Karim Wade est vraiment décidé à se barricader contre la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Après avoir opté pour le silence durant l’instruction, hier, il a refusé de signer l’arrêt de la CREI lui notifiant son renvoi en jugement. Surpris par les nouveaux développements de son dossier, le fils de l'ex-Président Wade adopte de plus en plus une posture de repli sur lui-même...
Après un an d’instruction, la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) a renvoyé en jugement Karim Wade et ses co-inculpés, à l’exception de Cheikh Diallo et Boubacar Konaté, blanchis. Ainsi notification a en été faite aux inculpés devant être jugés.
Mais Karim Wade a refusé de signer l’arrêt de la CREI lui notifiant son renvoi en jugement. A en croire nos sources, c’est avant-hier que le greffier s’est présenté à la Maison d’arrêt de Rebeuss pour faire signer au fils de l’ex-président la notification. ‘’Il s’agissait plutôt d’un avis à la place de l’arrêt, car jusqu’à 21heures, il n’était pas disponible’’, a confié une source proche du dossier.
Cette dernière d’ajouter que Karim Wade a refusé de signer compte tenu de l’heure tardive. Outre l’heure tardive, l’ex-ministre aurait justifié sa position par le fait qu’il se sent ‘’détenu arbitrairement’’. Toujours d’après les mêmes sources, le régisseur qui avait déjà fini son service a été appelé à la rescousse, mais n’a pas pu faire changer d’avis Wade fils. Hier encore, Karim Wade a adopté la même position.
Il a refusé systématique de signer l’arrêt de la CREI, malgré l’intervention du chef de cour de la prison de Rebeuss et même du régisseur. Face à cette situation, le régisseur a fait constater par huissier le refus de Karim Wade de signer la notification de son renvoi en procès dans deux mois. La conséquence de cette situation, selon la défense, c’est la ‘’libération immédiate et sans condition’’ de leur client. Les avocats ont, à ce propos, adressé une correspondance au directeur de la prison.
Sécurité renforcée...
Une prison dont la sécurité a été plus que renforcée, à l'intérieur comme aux alentours. Les magistrats de la CREI voient également leur sécurité renforcée à l’approche du procès de Karim Wade.
Nos sources croient aussi savoir que Pape Alboury Ndao, qui a révélé les 93 millions de dollars de Singapour, bénéficie des mêmes avantages sur le plan sécuritaire. Les réseaux de renseignements locaux comme étrangers, officiels comme officieux sont très actifs depuis quelques jours. Le procès de Karim Wade et Cie devrait se tenir au mois de juin, comme EnQuête l'écrivait déjà, il y a trois mois de cela. D'ici là, la vigilance de l’État sera au maximum...
lobbying tous azimuts : Singapour, Abidjan et Paris
EnQuête a relaté, dans son édition de mardi dernier, une affaire relative à un compte bancaire attribué à Karim Wade ; compte dont le solde à la date du 26 avril 2013 est de 93,7 millions de dollars, soit environ 45 milliards de francs Cfa.
La société titulaire du compte identifiable au numéro Thunder2011 ouvert dans les livres d’Industriel & Commercial bank of China Limited (Singapour Branch) n'est autre que African Handling Service Guinée Bissao (AHS G.B), patrimoine également attribué à Karim Wade, selon ce qui ressort des investigations menées dans la phase d'instruction avec la collaboration du cabinet RMA de Pape Alboury Ndao, ancien administrateur provisoire de Dubaï Port World Sénégal.
Si le travail a pu être mené dans les règles de l'art, c'est aussi grâce à la collaboration entre les deux États, sans laquelle rien n'aurait pu se faire. Singapour a donné un bon coup de pouce qui a permis une rapide remontée de l'information. L'autre aspect non révélé de cette affaire, c'est l'échec des dernières opérations de lobbying qui n'ont donné aucun résultat.
Si en effet Dakar a semblé jouer le jeu, c'était juste pour brouiller les pistes. Les derniers déplacements de Me Abdoulaye Wade entraient en droite ligne des négociations pour éviter un procès à Karim Wade. L'axe le plus fort de ces manœuvres est naturellement Abidjan, du fait justement que Me Wade avait donné un sérieux coup de pouce à Alassane Dramane Ouattara, alors qu'il était en bras de fer contre Laurent Gbagbo, à l'époque tout puissant maître d'Abidjan.
Il semble aussi qu'il y ait d'autres raisons liées aux intérêts bien compris des deux familles. La dernière grande offensive est signée...Robert Bourgi.
Ce dernier, estampillé comme une des figures les plus controversées de la Françafrique, avait pourtant vu ses liens avec Karim Wade se distendre et épouser les contours d'un vrai malaise, durant les derniers mois du Président Wade au pouvoir. C'est l'échec de toute cette opération qui explique sans doute la surprise et la déception du cercle des proches du clan des Wade.