Aminata Touré à l’ouverture du 7ème forum de prcm : « Le Sénégal a pris l’option de trouver un équilibre entre la conservation et l’exploitation rationnelle des ressources naturelles »
Le Premier ministre Aminata Touré a réaffirmé, hier, l’engagement du Sénégal à trouver un équilibre entre la préservation des ressources naturelles et leur utilisation rationnelle et durable. Elle présidait l’ouverture du septième forum du Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine (Prcm) qui regroupe plus de 400 participants de 7 pays ouest-africains à Dakar.
Le gouvernement du Sénégal inscrit son action dans une politique de développement économique et social qui essaie de trouver le juste milieu entre l’utilisation durable des ressources naturelles et l’exploitation rationnelle des ressources minières, y compris gazières et pétrolières.
Selon le Premier ministre, c’est tout le sens qu’il faut donner à la mise en place d’institutions et à l’adoption de textes de loi encadrant les activités de recherche, d’exploitation, de transport, d’importation et d’exportation des ressources naturelles et leurs dérivés. Il s’agit notamment des Codes de l’environnement, minier et forestier. Malgré cette batterie de mesures, Aminata Touré est convaincue que des insuffisances subsistent. Elles sont liées à l’application des textes, aux conflits de compétence et aux lenteurs dans le fonctionnement des institutions. Le chef du gouvernement s’est aussi félicité de l’action du Partenariat régional pour la conservation de la zone côtière et marine (Prcm) qui, à côté d’institutions comme la Commission sous-régionale des pêches, contribue au renforcement de la coopération régionale dans le cadre de la gestion partagée des ressources naturelles du littoral.
Mme Touré a également profité de cette tribune pour inviter la jeunesse à s’engager dans la conservation. Un choix « pertinent », car la moitié de la population de la sous-région a moins de 18 ans. Elle estime, en outre, que « l’eau, l’air, les sols, la faune et la flore sont un patrimoine de l’humanité et ils doivent être légués aux générations futures. C’est toute l’importance de l’éducation et de la communication environnementales ». Les participants au forum sont unanimes à reconnaître qu’éduquer pour la conservation des ressources du littoral, c’est faire un pari gagnant pour l’avenir (celui d’un environnement côtier et marin sain) et pour le bien-être des populations ouest-africaines. Ainsi, le Prcm permettra de protéger et d’enrichir les côtes ouest-africaines.Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Mor Ngom, a, de son côté, annoncé que les 194 pays des Nations unies ont décidé de mettre en place des fonds verts. A ce jour, il n’existe que le Fonds mondial pour l’environnement (Fem).
Le gouvernement compte sur la relance de la pêche pour réduire la pauvreté
Une récente évaluation du niveau d’atteinte de l’Omd 1 renseigne que la pauvreté au Sénégal est encore estimée à 46,7 % au moment où les Nations unies tiennent à faire ramener ce niveau à 30 % à l’horizon 2015. « Si nous voulons réduire ce gap, nous devrons forcément investir dans les secteurs porteurs, la pêche principalement », a dit le Premier ministre. Pour atteindre de tels objectifs, l’urgence réside, selon les experts, dans la préservation de la base des ressources naturelles, la réduction de la pression exercée sur ces dernières, le renforcement des capacités de suivi et une meilleure organisation des filières de transformation, de transport et de commercialisation des produits de pêche.
Le projet de loi sur le littoral bientôt examiné par les parlementaires
Se prononçant sur la loi sur le littoral qui devrait être bientôt examinée par l’Assemblée nationale, le Premier ministre Aminata Touré a estimé qu’il faut retenir la volonté politique de protéger le littoral, parce que ce n’est pas le cas dans plusieurs autres pays. « La préservation du littoral est un enjeu majeur pour le Sénégal. Un petit tour à Saly Portudal permet de constater qu’il n’y a presque plus de plages. Il faut bien arrêter cette dégradation continue, sinon on risque d’avoir la mer jusqu’au Ferlo », a analysé Mme Touré. Pour ce faire, il faut une loi. Il s’agit de trouver une bonne cohabitation entre les activités économiques, la protection de l’environnement et le bien-être des populations.
Cette loi sur le littoral est en train d’être préparée sur la base d’un processus inclusif et dans l’intérêt de tous. Il faut être réaliste, a renchéri le chef du gouvernement, pour qui la mer est une source de richesse qu’il faut préserver. Il faut également du tourisme et la protection des aires marines. La mise en cohérence se fera dans le libellé de la loi et l’autorité a vivement salué la présence, à Dakar, des ministres de l’Environnement de la Gambie, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau, de la Guinée et de la Sierra-Leone. Par ailleurs, notre pays est disposé à ratifier tous les textes considérés comme essentiels à la mise en cohérence des politiques de conservation des ressources côtières et marines.
Le Sénégal fait face à l’érosion côtière et au pillage des ressources halieutiques. Une lutte menée dans le strict respect des stratégies sous-régionales mises en place, d’accord parties.
Les objectifs de conservation sont réalisables, selon les bailleurs de fonds
Plusieurs bailleurs de fonds (Fiba, Ambassade des Pays-Bas, fondation Mava) assistent, depuis hier, aux travaux du 7ème forum du Prcm. Son excellence Pieter Jan Kleiweg de Zwaan, ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, a annoncé que, depuis 2004, son pays a injecté 6 milliards de FCfa (environ 16 millions d’euros) pour soutenir le Prcm. Une contribution non négligeable, même si les Néerlandais ont décidé d’arrêter cette coopération dans le domaine environnemental en mars 2014. « Il faut agir vite en repensant le modèle de développement, car les ressources s’amenuisent, les sols se dégradent et les espèces disparaissent », a averti la présidente du Comité de pilotage du Prcm, Sylvie Goyet.