Nous, collectif des villages de Kessouk-hatt, Kathialick et Mbadatt riverains de l’Aéroport International Blaise Diagne, avons jugé nécessaire de vous saisir de la présente en tant que Président de tous les sénégalais et premier garant de la sécurité social, afin d’attirer votre haute attention sur les dégâts matériels et humains causés aux membres de la communauté dans le cadre de la réalisation dudit projet.
Sur le plan matériel, les populations de ces trois villages qui vivent d’agriculture et d’élevage sont en parti expropriées de leur terre sans fondement légal surtout les habitants du village de Mbadatt qui ont été déplacées de force le mercredi 12 mars 2014. Aujourd’hui le village de Mbadatt est rayé de la carte du Sénégal sans respect des droits fondamentaux de la personne humaine entrainant un traumatisme psychologique chez les personnes âgées et les enfants qui sont en âge de scolarisation et qui ont mené une grève d’une semaine avant les vacances de pâques.
Par ailleurs, certains habitants du village de Mbadatt ont subi pendant 6 ans un préjudice matériel car ayant été interdits d’accéder à leur propriété terrienne et subissaient à tout moment des menaces et des intimidations de toute sorte. Le village de Mbadatt est à l’heure actuelle rayé de la carte du Sénégal sans le respect des conditions préalables et aucune voix autorisée ne s’est levée pour dénoncer ce fait inédit et pourtant, le prétexte servit par les autorités de l’AIDB porte sur la sécurité.
Suite au déguerpissement du village de Mbadatt, ceux de Kessouk-hatt et Kathialick malgré leur éloignement du mur de l’aéroport sont aujourd’hui menacés de déguerpissement sous le regard inactif sans précédent de l’opinion nationale et internationale.
Ces populations qui sont des citoyens sénégalais subissent depuis 13 ans une psychose profonde et des enfants ont grandi dans ce climat de traumatisme avec comme maux les dérives des deux régimes d’alternance qui se sont succédés à la tête de l’Etat.
Excellence,
Il a été annoncé partout que le site de l’aéroport est dans la communauté rurale de Diass alors que ce sont les habitants de la communauté rurale de Keur Mousseu que nous sommes qui sont inquiétés. D’ailleurs certaines concessions du village de Diass Louboug sont dans les périmètres de l’aéroport et pourtant aucun dégât n’a été causé à ces populations.
Aussi, est –il logique que si besoin en était, que les trois villages sont visés par le décret n°2002-435 du 29 avril 2002 qui prévoit en son article 2 une indemnité totale de 15.258.700 francs pour l’ensemble des occupants du terrain de l’aéroport. Ceci démontre à suffisance que la surface concernée a été dépassée.
Ainsi, en raison de l’importance de l’espace subséquent notre conviction est que nos villages séculaires unis par des liens de solidarité aussi bien sur le plan culturel et religieux peuvent être sauvés en restant dans leur milieu d’origine et sont prêts à accueillir d’autres frères sénégalais dans une parfaite symbiose pour continuer notre destin commun.
Monsieur le Président
Nous vous connaissons juste et défenseur des droits humains aussi bien en Afrique qu’au Sénégal et partout ailleurs dans le monde. Nous sommes aussi conscients de l’ambition que vous nourrissez pour le peuple sénégalais tout entier.
C’est pourquoi en plaçant un grand espoir en votre générosité incontestable et votre sens de l’équité et de justice nous vous lançons un appel solennel pour la sauvegarde des intérêts de nos villages respectifs.
Nous sommes disposés à vous apporter toutes les informations complémentaires en cas de besoin.
Espérant que notre cause fera l’objet d’une attention particulière, nous vous prions de bien vouloir agréer, Monsieur le Président de la République du Sénégal, l’expression de nos sentiments les plus respectueux.
Fait à Dakar le 13.04.2014
Abdoulaye DIOUF
Membre du forum civil
Secrétaire général de l’association pour la défense des intérêts des villages de la communauté rurale de Keur Moussa riverains de l’AIBD