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Presidentielle 2019: La société civile salue un scrutin ‘’satisfaisant’’ !
Publié le dimanche 3 mars 2019  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
les missions d’observation de la société civile
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Après la Commission nationale de recensement des votes, les missions d’observation de la société civile ont livré, hier, leur verdict sur le déroulement de la Présidentielle du 24 février dernier. Un scrutin qu’elles jugent satisfaisant, malgré certains impairs.



Les missions d’observation de la société civile sont certes satisfaites du déroulement du scrutin, le 24 février dernier. Mais elles ont relevé, hier, un certain nombre de points qui ont grippé le processus électoral. La rupture du dialogue, selon elles, a entrainé une définition unilatérale des règles par la majorité présidentielle. Cette situation, à en croire les amis du professeur Babacar Guèye, est imputable à la ‘’crise profonde de confiance au sein de la classe politique’’.

Dans leurs conclusions, les observateurs sont également revenus sur la fameuse loi relative au parrainage, qui continue de cristalliser les énergies. Une loi qui, estiment-ils, a montré certaines limites : notamment l’absence de règlement de l’ordre de passage, l’absence de référentiel sur le logiciel de traitement des données… La mission regrette, également, le fait que certains Sénégalais n’aient pu disposer de leur carte d’électeur, malgré le taux de retrait de 97 % annoncé par le ministère de l’Intérieur. Dans la même veine, elle dénonce que le jour du scrutin, certains électeurs, qui se sont pourtant déplacés munis de leur carte, n’aient pu exercer leur droit à cause de dysfonctionnements incombant à l’Administration. Par ailleurs, les observateurs regrettent la non présence de candidates à l’élection présidentielle.

‘’98 % des bureaux de vote observés ont clôturé à 18 h’’

En outre, sur les 14 651 bureaux de vote que compte le pays, la société civile dit avoir observé 10 880, soit 74 %. A ce niveau, c’est presque rien à signaler, en dehors de la faible représentation des femmes dans le personnel électoral. ‘’Les opérations de vote se sont bien déroulées dans l’ensemble. La compétence des agents électoraux a été jugée bonne. L’atmosphère dans les bureaux de vote était sereine. Aucun incident majeur n’a été déploré. Toutefois, un certain nombre d’électeurs se sont plaints de n’avoir pu voter, leurs noms ne figurant pas sur les listes d’émargement du bureau de vote indiqué sur leur carte d’électeur. Il a également été noté des difficultés d’accès à certains bureaux de vote pour des personnes vivant avec un handicap’’, lit-on dans le document. En plus, constatent les observateurs pour s’en réjouir, 98 % des bureaux de vote observés ont clôturé à 18 h. Les opérations de dépouillement se sont bien déroulées dans l’ensemble, avec un acheminent régulier et correct des procès-verbaux. Le tout, dans un environnement bien sécurisé par les forces de défense et de sécurité.

Les recommandations de la mission

L’œuvre humaine étant toujours perfectible, les observateurs ont émis un certain nombre de recommandations pour rendre le système électoral encore plus performant. Parmi ces directives, il y a la nécessité d’une démarche plus consensuelle dans la définition des règles électorales, la mise en œuvre du financement des partis politiques et la régulation des dépenses de campagnes électorales, la réglementation sur la prise en charge de la sécurité des candidats à l’élection présidentielle, la restauration du dialogue politique avec la désignation du chef de l'opposition et la nomination d'une autorité chargée des élections et du dialogue politique.

Outre ces recommandations, il est demandé à l’Etat de revoir, de façon consensuelle, la loi sur le parrainage. A ce propos, les observateurs souhaitent la mise en place d’un dispositif informatique rendant impossible les doublons internes et externes, la mise en place d’une plateforme sécurisée permettant de vérifier la présence des parrains sur le fichier électoral général ; la capitalisation de la présence de personnalités indépendantes de la société civile en qualité d’observateurs pendant la vérification des listes de parrainage. Toujours à propos de la loi sur le parrainage, ils demandent l’accès des observateurs indépendants aux paramètres du logiciel de vérification automatisée des fiches de parrainage, l’information des candidats à la candidature sur les paramètres du logiciel de vérification des listes de candidature, la présence de la Cena lors de la vérification des listes de parrainage ; une évaluation rapide et une réforme de la loi sur le parrainage en vue des prochaines locales.

Par ailleurs, la mission requiert l’amélioration des conditions de participation politique et d'exercice de leur droit de vote aux personnes vivant avec un handicap ainsi que le renforcement de la participation des femmes dans les compétitions électorales. Les observateurs demandent également la simplification du système de distribution des cartes d’électeur avec la présence constante de la Cena et des représentants des partis politiques.

Aux acteurs politiques, la mission demande l’ouverture au dialogue et la recherche constante du consensus, le renforcement de la présence des partis politiques dans les commissions d’enrôlement et de distribution des cartes d’électeur, ainsi que dans les bureaux de vote, la contribution des partis politiques à la formation et à la sensibilisation des électeurs, le respect de la liberté de presse et la préservation de la paix sociale.

