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Présidentielle 2019 : Ces citoyens qui ont trahi le Sénégal...
Publié le mercredi 27 fevrier 2019  |  Dakaractu
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© aDakar.com par SB
Les Sénégalais se rendent aux urnes
Le 24 février 2019 - Les Sénégalais étaient appelés aux urnes le 24 février pour choisir leur futur président de la République.
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Peu importe le vainqueur de ces élections présidentielles, nous aurions tous perdu. Nous assistons au Sénégal à un vote ethnique, confrérique et régional sans précèdent, le grand perdant dans tout cela est le Sénégal. Les Sénégalais, cherchent-ils le meilleur profil pour développer ce Sénégal qui nous a tout donné ou bien votent-ils selon d’autres critères ? Les élections, avec l’avènement du multipartisme, ne commencent qu’en 1983, avec la modification de la constitution par le président Diouf deux ans auparavant. Nous analyserons la manière de voter des Sénégalais avant de comparer cela au vote de 2019. Allons-nous vers la malédiction du pétrole qui commence par des différences ethniques, confrériques et régionaux entre autres ?

Après deux ans au pouvoir, le président Diouf n’a pas trop un bilan a présenté, il est connu comme cet ancien Premier ministre très poli sous Senghor. Il a instauré le multipartisme, il a mis des mesures pour lutter contre la corruption et il y a aussi eu la remise de la dette du monde rural. Il a aussi continué à maintenir de bons rapports avec les marabouts comme son prédécesseur qui a hérité cela des colons. En 1983, le ndigueul maraboutique atteignait presque 90 % de la population, c’est ainsi que les khalifes Tidiane et Mouride appellent à voter pour le président Diouf. Il va remporter ces élections avec plus de 80 % des suffrages. Le président Diouf aura plus de 90 % dans le Fouta et presque 80 % à Dakar, il aura plus de 75 % à Diourbel malgré le ndigueul mouride. Nous voyons que déjà en 1983, la région du Fleuve et Dakar appartenait déjà au président sortant.

En 1988, plus de 80 % sont affichés dans trois des dix régions, Diourbel, Saint-Louis, la ville où il a grandi et Louga, sa ville natale. Cela lui fera passer au premier tour avec plus de 73 %. Le ndigeul mouride est encore prononcé durant ces élections et il sera respecté par les fidèles. La région de Dakar sera partagée entre Diouf et Wade avec respectivement 58 % et 40 %. L’exode rural et le chômage étant les plus grands facteurs de son mauvais score à Dakar bien qu’il soit de 58 %. Son plus mauvais score sera à Ziguinchor à cause du conflit casamançais, cette population vit dans une angoisse permanente et ne pense pas que le président Diouf est en train de bien gérer ce dossier.

En 1993, feu Serigne Saliou, qui était le khalife des mourides s’est abstenu de tout ndigeul et était un homme très effacé de la vie politique. Le khalife des Tidiane était en faveur de Diouf, mais ne proclame pas de ndigeul formel bien que les petits marabouts de cette confrérie aient formellement donné des consignes de vote en faveur du président Diouf. Le président Wade sera aussi soutenu par quelques marabouts mourides et il a eu le soutien des Moustarchidines Wal Moustarchidates. L’impopularité de Diouf à Dakar devient inquiétante, car il ne recueille que 41 % des voix contre 51 % pour Wade. Diouf va aussi perdre la région de Thiès, ce qui pousse à penser que le Sénégal est divisé en deux régions, la région urbaine et la région rurale. Le monde rural vote pour le président Diouf et il obtiendra plus de 55 % dans toutes les régions du monde rural, ce monde qui ne connaît pas et ne se soucie point de la manière dont l’économie d’un pays marche, mais qui est soucieux de la semence, des forages, de l’électricité, et des pistes.

En 2000, Diouf obtient 41 % des suffrages contre presque 31 % pour Wade, le second tour est inévitable. Diouf gagne 8 régions sur les 10 avec plus de 50 % à Fatick, Louga, Tambacounda et Saint-Louis. Comment est-il donc allé au second tour ? Dakar, où son score dégringolait, est arrivé à son plus bas, avec moins de 24 %. Il perd Ziguinchor devant Wade aussi malgré le cessez-le-feu de 1999. Aucun ndigueul ne sera prononcé par les grands marabouts, ils commencent à ne plus s’immiscer dans la politique, malgré qu’ils reçoivent les leaders politiques et prient pour eux. La première alternance politique voit le jour au Sénégal, le premier président mouride accède au pouvoir au Sénégal.

En 2007, le président Wade passe au premier tour avec plus de 55 % pendant que son plus proche rival ne reçoit que 14, 93 % des suffrages. Il dira en tant que président qu’il a été élu par Touba en 2000 et 2007 donc il ne peut pas mettre les autres communes au même niveau que Touba. C’est là que le vote confrérique commence à changer de tournure, il y a une discrimination de la part du chef de l’Etat, président de tous les Sénégalais.

En 2012, Macky Sall a vite affiché sa neutralité par rapport aux confréries et n’affiche aucune appartenance confrérique. Wade obtient 34,47 % des suffrages alors que Macky en obtient 26,19 %. La aussi, le second tour est inévitable. Macky était le maître de la banlieue en gagnant Wade à Guédiawaye et à Pikine. Wade reste maître à Touba malgré tout. Macky Sall, qui était président de l'Assemblée nationale, est destituée d’une manière « légale » et la population sénégalaise qui n’aime pas l’injustice a voté pour Macky à cause de cette injustice et aussi le fait que Wade ait essayé de forcer le troisième mandat et l’introduction d’une loi « illégale » à l'Assemblée nationale.

En 2019, Macky Sall domine le vote de la région du fleuve très largement et le vote de sa ville natale, Fatick, Ousmane Sonko domine le vote du Sud très largement, Idrissa Seck domine le vote mouride très largement. Nous assistons au vote confrérique, ethnique, et régional dans une même élection. C’est grave ! Il faut que cela change coûte que coûte.

Le vote rationnel au Sénégal, une Arlésienne ? Le Sénégal est cité comme une grande démocratie à part entière, et paradoxalement une jeune démocratie. Malgré qu'il y ait un vote objectif au Sénégal, la majeure partie des Sénégalais vote un vote identitaire. Un vote doit être rationnel et doit être basé sur les capacités aux candidats de répondre aux attentes de la population. Le facteur sociologique a joué durant ce vote au Sénégal, avec le « changement » de confrérie d’un candidat. L’arrivée d’un nouveau candidat qui a reçu le vote de sa région d’origine. Un autre qui a reçu le vote ethnique et régionale. Il est impératif que nous arrêtions ce genre de vote, ce débat, qui est l’étincelle qui a commencé les feux dans tous les pays en crise. Restons unis et soyons des frères et sœurs ! Nous avons l’obligation d’être des Sénégalais d’abord avant d’être ce que nous voulons d’autre ensuite. Nous avons trahi le Sénégal durant les élections de 2019 et peu importe le vainqueur de ces élections, notre cher Sénégal aurait perdu. Pensons-nous à nos enfants, petits-enfants, et surtout au Sénégal quand nous votons ? Il est difficile d’expliquer a quelqu’un qui a les idées étroites qu’être « éduqué » ne signifie pas seulement savoir lire et écrire et avoir une licence, mais qu’un illettré peut être un électeur bien plus « éduqué » que quelqu’un qui possède des diplômes. Nelson Mandela.

Mohamed Dia, Consultant bancaire
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