La France n’a aucun droit de véto sur le franc de la Communauté financière africaine (FCFA), une monnaie commune à 15 Etats africains, a déclaré mardi à Ziguinchor le directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BECEAO) Ahmadou Al Amine Lô.
’’La Banque centrale est certes en partenariat avec la France qui vient à nos côtés, mais elle n’a aucun droit de véto sur le Franc CFA contrairement à ce qui est souvent affirmé dans la presse et sur les réseaux sociaux’’, a notamment dit M. Lô.
Il participait à une rencontre de lancement et de sensibilisation sur le Dispositif de soutien au financement des Petites et moyennes entreprises et Petites et moyennes industries (PME/PMI) en présence du ministre du Commerce, Alioune Sarr, du gouverneur de Ziguinchor, Guédj Diouf, des responsables d’établissements financiers et plusieurs opérateurs de la région de Ziguinchor.
’’La France a un représentant au sein du Conseil d’administration de la BCEAO comme les autres Etats. Elle est partie prenante à cette monnaie en garantissant sa convertibilité, elle nous permet aussi à chaque fois que nous sommes sur les marchés extérieurs de pouvoir emprunter. Elle nous permet aussi de pouvoir importer et de rendre cette monnaie stable’’, a expliqué le directeur de BECEAO pour le Sénégal.
’’Nous avons des partenariats avec tout le monde dans des domaines comme la sécurité, l’éducation et autres. Dans le domaine de la monnaie aussi ce partenariat était nécessaire. En 1975, la Banque centrale a été totalement africanisée avec le transfèrement du siège à Dakar avec un personnel africain. On n’aurait pu comprendre ce débat en 1973’’, a-t-il rappelé.
Par le biais d’un partenariat avec la France, le Franc Cfa, monnaie commune des pays de l’Union économique et monétaire et Ouest- africaine (UEMOA) ainsi que de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), est arrimé à l’Euro, la monnaie européenne, suivant un taux de change fixe.
Face aux critiques dont le franc CFA est l’objet, Ahmadou Al Amine Lô a listé les avantages de cette monaie.
’’Nos chefs d’Etat voulaient une monnaie qui les insère à l’économie internationale. Ils ont préféré garder cette monnaie qui leur garantit une assurance tout risque qui nous permet en cas de manque de réserve de change de pouvoir bénéficier l’accompagnement d’un partenaire’’, a-t-il argué.
Il considère le FCFA comme l’une des ‘’meilleures monnaies africaines en dehors de la monnaie marocaine’’ (Dirham). ‘’Le CFA a une réserve de valeur qui nous permet de pouvoir garder la même valeur monétaire d’une année à une autre contrairement à plusieurs pays où dans la journée les valeurs monétaires peuvent changer d’une heure à l’autre’’, a fait remarquer M. Lô.
’’Le franc CFA est une monnaie qui nous garantit une stabilité. Nous sommes un pays qui n’a jamais connu de l’inflation, excepté la période d’après dévaluation. Tout ce qui est dit dans les réseaux sociaux est faux. Il faut que l’on sache raison garder et d’y aller dans les débats sans émotion’’, a encore souligné le directeur national de la BECEAO.
Réagissant aux propos du vice-Premier ministre du Conseil italien, Luigi Di Maio, qui a accusé récemment la France d’appauvrir l’Afrique en maintenant la colonisation à travers le franc CFA, Ahmadou Al Amine Lô a fait part de son étonnement.
’’Ce qui est paradoxal, est comment nous africains nous pouvons apporter du crédit à une parole de quelqu’un qui se réclame de l’idéologie d’extrême droite. C’est trop bizarre que quelqu’un qui se réclame ouvertement xénophobe et anti-émigré nous dise qu’il va défendre les intérêts africains devant le partenaire français’’, a fustigé Ahmaou Al Amin Lô.