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Idy 2019: Poids plumes autour d’Idrissa Seck
Publié le mardi 5 mars 2019  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Présidentielle 2019 - Les candidats recalés, Abdoul Mbaye et Mamadou Lamine Diallo, rejoignent Idrissa Seck
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Même s’il a fait trois fois mieux qu’en 2012, les performances d’Idrissa Seck, lors du scrutin présidentiel de dimanche dernier, n’ont pas du tout été à la hauteur de la composition de sa coalition. D’ailleurs, c’est à croire que Malick Gakou, Abdoul Mbaye, Pape Diop, Mamadou Diop Decroix, Bougane Guèye Dany, Mamadou Lamine Diallo, Amsatou Sow Sidibé, Moustapha Guirassy, Cheikh Bamba Dièye ou encore Cheikh Hadjibou Soumaré n’ont pas été d’un grand renfort pour le président d’Idy2019.

Passés au laser, les résultats du scrutin présidentiel du dimanche 24 février 2019 dernier déterminent le véritable rapport de force qu’il y a entre le président de la République nouvellement réélu et ses principaux adversaires. En dépit des suspicions de hold-up électoral et du rejet des résultats par les quatre candidats qui faisaient face au président de la République sortant, force est de constater que l’écart est grand entre le vainqueur et son suivant immédiat. Macky Sall a, en effet, fait trois fois le score d’Idrissa Seck, même si, comparé à son score du 2nd tour en 2012, il a régressé de plus de 7 points. Quant à son principal challenger, il a plutôt fait un bond de 13 points.

De 14% en 2007 et 7% seulement en 2012, l’ancien Premier ministre Idrissa Seck a capitalisé 20,50% de l’électorat sénégalais en 2012. Des performances que le leader de Rewmi semble devoir plus à sa représentativité qu’au soutien massif de ses alliés. Au vu des statistiques affichées par la coalition Idy2019, il est aisé de remarquer qu’en dehors d’Idrissa Seck qui est sorti vainqueur dans le département de Thiès et dans la région de Diourbel, aucun de ses alliés n’a en effet gagné sa base, sa localité ou tout simplement son centre de vote. Au contraire, ils ont tous été défaits dans leurs bases respectives. Mieux, la plupart d’entre eux ont été laminés jusque dans leurs propres bureaux de vote. Même l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall n’a pas fait exception, cette fois-ci. Même s’il n’a pas voté et même s’il n’a pas battu campagne, sa base a tout de même basculé pour une première fois depuis bien avant 2009.

Pourtant, Idrissa Seck avait l’une des plus grandes coalitions en lice dans la campagne pour l’élection présidentielle du 24 février. A part Benno Bokk Yaakaar au pouvoir, Idy2019 a regorgé le plus de partis politiques et de mouvements de soutien qu’on croyait jusque-là assez représentatifs sur l’échiquier politique sénégalais. Le Grand parti, l’Alliance pour la citoyenneté et le travail, la Convergence libérale démocratique/Bokk Gis Gis, And jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme, Gueum Sa Bopp, Tekki, Car/Lénen, Front pour la démocratie et le socialisme/Benno Jubël, Hadjibou2019 se sont révélés de véritables géants au pied d’argile, au sortir du scrutin présidentiel du dimanche 24 février 2019 dernier. A l’évidence, les leaders de ces différentes formations politiques semblent plus représentatifs sur les réseaux sociaux et dans les médias que sur le terrain politique.

Malick Gakou, battu dans son propre bureau de vote à Guédiawaye

Sorti avec fracas des rangs de l’Alliance des forces de progrès à la suite d’une fronde pour exiger de Moustapha Niasse, un candidat progressiste face au président Macky Sall en 2019, Malick Gakou a aussitôt mis en place sa formation politique pour se positionner en une véritable alternative crédible dans le landerneau politique sénégalais. Mais il peine à se frayer une place de choix sous le chaud soleil politique sénégalais. Tenu en échec en 2017, il vient de subir un cinglant revers. A Guédiawaye dans son fief, le président du Grand parti, Malick Gakou, n’a pas fait mieux que lors des élections législatives de 2017, où il a été défait par le frangin du président de la République, Aliou Sall, par ailleurs maire de ladite commune. Au bureau n°2 de l’école 16 de Guédiawaye Sam Notaire où il a voté, le candidat recalé à l’étape du parrainage s’est incliné. Sa coalition a eu 163 voix contre 184 pour le candidat de la coalition Bby arrivé en tête. Ses multiples tentatives de faire basculer la commune de Guédiawaye se sont révélées jusque-là vaines.

