L’ancien Président tchadien s’éloigne encore d’un éventuel procès. Alors que l’instruction de son dossier devait être close durant le mois de mai 2014, le Comité de pilotage des Chambres africaines extraordinaires (Cae) vient de la prolonger de 8 mois. Cette décision risque de rallumer la polémique entre les Cae et les avocats de la défense.
Le procès de l’ancien Président tchadien ne se tiendra pas à date prévue. Et son séjour en prison va être prorogé de plusieurs mois. L’instruction de son dossier initialement fixée à 15 mois et qui devait être close le 31 mai prochain, a été prolongée par le Comité de pilotage des Chambres africaines extraordinaires (Cae) à l’issue de sa session extraordinaire d’hier. Pour des raisons inhérentes aux travaux des experts et au «transfèrement des co-inculpés», le comité de pilotage a, en effet, décidé de prolonger les délais d’instruction de 8 mois. «L’instruction du dossier ne pouvant être close à la date du 31 mai 2014, il paraît indispensable de prolonger le délai initialement fixé de 8 mois au moins. Ce nouveau délai devrait permettre de régler les questions jusqu’ici en suspens, comme le travail des experts (anthropologues médico-légistes argentins, graphologues et militaires), le transfèrement des co-inculpés détenus à N’Djamena, entre autres (…)» annonce un communiqué de la cellule de communication des Chambres africaines extraordinaires. Dans ce sillage, il a été retenu le principe «de mettre en place au sein des Chambres africaines extraordinaires un mécanisme pour assurer et veiller à la protection des témoins tant au Tchad qu’au Sénégal».
Cette décision des Cae risque encore de tendre davantage les relations déjà exécrables entre cette juridiction spéciale et les avocats de Habré. Jusqu’ici, ils ont toujours refusé de collaborer avec elle en insistant sur son caractère illégal pour entendre leur client.
Par ailleurs, ces nouvelles dispositions ont entraîné le réaménagement du projet de budget initial. Toutefois, indique-t-on du côté du Comité de pilotage des Chambres africaines extraordinaires, «le réaménagement budgétaire approuvé n’entraînera aucune contribution financière supplémentaire de la part des partenaires». Les Cae, qui tablaient sur l’ouverture du procès au courant de l’année, attendront l’année prochaine pour espérer voir juger l’ancien homme fort de Ndjamena en exil à Dakar depuis plus d’une vingtaine d’années.
Inculpé pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture, l’ex-chef d’Etat tchadien croupit en prison depuis plusieurs mois.