nourrit de grandes ambitions et estime que l’heure est venue d’investir la jeunesse de responsabilités.

Kédougou a basculé finalement dans la mouvance présidentielle. Qu’est-ce qui a été l’élément déterminant dans cette victoire ?

Kédougou a enfin voté pour le pouvoir, et a enfin voté pour Macky Sall. Ce qui signifie que la région a eu une conscientisation assez différente, une orientation et des responsabilités qui viennent du Mfcp dont je suis le leader. Nous avons entamé un projet à long terme de faire en sorte que la population comprenne exactement ce qu’il faut à Kédougou, avec qui il fallait cheminer. Partant de là, nous avons décidé d’accompagner le président de la République, car en tant que leader et cadre de l’Apr, on a décidé de faire en sorte que les populations choisissent le bon candidat qui n’est autre que Macky Sall. C’est le seul qui soit capable de développer le pays et nous sommes certains que Kédougou ne sera pas en reste.

Comment vous vous y êtes pris ? Il y avait quand même l’ombre de Moustapha Guirassy (député opposition) qui planait depuis les Législatives de 2017 ?

Ce qui a été le plus difficile dans la conquête, c’est que la population de Kédougou a beaucoup perdu espoir dans les leaders politiques qui représentent l’Apr dans la région. Notre arrivée a redonné un peu d’espérance, une compétence réelle en termes de développement et nous communions avec l’ensemble des populations qu’on invite à s’unir autour de l’essentiel. Un des messages forts qu’on a développés dans cette campagne est de dire aux habitants que s’ils veulent que la donne change, il faut qu’on rompt avec cette démarche opportuniste venant de certains qui pensent à accéder à certains postes pour leur propre intérêt. Heureusement qu’ils nous ont fait confiance et ont compris le sens du projet de nous déployons dans la région. Ça a été difficile, car il faut être fiable et authentique en tant que politique. Nous nous sommes efforcés de faire coïncider les paroles aux actes avec beaucoup d’actions sociales. La difficulté principale a été de redonner confiance à la population, car après l’avoir perdue, c’est très difficile de la reconquérir. Nous y sommes arrivés et la population va voir que Kédougou mérite quelque chose.

Mais Kédougou a toujours été une région ignorée par le pouvoir central. Qu’est-ce que votre implication peut bien y changer aujourd’hui ?

Ça va changer pour une simple et bonne raison. La démarche réelle de pilotage de projet, de leadership réel, a été ratée ces dernières années. Je ne dirai pas 1960, mais des dix ou quinze dernières années. Les besoins de développement de la population n’ont pas été pris en compte. Ce que nous apportons de nouveau, c’est cette démarche qui inclut les notions de compétence, d’inclure la population. Il faut quand même noter que le président Macky Sall a fait beaucoup de choses ici que d’autres présidents n’ont pas réalisées. Maintenant, quelle que soit la vision que puisse avoir le président, l’exécution dépend des autorités locales. Et, sur ce point, on peut beaucoup se plaindre que la région n’en dispose pas tellement. Il nous faut un changement réel, une transformation interne pour impulser le développement réel à la base.

Je suis directeur commercial d’une grande multinationale ici en Afrique de l’Ouest, j’ai une expérience professionnelle en Europe et aux Usa, une expertise en Europe de l’Ouest pour les industries de transformation... Tout ça, c’est un appui qui va servir la région. Mais, l’essentiel, c’est l’humain. La vision que nous apportons au développement local avec cette expertise industrielle est un plus. Nous sommes certains que le développement y verra le jour avec l’aide du président de la République. Kédougou regorge de ressources humaines pour son développement. Beaucoup de cadres importants y sont, mais ne sont pas impliqués politiquement. Notre objectif est de les faire participer aux décisions et options stratégiques concernant le développement de la région. En tant qu’ingénieur des industries et des mines qui dispose de toute cette expérience, je pense pouvoir apporter beaucoup à cette région qui, comme on le sait, est riche en gisements miniers. Nous avons une chance inouïe de redonner une autre image des élus locaux de Kédougou venant même de ces sociétés, sans l’apport de l’Etat. Ensuite, si ce dernier intervient, ce sera un plus.

Il y a un paradoxe, car avec son potentiel minier, Kédougou est la région la plus riche du Sénégal. Mais, en fait, c’est l’une des régions les plus pauvres du pays. Comment expliquez-vous cela ?

C’est vrai que c’est une région très riche, mais en même temps très pauvre. Si l’on considère le rapport entre la densité de la population et le potentiel du sous-sol, on pourrait même dire que c’est l’une des régions les plus riches de l’Afrique de l’Ouest. Ce paradoxe vient de deux choses. D’abord, l’engagement de l’Etat est très insuffisant par rapport aux besoins de la population. Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités et engager un vrai développement de la région, sans forcément attendre les flux financiers des sociétés minières. De l’autre côté, les élus locaux ne sont pas à la hauteur. Dans toutes les localités du monde entier qui se sont développées, ce sont les élus qui y ont défendu leurs intérêts, posé des limites au besoin et créé des structures. Notre projet c’est ça : apporter un vrai projet local avec des élus compétents. Nous sommes certains qu’avec l’appui de l’Etat et Macky Sall qui veut développer son Pse, nous allons réussir quelque chose de grand pour Kédougou.