Abdoul Mbaye mord la poussière à Ouakam

Candidat recalé à l’étape du parrainage, Abdoul Mbaye n’a pas, lui aussi, été d’un grand apport à Idrissa Seck. L’ancien Premier ministre du premier gouvernement de Macky Sall et non moins leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), a mordu la poussière dans son lieu de vote. D’ailleurs, Abdoul Mbaye a toujours été laminé dans son bureau de vote du centre de Ouakam. Lors des élections législatives de 2017, il n’a pu récolter que 8 voix face à la coalition Benno Bokk Yaakaar qui y a opéré une razzia.

Pape Diop en chute libre à Dakar

Il était le maitre incontesté de la capitale sénégalaise sous le régime du tout-puissant Abdoulaye Wade. Mais sa débâcle a commencé en 2009, avec le vote-sanction infligé au régime du ‘’Pape du Sopi’’ en guise d’avertissement, à l’issue des élections locales de la même année. Maire sortant, il a été écarté des investitures par sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais, au profit du fils biologique d’Abdoulaye Wade, Karim, alors en quête d’une légitimité politique pour accéder au sommet de l’Etat. Mais les Dakarois, sentant le coup venir, en ont décidé autrement ; ils ont préféré accorder leurs voix à Khalifa Ababacar Sall, alors investi et soutenu par la coalition Benno Siggil Senegaal. Depuis, l’ancien président du Sénat peine à se refaire une nouvelle santé politique à Dakar. Il dégringole de scrutin en scrutin. Défait en 2012 dans tous les sept bureaux de vote du centre Alié Codou Mbaye où il vote habituellement, il s’est coalisé avec le Parti démocratique sénégalais en 2017 pour espérer être élu… sur la liste nationale.

Mamadou Diop Decroix, poids plume

On ne lui connait aucune base affective qu’il gagne d’habitude. L’ancien ministre du Commerce sous Abdoulaye Wade, qui a été pendant des décennies sous l’ombre de Landing Savané, Secrétaire général d’Aj/Pads, est plus connu pour ses prises de position dans l’espace politique sénégalais que pour sa représentativité dans une zone déterminée. A Khombole où il vote, il n’y a jamais occupé une fonction élective. Son parti s’est quasiment vidé de sa substance peu de temps après la chute du régime libéral. Son soutien à la candidature d’Idrissa Seck est certes symbolique pour ce qu’il représente, mais en termes d’électorat, il n’apporte pas grand-chose à la coalition Idy2019.

Bougane Dany Guèye, le néophyte

C’est un néophyte dans l’espace politique sénégalais. Bougane Guèye Dany a fait son baptême du feu le 24 février 2019 en tant que leader d’un mouvement et soutien d’un candidat. Mais son apport n’aura pas beaucoup d’impact aux côtés d’Idrissa Seck. Ou le nombre ‘’faramineux’’ de ses parrains ne s’est pas traduit dans les urnes ou ses militants et sympathisants ne l’ont pas suivi dans son choix de soutenir la candidature d’Idrissa Seck. Quoi qu’il en soit, le patron de D-Média n’a pas été d’un grand soutien à Idrissa Seck et n’a gagné aucune commune, encore moins un bureau ou un centre de vote pour booster le score du Thiessois. Il semble plus fort dans la dénonciation des ‘’dérives’’ du pouvoir que dans la mobilisation de l’électorat. Cela, en dépit de toutes les tournées faites à l’intérieur du pays en perspective de l’élection présidentielle et de tous les moyens déployés à cette fin.

