Un début d’après-midi ensoleillé, devant le siège du Parti démocratique sénégalais (PDS). Un calme précaire règne devant le bâtiment jaune et bleu qui jouxte la Voie de dégagement nord (VDN). Insensibles aux klaxons des voitures qui passent tout près, des militants s’agglutinent autour de rares bancs qui servent de point de discussion des libéraux sur le retour de Me Wade.
Assis devant la véranda, Djibril Sène promet un accueil triomphal à son secrétaire général. 'Nous allons saluer à notre manière le retour de notre guide, Me Wade, prévu le 23 avril prochain. Cet événement donnera un coup de fouet au parti'', affirme-t-il avec verve.
Très relax dans sa tenue décontractée, le jeune homme, qui se dit coordonnateur des jeunes du PDS ''pour le départ de Macky Sall'', promet une tempête bleue pour le retour du Pape du Sopi. ''Nous comptons sur l’implication de tous les citoyens pour lui assurer un accueil digne de ce nom. Au delà des simples militants, c’est tout le peuple qui réclame le chantre du sopi'', s’exclame-t-il.
Non loin de là, sous le regard approbateur de son ami, Woury Sow décline lui aussi sa promesse. ''Nous allons nous mobiliser fortement pour Maître (ndlr : Wade). Il saura qu’il compte toujours des admirateurs au Sénégal grâce au travail qu’il a accompli durant ses douze ans de pouvoir''.
La grosse boule jaune continue son parcours sur le ciel bleu, au dessus de l’antre des libéraux où règne une certaine euphorie. Un peu à l’écart des débats qui fusent devant la permanence, Salimatou Diop, secrétaire générale départementale de la Génération du concret (ndlr : mouvement de soutien proche de Karim Wade) de Matam, la cinquantaine bien sonnée, est plongée dans ses pensées.
A l’en croire, aucune perturbation ne sera notée pour ce retour, déclare-t-elle en soupirant. ''L’accueil se déroulera dans de bonnes conditions. Car nous (libéraux), nous avons été éduqués à l’école de la non violence que Maître n'a jamais cessé de prôner''. Mais les ''perturbateurs'' potentiels sont avertis. ''Si des personnes malintentionnées essayent de nous empêcher de l’accueillir pacifiquement, nous leur opposerons une réplique sévère'', insiste Djibril Sène.
Sur les retombées du retour d'Abdoulaye Wade, Khali Gabon, surnommé le griot de Karim Wade, croit en savoir un bout, drapé dans son grand boubou bleu. ''Ce sera une chose réconfortante pour son fils. Depuis l’incarcération de ce dernier, il n’a pas mis les pieds au Sénégal, d'où notre espoir'', s’enthousiasme-t-il. Sa voisine, Astou Guèye, abonde dans le même sens. ''Wade a le droit de venir soutenir son fils qui est en détention depuis presque un an et qui est devenu un otage politique'', dit-elle.