Le Sénégal doit créer une nouvelle dynamique dans l’industrie et créer des champions de l’entreprenariat. A Kédougou, les sociétés minières sont présentes, mais tout le monde ne peut pas aller travailler dans l’industrie. Par contre, il faudra créer de petites entreprises qui sont des sociétés de service gérées par la population. Sur le plan national et international, on doit créer des champions. On devait être capable de gagner des marchés de la sous-région. Il faut changer le modèle de l’entreprise au Sénégal. Nous avons beaucoup de petites entreprises qui auraient dû grandir. Il faut également des ministères qui ont des compétences de l’industrie pour développer ces sociétés dans ces secteurs.

Pour l’industrie, il faut cesser d’être dans cette logique d’extraction uniquement, mais avoir des sociétés qui font de la transformation des produits semi-finis, car on doit créer de la valeur ajoutée. Ce qui permettra de créer plus d’emplois, car on a un taux de chômage assez important et une jeunesse qui grandit. C’est une poudrière. Il faut vite créer de la valeur et pour ce faire, il faut créer des entrepreneurs, un système adapté qui permette aux sociétés de grandir, d’avoir une envergure nationale et internationale.

Votre leader, le président Sall, a été réélu, mais l’opposition a rejeté les résultats et il y a eu beaucoup de tiraillements post-scrutin. Comment appréciez-vous la situation ?

On ne peut qu’être fier de la démocratie sénégalaise qui, comparée à celle d’autres pays, n’a pas à rougir. Il faut souligner que nous avons eu un taux de participation intéressant, plus de 66 %. Ce qui ne s’est jamais vu. Cela démontre que les Sénégalais s’intéressent à l’élection présidentielle, aux élections en général, bien plus qu’on ne le pense. Maintenant, l’opposition est présente et ça aussi c’est un avantage pour le Sénégal. Le président Sall l’a remporté à plus de 58 %. Ce qui veut dire que le développement du Sénégal ne passera pas uniquement par le parti qui a gagné. Il doit y avoir une démarche d’inclusion totale de l’ensemble des Sénégalais. Le président a lancé un appel très fort, pour dialoguer et se retrouver autour de l’essentiel. Pour moi, ces élections sont une satisfaction personnelle, pas parce que Macky Sall a gagné, mais parce que la démocratie en sort renforcée.

Mais l’opposition n’est pas du même avis. Elle n’a d’ailleurs pas félicité votre candidat.

C’est regrettable que l’opposition n’ait pas félicité le président. Elle n’a pas déposé de recours, ce qui veut dire qu’elle a accepté l’issue du vote. Par fair-play, elle aurait dû le faire. Les membres ne l’ont pas fait finalement. Pour quelle raison ? Je ne sais pas. Mais le président Macky Sall a été élu par les Sénégalais, c’est un fait. Je pense qu’il faut se mettre au travail, se retrouver autour de l’essentiel pour développer le pays. On est très en retard. Aujourd’hui, le Sénégal ne devrait pas être dans le lot des 25 pays les plus pauvres du monde, avec sa stabilité depuis l’indépendance, avec toutes les ressources naturelles que nous avons ainsi que les ressources humaines...

Vous êtes jeune et on a un président ‘‘jeune’’, en tout cas le premier qui soit né après l’indépendance. Mais on remarque que dans la constitution des différents attelages institutionnels, une portion congrue est réservée à la jeunesse.

Pour le premier mandat, beaucoup de choses ont été faites et beaucoup manquent encore. Vis-à-vis de la jeunesse, je pense que le signal est bienvenu, si l’on voit l’envolée d’Ousmane Sonko. C’est un signal fort pour le président de la République et j’espère qu’il l’a bien compris. J’espère qu’il va mettre en pratique ce qu’il a dit, c’est-à-dire mettre en avant la jeunesse et son talent. Il y a beaucoup de jeunes, comme moi, qui sont prêts à prendre des responsabilités. Il est temps qu’ils soient mis en avant de sérieuses prérogatives qui leur seront accordées dans leur domaine d’expertise pour que le Sénégal se développe. Le président doit le comprendre ainsi. C’est une obligation que le gouvernement, ou les gouvernements qui vont se succéder, ait une majorité de jeunes. On ne pourra pas parler de Sénégal émergent sans la jeunesse. Elle est là, compétente, courageuse, audacieuse. Mettons là en avant et le Sénégal va se développer.
Commentaires