Mamadou Lamine Diallo, pas représentatif

Personne ne peut nier son engagement pour imprimer le changement dans la gestion de l’Etat. Mamadou Lamine Diallo a toujours été de tous les combats de l’opposition, après avoir claqué la porte de la mouvance présidentielle. Coordonnateur du Front de résistance nationale, le leader de Tekki a toujours été convaincu que le salut des populations sénégalaises viendrait d’un changement de régime et de paradigme. Seulement, pour ce faire, faudrait-il que l’opposition soit suffisamment structurée et soudée afin de proposer une alternative crédible. Mais, de tous les leaders du Frn, il a été parmi les premiers à déclarer sa candidature à l’élection présidentielle, alors que le débat sur la limitation des candidatures se posait avec acuité au sein de l’opposition. S’il n’était pas recalé à l’étape du parrainage, il serait aujourd’hui dans la course à la présidentielle. Mais son incapacité de réunir le nombre de signatures requis témoigne plus ou moins de son impopularité. Tout comme Mamadou Diop Decroix, on ne lui connait aucune base affective lui permettant de gagner des élections au Sénégal. Son soutien à la candidature d’Idrissa Seck n’a eu aucun impact sur le score du leader de Rewmi.

Amsatou Sow Sidibé, plus université que politique

Candidate malheureuse à l’élection présidentielle de 2012, Pr. Amsatou Sow Sidibé a intégré la coalition Benno Bokk Yaakaar mise sur pied entre les deux tours de cette joute avant d’être nommée ministre conseillère avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Mais leur compagnonnage ne durera que le temps d’une rose. Puisqu’elle sera limogée pour ses prises de position hostiles au régime en place. Retournée dans l’opposition, elle créé la ‘’Troisième voie’’ avec l’ancien ministre des Collectivités locales, Aliou Sow, ainsi que d’autres leaders de mouvements citoyens en perspective des législatives de 2017. Mais la coalition disparaitra comme elle est née. Universitaire, le Pr. Amsatou Sow Sidibé a du mal à se faire une place dans le landerneau politique. Elle a toujours perdu dans son bureau de vote, au Point E.

Guirassy perd le ‘’Sud’’

Ancien responsable libéral, Moustapha Guirassy a claqué la porte du Parti démocratique sénégalais, après la chute du régime libéral en 2012, pour ensuite lancer sa propre formation politique : Sénégalais unis pour le développement (Sud). Mais depuis, il peine à s’imposer dans sa ville, Kédougou, où il a été défait en 2014 par son principal rival, Mamadou Hadji Cissé, qui va rallier la mouvance présidentielle quelques mois plus tard. Il a certes pris sa revanche en 2017, à l’issue des élections législatives où il a raflé le seul siège de député alloué à la région. Mais il n’a pas su rééditer son coup. Son challenger a, cette fois-ci, pris le dessus, en remportant largement le département.

Cheikh Bamba Dièye, l’éternel remorqué

Le leader du Front pour la démocratie et le socialisme/Benno Jubël a le flair des bonnes alliances. Mais, cette fois-ci, son pari ne semble pas réussir. Du moins, si le président de la République sortant passe au premier tour de la présidentielle. En attendant la publication des résultats provisoires, le moins que l’on puisse dire, c’est que Cheikh Bamba Dièye est quasiment inexistant à Saint-Louis où il vote. Elu maire de la vieille ville en 2009 sous la bannière de la coalition Benno Siggil Senegaal, il n’a pas su conserver son fauteuil en 2014. Il a complètement perdu du terrain à Saint-Louis, avec la percée de Mansour Faye, beau-frère du président, qu’il n’a pas jugé utile de se représenter à nouveau. Aussi, son parti est-il entré dans une léthargie profonde, avec son entrée dans le gouvernement de Macky Sall. Il a d’ailleurs connu plusieurs départs avant sa sortie fracassante de la coalition Benno Bokk Yaakaar pour rejoindre l’opposition. Mais il se fera tout de même élire député sur la liste nationale de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal de Khalifa Ababacar Sall, en 2017.

Hadjibou Soumaré, le technocrate

Ancien Premier ministre, Cheikh Hadjibou Soumaré est plus technocrate que politique. Inconnu dans le landerneau politique sénégalais jusqu’à sa nomination par l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, en remplacement de Macky Sall alors en disgrâce, Hadjibou Soumaré n’a pas su se frayer une place de choix sous le chaud soleil politique sénégalais. A Thiès, sa ville natale, il n’a jamais pu s’imposer comme un véritable leader charismatique de la trempe d’Idrissa Seck. D’ailleurs, il n’y a jamais eu de base solide. Ni à Thiès ni dans les autres régions du pays. Ce qui fait que le ‘’rewmiste’’ en chef ne pouvait rien espérer de lui, en termes de soutien opérant.
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