El Hadji Issa Sall, 63 ans, est après Madické Niang le plus âgé des candidats à la présidentielle sénégalaise, même s’il brigue pour la première fois la magistrature suprême. Un objectif pour l’atteinte duquel il a élaboré un programme en 100 points dénommé « PUR 100 » et dont la réalisation changerait structurellement le Sénégal.
La personnalité de cet universitaire, informaticien de formation et propriétaire de l’Université du Sahel de Dakar, ne se résume pas à cette « bourde » commise dans sa réponse à un journaliste qui voulait l’inviter à une émission sur la place de l’enfant dans les problématiques des candidats de la présidentielle.
« Je n’ai pas le temps des enfants (…) Leurs parents n’ont qu’à ne pas voter pour moi », aurait-il répondu à ce confrère d’un média privé dans des propos rapportés par la presse locale et auxquels il n’a pas tardé d’apporter des éclaircissements.
« Ma sincérité dans ma réponse ne visait pas les enfants mais l’improvisation non sans rassurer dans un ton taquin aux organisateurs de voir avec mon protocole un créneau pour satisfaire le besoin des jeunes », s’est-il aussitôt défendu sur sa page Facebook, avant de s’excuser puis de renvoyer la rédaction concernée à « lire le #PUR100 pour voir la place des enfants dans le programme ».
Visage radieux et cheveux poivre-sel, Issa Sall est un individu « rigoureux, organisé et méticuleux », selon les témoignages de beaucoup de ses étudiants de l’Université du Sahel.
Candidat de la coalition du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), qui avait fait une percée lors des élections législatives de juillet 2017 jusqu’ à occuper la quatrième position au niveau national, avec plus de 155 000 voix, soit 4,7 % des suffrages exprimés, le député Issa Sall veut maintenant détrôner le président sortant Macky Sall en convaincant les Sénégalais de voter massivement pour lui et son programme tourné « autour du développement humain et de la réduction des inégalités ».
Le « PUR 100 » compte bâtir une société juste et prospère, soutenue par un développement intégral et intégré. Et cette vision s’inscrit dans une logique d’unification de toutes les couches sociales et de rassemblement de toutes « les forces vives de la nation » pour l’avènement d’une société sénégalaise « bâtie sur le respect de ses valeurs et de sa culture », assure Issa Sall, ancien fonctionnaire de L’Onu. Né à Tattaguine, dans la même région que Macky Sall, à Fatick (centre), il partage avec dernier le fait d’être halpulaar et d’avoir vu ke jour dans une localité sérère.
Toutefois, malgré les nobles ambitions du « PUR 100 », certains sceptiques assimilent le parti du candidat Issa Sall comme une formation d’inspiration religieuse au regard de son lien étroit avec le très populaire mouvement confrérique « Moustarchidines Wal Moustarchidates », dont le guide moral est Serigne Moustapha Sy, fils du défunt khalife général des tidianes Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum.
Le Pur, à travers Issa Sall et ses militants, répète à chaque fois qu’il n’y a pas de mélange de genre et que sa proximité avec le mouvement religieux ne saurait être un obstacle vu qu’on retrouve dans ce parti des membres de différentes confessions, comme l’illustre si bien l’étudiant Noël Diatta, originaire du département d’Oussouye, en Casamance (sud).
« Le parti nous a montrés qu’ici on est au même pied d’égalité, il n’y a pas de chrétiens ni de musulmans (au-dessus de l’autre). Moi je ne vois pas cette différence et je sais que mes amis ne le sentent pas », assure Noël, avant de noter que son engagement auprès de Issa Sall résulte du fait que beaucoup d’hommes politiques sont passés maintes fois dans sa localité pour faire des promesses jamais tenues.
« Mais quand j’ai vu ceux du Pur et leur programme, je me suis dit que je peux les prendre comme modèles » à l’image d’Issa Sall dont il croit que le discours convainc de jour en jour les Sénégalais à l’approche de la date fatidique du 24 février 2019, jour du premier tour de la présidentielle.