Thiès après la proclamation des résultats officiels provisoires: De la colère, des incidents, des dégâts et des interpellations

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Publié le samedi 2 mars 2019 | Enquête Plus

© aDakar.com par DR
De jeunes responsables de l`opposition ont tenté d`organiser une manifestation pour exiger un second tour
Dakar, le 27 février 2019 - Plusieurs jeunes responsables de l`opposition ont essayé de tenir une manifestation à Dakar pour exiger la tenue d`un deuxième tour de l`élection présidentielle 2019.

Les jeunes sympathisants du candidat de la coalition Idy2019 ont rejeté, hier, les résultats officiels provisoires donnés par la Commission nationale de recensement des votes. Ils ont arpenté les artères de la capitale régionale du Rail, aussitôt après la déclaration du juge Demba Kandji, pour y déverser leur colère. Trois personnes ont été interpellées puis libérées.

Dans la matinée, tout allait bien, voire très bien même, à Thiès. C’était le calme plat. Dès les premières heures de la journée d’hier, des hommes, femmes, jeunes et des élèves ont pris d’assaut le Cyber campus, quartier général du candidat de la coalition Idy2019, Idrissa Seck. Là, ils se sont rassemblés pour suivre en direct la retransmission de la proclamation des résultats officiels provisoires issus des urnes du scrutin présidentiel de dimanche dernier. L’attente fut longue. L’ambiance, loin d’être festive.

Tout le monde a les yeux rivés sur le petit écran de télévision accroché sur un des murs de la salle du Cyber campus. 11 h ! Tous ceux qui sont dehors se précipitent dans la salle. La tension monte. Certains sont impatients. ‘’Il fait 11 h passées de quelques minutes et le juge n’est pas encore sorti pour proclamer les résultats. On ne sait pas qu’est-ce qui le retient à l’intérieur. Il faut qu’il fasse vite’’, se plaint un jeune militant habillé aux couleurs du parti Rewmi.

Quelques minutes plus tard, on annonce le report de la proclamation des résultats officiels provisoires à 12 h 30 mn. Le président de la Commission nationale de recensement des votes, Demba Kandji, un fils de Thiès, maintient encore le suspense. Au Qg d’Idrissa Seck, les militants lui demandent ‘’de dire le droit, rien que le droit.’’ A 13 heures passées de plus de 20 minutes, les choses bougent encore. Cette fois, c’est le bon. Le moment tant attendu est enfin arrivé. D’aucuns donnent déjà le verdict que doit rendre l’enfant de Thiénaba. ‘’Il ne va rien dire de bon. On le connait. Il est doyen des juges depuis plus de 20 ans. Il a toujours été du côté du pouvoir et non du peuple. Demba Kandji est là depuis le régime d’Abdou Diouf’’, s’offusque un vieux d’une soixantaine d’années, assis confortablement sur sa chaise.

Tout à coup, c’est le silence radio dans la salle. Pas de murmure, ni de commentaire. Thiès est à l’écoute de son fils. Demba Kandji prend tout son temps pour faire quelques observations. Il avance doucement. Et, enfin, il lâche le grand morceau : ‘’Sur 4 426 344 votants (…) est déclaré vainqueur le candidat Macky Sall avec 58,27 %. Idrissa Seck, deuxième avec 20,50 %...’’ Avant même de finir sa déclaration, la grande salle du Qg d’Idrissa Seck se vide de ses occupants du jour. Dehors, on prépare aussitôt un plan de guerre.

Explosion de colère

Les jeunes, déçus, mécontents et qui rejettent les résultats, improvisent une manifestation. Ils prennent la direction de la place de Sousse. Ils la traversent. Premiers actes de leur contestation, c’est une station Total située sur l’avenue Léopold Sédar Senghor qui est visée. Elle est saccagée. Les manifestants réussissent à brûler des pneus. Avant de commettre l’irréparable, les éléments de la police nationale surgissent pour les disperser. Après cette étape, ils prennent la direction de la permanence départementale de l’Apr. Heureusement que tout est fermé. Ils tentent, en vain, de défoncer les portes. Ils passent leur frustration en jetant des pierres.

Le siège du Groupe futurs médias n’est pas épargné. Son espace commercial est vandalisé par les protestataires. Au même moment, un autre groupe de manifestants essaie de semer la panique au carrefour Serigne Fallou. Ils se heurtent au dispositif sécuritaire mis en place par la police. Ce faisant, ils avancent et prennent la direction de la grande surface Auchan. Là aussi, ils ne parviennent pas à forcer l’entrée. Dans leur folie destructrice, ils prennent la direction de la gare routière urbaine de Thiès.

Mais les éléments du commandant Mbaye, armés jusqu’aux dents, les empêchent de dérouler leur stratégie visant à plonger la ville de Thiès dans le chaos.

Ainsi, même s’il n’y a pas eu, in fine, beaucoup de dégâts matériels, sur le plan économique, il y a eu un contrecoup. Car beaucoup de commerçants du marché central ont dû fermer boutiques, de peur d’être attaqués. Dans la soirée, les manifestants ont encore remis ça au Cyber campus. Ils ont très vite été maîtrisés à coups de grenades lacrymogènes. Pendant cette journée, trois individus ont été interpellés par la police puis libérés.

Après ces quelques incidents, la vie a repris son cours normal. Et Thiès a retrouvé son calme habituel, brisé çà et là par les sirènes des véhicules de la police.

OUSSEYNOU GUEYE (CHEF DE CABINET DU PCD DE THIES IDRISSA SECK)

‘’Demba Kandji a raté l’occasion d’entrer dans l’histoire du Sénégal comme Kéba Mbaye’’

‘’Avec cette élection, le juge Demba Kandji devait en profiter pour redorer le blason de la justice sénégalaise, persécutée pendant le septennat de Macky Sall. Mais il a raté l’occasion d’entrer dans l’histoire du Sénégal, comme le juge Kéba Mbaye. Lors de la proclamation des résultats provisoires issus des urnes du scrutin de dimanche, le juge Demba Kandji a refusé de dire le droit. On lui a demandé tout simplement de rendre public les procès-verbaux des différentes commissions départementales de recensement des votes. Mais il a préféré faire plaisir au président sortant Macky Sall.’’

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