Le Pape du Sopi, Me Abdoulaye Wade, a fait une déclaration, hier, de Versailles où il se trouve, pour, notamment, faire état de son hostilité à la tenue du scrutin du 24 février 2019.
En intelligence avec ses alliés du Front patriotique de résistance, le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds) a décliné un plan d’action en trois phases : la première phase va de ce jour au 23 février prochain, date de la fin de la campagne électorale, la seconde phase, le 24 février et la troisième, après le 24 février.
L’ancien Président, loin de vouloir soutenir un quelconque candidat, encore moins de se rapprocher de Macky Sall, s’inscrit dans une dynamique de résistance populaire en appelant le peuple à refuser le ‘’coup de force’’ que le président actuel veut lui imposer.
Il a tenu cependant à préciser que ces actions seront menées d’une façon pacifique, dans le respect des lois et règlements de la République.
Toutefois, il a affiché sa détermination à aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que Macky décide de négocier pour non seulement revoir le code électoral en y extirpant les modifications qui portent la marque du président actuel, mais aussi remettre les cartes d’électeurs aux ayants-droit.
Wade souhaite par ailleurs que des lois comme celle portant l’instauration du parrainage soient retirées.
L’ancien Président fonde sa détermination sur le fait qu’il reste convaincu que Macky Sall a freiné la marche du Sénégal vers la démocratie et celle du peuple sénégalais vers le progrès.
Car, à l’en croire, il a, du fait du parrainage, choisi 5 candidats en le déclarant au préalable, mis en prison les deux candidats les plus significatifs qui pouvaient lui faire ombrage, en l’occurrence Karim Wade et Khalifa Sall, modifié le code électoral pour le tailler sur mesure, etc.
Ce faisant, Wade, très amer, estime que cette présidentielle n’est rien d’autre, de la part de Macky Sall, qu’un ‘’instrument de confiscation du pouvoir’’.
En conséquence, sa volonté est alors de ne point y participer, mieux, d’en bloquer la tenue.
La preuve, évoquant des bruits du Palais, le Pape du Sopi estime que Macky a déjà préfabriqué une victoire à 55% ou à 60% au premier tour.
Pourtant, il a tenu à mettre en garde son successeur sur le fait que le peuple sénégalais est certes pacifique, mais il peut être ‘’violent, très violent même’’.
Et qu’il ne faudrait pas que ce qui s’est passé dans d’autres pays africains comme la Côte d’Ivoire, le Burundi, la Guinée, le Congo, etc. se reproduise dans notre pays.
Il a notamment mis en garde ceux qui pensent que cela ne peut pas arriver à notre pays, les accusant d’une étonnante ‘’naïveté’’.
L’objectif final, selon Wade, est qu’il n’y ait pas de scrutin fondé sur de tels principes imposés par Macky lui-même.
Une déclaration qui tombe alors que tout le monde, y compris ses partisans, s’attendaient à ce que Wade demande le ralliement à un camp ou à un autre.
Consigne de vote indirect
Le patron du Pds a encore surpris son monde en restant fidèle à sa logique, celle d’empêcher la tenue du scrutin, qu’il estime biaisé.
Pourtant, aussi bien le camp du pouvoir que celui de l’opposition avaient espéré qu’un mot d‘ordre de soutien soit prononcé en sa faveur.
Dans le camp du pouvoir, les calculs se fondaient sur le fait que Wade avait plus d’opportunité pour son fils à soutenir Macky qu’Idrissa Seck.
Au sein de l’opposition, le soutien a semblé, un moment, presque acquis. Et ceci d’autant plus qu’un de ses amis et proche, Pape Diop de Bokk Guis Guis, l’a fait.
Cependant, comme le plan d’action de Wade va au-delà du 24 février, on peut penser que son message qui est celui d’une opposition à Macky, n’en est pas moins une consigne de vote.
Même s’il n’a pas expressément abordé la question, il semble s’inscrire dans cette dynamique déjà abordée par Babacar Gaye à Kaffrine, à savoir ‘’tout sauf Macky’’.
Il n’a pas donné de consigne de vote, mais il a laissé le choix à ses militants de se déterminer parmi les candidats de l’opposition qui sont en lice.
Cette fois-ci, il n’y a eu point de diatribes contre Me Madické Niang, ce qui a été, d’une certaine façon, une manière de le réhabiliter aux yeux des libéraux.
Comme quoi, Wade a bel et bien donné une consigne sans avoir l’air d’en avoir donné.
Reste à savoir si une telle attitude n’affaiblit pas un candidat comme Idrissa Seck dont l’appui formel de Wade aurait été très décisif quant à l’issue de l’élection.