Dans cette course de fond opposant les compagnies de distribution, il y a ce qui ressemble bien à un triangle dont les trois angles sont composés de multinationales françaises et qui bénéficie à Total. Ce que ses concurrents, du moins les indépendants, ont du mal à accepter. Le premier concerne l’autoroute à péage.
Le français Eiffage/Senac qui est l’exploitant de cette infrastructure a attribué à sa «compatriote» Total les aires de repos de l’ancien poste de péage situé à Hann Maristes, nous dit-on. D’ailleurs, sur ces lieux, le nom de la compagnie Total est bien visible.
Birahim Diop assure qu’officiellement, les trois endroits à pourvoir sont tous attribués à Total. Ni lui ni Ameth Guissé ne semblent comprendre cette attitude. Ils estiment que la moindre des choses est un appel d’offres pour que les concurrents soumissionnent librement.
Tous les deux déclarent n’avoir aucun problème avec Total, mais leur préoccupation est que l’on donne aux autres la possibilité d’être présent sur l’autoroute qui fait 25 km pour un marché de 15 000 véhicules/ jour. ''On me dira certainement qu’on ne peut pas avoir plusieurs stations, mais regardez ce qu’il y a comme points de vente sur la nationale numéro un'', fait remarquer Ameth Guissé.
Birahim pour sa part affirme avoir plusieurs fois écrit à Eiffage, sans jamais obtenir la moindre réponse. Quant à l’État, il reste sans réaction malgré «les notes d’information et de protestation», ajoutent nos interlocuteurs. A défaut de procéder à un appel d’offres, la logique voudrait que les postes soient attribués à ceux qui avaient vu leurs stations démolies. Il s’agit de Shell et Elton, une unité pour chacune.
L’autre cadeau à Total qui dérange est celui offert par Orange, une entreprise dont l’actionnaire majoritaire est France Télécom. En fait, le partenariat permet à Total de faire une remise en crédit de 10% sur la facture en carburant du client. Or, Birahim Diop soutient que la marge de bénéfice ne le permet pas.
''Si tu fais le cumul de la marge du distributeur, du transporteur et du gérant, ça ne fait pas 10% de marge. Si Orange permet à Total de faire une remise de 10%, elle met à sa disposition une arme qui pourrait compromettre la chance des autres'', déplore-t-il. Il y a là ce qu’il qualifie d’entorse à la libre concurrence.