Ces tares qui discréditent la Cena

Organe essentiel dans le dispositif de contrôle des élections, la Commission électorale nationale (Cena) n’a jamais fait l’objet d’autant de controverse. Depuis les législatives, les acteurs politiques comme de la société civile ne cessent de s’interroger sur le rôle joué par cette commission dirigée par Doudou Ndir. La mission d’observation de la société civile n’est pas insensible à cette question. Dans leur déclaration liminaire, ils ont demandé à l’autorité ‘’une mise en œuvre effective de toutes ses prérogatives’’. Ce qui laisse supposer que les camarades du professeur Babacar Guèye trouvent que l’organe de régulation n’a pas joué le rôle qui doit être le sien dans tout le processus. Mais, à la Cena, le mal semble beaucoup plus profond. L’institution semble pourrie par la tête. Pas plus tard que dans notre édition du jeudi, Alioune Tine (expert international et fondateur du think tank Africajom Center) dénonçait le maintien du président Doudou Ndir à la tête de cette institution. Ce, d’autant plus que son mandat est arrivé à terme depuis 2017, soulignait-il. Interpellée sur cette question, les observateurs se disent fatigués de revenir sur cette doléance. ‘’On en a beaucoup parlé. On l’a dit au ministère de l’Intérieur. On l’a dit devant les acteurs. On l’a dit même à la Cena. On ne peut pas revenir éternellement sur la même question’’, balaie d’un revers de main le Pr. Guèye.

Malgré tout, l’ancien magistrat demeure toujours sur place. Comme s’il était inamovible. Pourtant, Alioune Tine préconisait un rajeunissement de l’institution. ‘’Il faut, dit-il, du sang neuf à la Cena pour qu’elle puisse jouer convenablement son rôle. Cet organe ne peut continuer à être un outil pour recycler des fonctionnaires à la retraite, même si on a aussi besoin de l’expérience de certains’’. En décembre prochain, Doudou Ndir bouclera ses 10 ans à la tête de l’institution, alors que la loi fixe à 6 ans la durée du mandat unique du président de la Cena. Ancien magistrat, il avait été nommé en 2009 pour remplacer Moustapha Touré poussé à la démission par Abdoulaye Wade.

La guerre des affiches

Lors de cette élection présidentielle du 24 mars 2019, une présence massive des affiches publicitaires a été constatée partout à Dakar et ses environs. Si c’était un match, on peut dire, sans risque de se tromper, que le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar l’a largement remporté. Comme il a gagné le scrutin. Cet aspect était d’ailleurs au menu des discussions, hier, entre les observateurs de la société civile et la presse. A ce propos, trois remarques principales ont été faites. D’abord, il est relevé ce caractère disproportionné entre les affiches du président sortant et de ses adversaires. En deuxième lieu, c’est la présence anarchique des affiches sur les trottoirs et un peu n’importe comment. Enfin, c’est le manque de culture politique et démocratique de certains militants qui badigeonnaient les affiches de leurs adversaires. Pour remédier à tout cela, il est proposé le financement des partis politiques et la réglementation des moyens dans les campagnes électorales, une éducation des militants pour plus de tolérance et d’acceptation des différences.

En ce qui concerne le sabotage des affiches, le professeur Moundiaye Cissé rappelle que c’est une violation du Code électoral en son article L60. Les autorités devraient sévir pour lutter contre. Aussi, on devrait envisager des espaces réservés pour ce genre de panneaux. Au demeurant, la mission d’observation de la société civile a également lancé une alerte à l’endroit de tous les acteurs de la vie politique, en ce qui concerne l’utilisation des communautés à des fins électoralistes. Il demande au président élu de tout faire pour corriger les impairs afin de renforcer la cohésion nationale.

CONTROVERSE SUR LES RESULTATS

La position bizarre de la société civile

C’était au départ une question nette, claire et précise. Vos résultats sont-ils conformes avec ceux donnés par le juge Demba Kandji ? Le moins que l’on puisse dire, est que la réponse est loin d’être si tranchée. Le chef de mission, le professeur Babacar Guèye : ‘’Tout ce que nous pouvons dire, c’est que le juge Kandji est à la tête de la Commission nationale de recensement des votes. Les chiffres qu’il donne sont les chiffres officiels. En tant que républicains, nous en prenons acte. Nous ne les contestons pas.’’

N’est-ce pas une fuite en avant, puisque vous disiez avoir tous les résultats, lui demande un journaliste. Réponse du Pr. Guèye : ‘’Ce n’est pas une fuite en avant. Nous avons bien dit que nous ne contestons pas les chiffres qui ont été donnés par l’organe habilité. Le cas échéant, nous utiliserons nos chiffres dans le cadre de la médiation et de la facilitation que nous allons faire. Il faut savoir que notre travail ne s’arrête pas ici. Il continue et il consiste à recoudre ce qui a été décousu.’’

Toutefois, la société civile reste sans équivoque en ce qui concerne la transparence et la crédibilité du vote. ‘’Le scrutin du 24 février 2019 s’est déroulé de manière satisfaisante, dans l’ensemble. Les quelques dysfonctionnements notés n’ont pas été de nature à remettre en cause la transparence et la crédibilité du scrutin’’, soutiennent les camarades du Pr. Guèye dans leurs conclusions. La mission invite ainsi les candidats à faire preuve de responsabilité ‘’en respectant scrupuleusement le verdict exprimé par le peuple souverain et à user des voies de droit en cas de contestations’’.

Elle exhorte, en outre, les acteurs politiques ‘’à tout mettre en œuvre pour la préservation de la paix et de la stabilité sociale’’. Quant à la posture d’Idrissa Seck et des autres candidats, le professeur Babacar Guèye déclare : ‘’En tant que républicains, nous ne pouvons que souhaiter que tout le monde sache raison garder. Que ceux qui contestent utilisent les voies de droit. Mais comme nous l’avons toujours fait, en ce qui nous concerne, nous allons continuer à mener notre rôle de facilitateur et de médiateur. Nous allons prendre contact avec les acteurs dans ce sens.’’

MOR AMAR
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