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3 questions à ... Moussa Diaw (Professeur de Science politique): ‘’Il y a un déphasage entre le discours du président Wade et la réalité’’
Publié le vendredi 8 fevrier 2019  |  Enquête Plus
Présidentielle
© aDakar.com par SB
Présidentielle 2019 - Arrivée d`Abdoulaye Wade à Dakar
Dakar, le 7 février 2019 - L`ancien président de la République Abdoulaye Wade est arrivé à Dakar, ce jeudi, 7 février. Il a été accueilli à l`aéroport et tout au long du trajet de son cortège, le menant au siège de son parti, par des milliers de Sénégalais.
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Le professeur Moussa Diaw, enseignant à l’université Gaston Berger et analyste politique, décrypte la sortie de Me Abdoulaye Wade appelant à perturber le déroulement de la Présidentielle et la mise en place d’un gouvernement de transition.

Quelle analyse faites-vous de la déclaration de l’ancien président Abdoulaye Wade ?

Sa déclaration apparaît comme un discours décalé par rapport à la réalité. Il aborde des questions qui sont relatives aux changements au niveau du Code électoral. Le fait que le mécanisme mis en place, dans le cadre du parrainage, ne soit pas du tout adapté. Il voudrait qu’on l’enlève du processus électoral. Mais les questions qu’il aborde, la plupart, ne sont plus d’actualité. On les a dépassées. On aurait dû les aborder au moment où il y avait un débat sur elles. Il y a un déphasage entre le discours du président Wade et la réalité. On a franchi cette étape. On est au 4e jour de la campagne électorale et il n’est plus question de dialoguer sur quoi que ce soit. Peut-être que ces questions-là pourraient être abordées, après l’élection, avec des réformes pour améliorer le système et voir aussi comment on peut apaiser le climat politique et social. Ce discours est un peu décevant, dans la mesure où on attendait un homme politique très averti prendre position ou donner des conseils pour une élection apaisée. Ce n’est pas le cas. Ce sont plutôt des manœuvres politiciennes qui ne sont pas du tout la bienvenue dans ce contexte de compétition électorale, notamment de campagne électorale.

En tant qu’ancien président de la République, est-ce qu’il doit tenir un tel discours ?

Non. Justement, comme ancien président, il devrait se positionner en tant que sage. D’autant plus qu’on connaît ses capacités politiques, ses expériences. C’est quand même une référence au Sénégal, en matière politique. Toute sa vie a été consacrée à des questions politiques. Il dit d’ailleurs qu’il va mener la politique jusqu’à la tombe. Mais, à son âge, les images l’ont montré, le discours ne va du tout avec sa position, sa stature d’ancien président, de patriarche politique et aussi de référence. C’est la raison pour laquelle, certains n’ont pas voulu commenter son discours pour la simple raison qu’on lui doit beaucoup de respect. Parce qu’il a joué un rôle important dans l’action politique au Sénégal, le renforcement de la démocratie. C’est d’ailleurs avec son combat qu’on a réussi la première alternance politique.

A-t-il, aujourd’hui, les moyens de perturber l’élection ?

On ne peut pas perturber l’élection, dans ces moments. La majorité ne se laissera pas faire. On ne peut pas troubler cette élection, me semble-t-il, que toutes les dispositions sont prises pour que cela se passe dans de bonnes conditions. Ce qu’il est en train d’agiter, c’est une tempête dans un verre d’eau. C’est pour semer le doute dans l’esprit de la majorité, mais aussi de l’opposition. Ce n’est pas la bienvenue. On ne s’attendait pas à ce type de discours. On connaît bien cette personnalité. Me Wade ne changera jamais. On le connaît de par ses stratégies politiques. Mais, quand même, ce n’est pas le moment.

On ne doit lui tenir rigueur. Toutefois, dans une démocratie, il ne faut pas surtout tenir certains discours qui vont réveiller quelques esprits, quitte à même comparer la situation avec la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas le cas. Le Sénégal n’est pas la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas les mêmes réalités politiques. Le Sénégal est habitué à des élections apaisées, même s’il y a parfois un peu de passion dans ce que l’on fait. Dans tous les cas, les hommes politiques sont responsables. Et il ne semble pas que les gens versent dans des positions ou stratégies de perturbation de l’élection. Je ne pense pas qu’il y aurait beaucoup d’échos par rapport à ce discours. Ça m’étonnerait qu’on le suive dans cet état d’esprit. Au Sénégal, les gens ont la paix dans l’esprit. C’est plutôt le lieu d’écouter certains discours politiques, de faire sa sélection par rapport aux projets que les hommes politiques proposent. C’est aux Sénégalais de se déterminer en fonction des projets qu’on leur propose.
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