Après plus de trois décennies d’existence, l’association caritative musulmane Jamra s’est scindée et a vu l’ONG Islamique Jamra naitre de ses flancs.
Jamra vient de connaitre les démons de la division, après 35 ans d’existence. C’est du moins toute la teneur du communiqué publié par les deux ‘‘sécessionnistes’’ Mame Matar Guèye et Imam Massamba Diop qui se démarquent du directeur exécutif Bamar Guèye de l’instance originelle. Ils ont porté sur les fonts baptismaux, avant-hier, ‘‘l’Organisation islamique non-gouvernementale Jamra’’. Imam Massamba Diop en est le président exécutif. Mame Mactar Guèye est le vice-président en charge de la communication, et Imam Moustapha Diop, cumulativement à sa charge de Coordonnateur national de ‘‘l'Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, Mbañ Gacce’’ (une coalition de 25 associations culturelles et religieuses), sera le chargé des relations avec les organisations externes. Mouhamadou Moustapha Sy assumera quant à lui la charge de ‘‘Trésorier national de Jamra’’.
Une séparation qu’ils ont eux-mêmes qualifié de ‘‘scission salutaire’’. Officiellement, l’organisation a été électrocutée par ses propres courants divergents. De profonds désaccords sur la ligne idéale de l’Ong sont venus au bout de cette unité affichée. Les deux reprochent à leur désormais ancien partenaire, Bamar Guèye, une ‘‘incorrigible et persistante tendance à considérer ce patrimoine national qu’est Jamra comme un héritage familial personnel’’. Les fondateurs de ce nouveau courant, qui ont toujours revendiqué sa vocation caritative et religieuse ainsi qu’une certaine liberté de manœuvre, ont voulu éviter le sort de d’autres Ong détournés de ‘‘leurs nobles objectifs initiaux’’ et qui sont confinées ‘‘dans de pitoyables rôles d’officines de chasseurs de ‘‘per diem de séminaires’’ et autres financements de ‘‘voyages d’études’’.
Le communiqué d’Imam Massamba Diop s’est d’ailleurs réjoui que Jamra ait fait échec ‘‘à la tenue des assises de 600 loges maçonniques qui n’ont jamais caché leur volonté de bâtir une société sans Dieu’’. Les dissidents estiment que le ci-devant directeur exécutif de Jamra rognait sur leurs prérogatives et affichait une image de l’association moins conforme aux idéaux originels. Pour eux, ‘‘les incompréhensibles et inadmissibles actions fractionnistes à répétition de Bamar Guèye ne pouvait perdurer éternellement, au risque de ternir l’image Jamra et de semer durablement le trouble et la confusion dans les esprits’’.
Une scission douloureuse qui intervient un jour après que Bamar Guèye ait désavoué publiquement Mame Matar Guèye qui critiquait les arrestations post-scrutin. ‘‘La sortie de Mame Mactar Guèye n’engage pas Jamra. Car, depuis le décès d’Abdoulatif Guèye, l’Ong est managée par une Direction exécutive et un Conseil consultatif dirigé par Imam Ousmane Samb. Toutes les décisions sont prises à l'unanimité pour éviter que l’Ong soit instrumentalisée ou déviée de ses objectifs’’, avait-il avancé dans le journal l’Observateur, mardi dernier.
Bamar Guèye minimise
En début de soirée, la réponse de Bamar Guèye est tombée pour minimiser la portée de la dissidence. "Le problème, c’est la démarche des responsables de l’organisation islamique et du parti politique RDS qui disent parler au nom de l’ONG pour des intérêts politiques, alors que tout le monde sait qu’une organisation non gouvernementale est par essence apolitique", se justifie Bamar Gueye. "La Direction Exécutive de l’ONG Jamra ne va pas verser dans un « ping-pong » puéril, ni répondre aux personnes rédactrices de cette missive et recroquevillées derrière l’organisation islamique pour créer la zizanie. Elle ne va pas non plus s’attarder sur des propos pour démontrer son engagement et sa posture d’avant-gardiste, de veille et d’alerte", poursuit le directeur exécutif de Jamra.
Dans un communiqué mêlant profession de foi, répliques, déballages à peine voilés, Bamar Guèye s'est voulu clair. "La Direction exécutive tient à rappeler à Imam Massamba Diop signataire de ce bout de papier (...) qu’il ne peut pas décider, au cours d’une réunion, de changer le nom de l’Organisation Islamique Jamra en Organisation Islamique Non Gouvernementale, sans la tenue d’une Assemblée Générale", précise-t-il en concluant que son association ne laissera pas place à la diversion.
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