Le père Roger Gomis, Prêtre du diocèse de Dakar au Sénégal, répond à la question d’un lecteur de ‘’La Croix Africa’’ sur le fait de s'abstenir de viande les vendredis de carême.
Beaucoup de fidèles s’interrogent aujourd’hui sur la pertinence de la ‘’loi’’ d’abstinence de viande, les vendredis, notamment dans des milieux où la consommation du poisson est plus courante et régulière. Car, aux yeux de certains catholiques, recommander de manger du poisson à la place de la viande paraît presque ‘’inutile’’, dans un tel contexte. Ils estiment qu’elle devrait plutôt porter sur la consommation de poisson. Là, il y aurait vraiment un effort, une pénitence à vivre.
L’Église demande aux fidèles de s’abstenir de toute consommation de viande, le Mercredi des Cendres et les vendredis (particulièrement les vendredis de Carême et le Vendredi saint). À la place, ils peuvent consommer du poisson. Selon abbé Roger Gomis, pour l’Église catholique, le vendredi est un jour sacré, celui du sacrifice de Jésus, cloué et mort sur la Croix pour le salut du monde. Un jour de pénitence et de communion au Christ souffrant. C’est donc en mémoire de ce sacrifice et en esprit de pénitence que l’Église demande aux chrétiens de s’abstenir de viande.
Pour le prêtre, la viande était, en effet, considérée comme le mets privilégié, à l’occasion des fêtes et autres célébrations. "On ne tuait le veau gras que s’il y avait quelque chose à fêter (cf. la parabole de l’enfant prodigue en Luc 15). C’est ainsi que l’on est arrivé à trouver inconvenant de la manger le vendredi", fait-il savoir. D’autant plus, dit-il, à l’époque, et dans la culture latine, le poisson n’était pas un mets "festif". C’était même une contrainte que d’en manger le jour de fête.
Progressivement, l’abstinence de viande, souligne le religieux, désignée comme un aliment riche au sens "de lourd qui porte le plus à la somnolence, qui abrutit, est devenue l’acte de pénitence le plus classique".
L’esprit de la loi de l’abstinence de viande vise donc à exclure toute idée de fête, dans un contexte de sacrifice et de pénitence. À travers elle, l’Église invite réellement les fidèles à s’unir librement et sans contrainte au Christ souffrant sur la croix. Finalement, "derrière la lettre de l’interdiction de consommer de la viande le vendredi, il y a un esprit à trouver, cet appel à s’unir au sacrifice du Fils de Dieu. Car si, à la place de la viande, l’on se régale de plats assez onéreux tels que des fruits de mer, où se trouve le sacrifice ?".