Moustapha Guèye dit Petit Guèye a été, ce samedi, l’invité de l’émission Grand Oral. Devant Fatou Thiam Ngom sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, le maire de Sokone est longuement revenu sur les prochaines élections du 24 février. Morceaux choisis.
Situation politique du pays
Il faut se désoler de la situation de tension que nous sommes en train de vivre. Bien entendu, je suis alerté parce que le Sénégal est connu comme étant un pays de paix, un précurseur de la démocratie. Et lorsqu’il y a une absence quasi-totale de consensus et que cela commence à s’exprimer par de la violence, ça pose problème à tout le monde et les conséquences peuvent être imprévisibles. Les camps qui s’opposent politiquement se braquent et personne n’écoute plus personne, personne ne parle plus à personne. J’ai vu que le siège de Pastef a été saccagé et je viens de voir aussi que le siège de l’Apr à Louga a été brûlé. Cela est tout à fait inquiétant. Par ailleurs, je crois que l’absence de consensus est un des problèmes du bilan du Président Macky Sall. Au Sénégal, il n’y a presque aucun consensus sur rien du tout. Il n’y a pas de consensus dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice et il n’y a eu aucun consensus sur aucune étape du processus électoral. Dans tous les pays qui ont connu la violence, à la base il y a une absence de consensus. Quoi qu’on dise, le Président de la République est le maître du jeu, c’est le pouvoir qui doit se charger du consensus parce que l’absence de consensus est même contreproductive. Moi, je reste convaincu que s’il n’y a pas de consensus, s’il n’y a pas de paix sociale, même le bilan du Président risque d’être inaudible. Car, tout le monde sera dépité, plus ou moins préoccupé à se sauver à préserver sa famille, son intégrité. Ainsi, risque-t-il d’avoir un tir groupé contre les tenants du pouvoir.
Liste des 5 candidats publiés par le conseil constitutionnel
Moi la liste des 5 candidats me convient parce que c’est gérable pour une élection. Je suis également d’accord avec tous ceux qui disent que c’est mal fait. La manière d’y arriver n’était pas la meilleure manière. C’est dommage que le pouvoir en place n’ait pas été très regardant sur la gestion de la perception des Sénégalais. La perception que nous avons tous, et c’est la perception la mieux partagée, c’est qu’il y a eu manipulation. Et le parrainage, même si nous disons que ça a accouché de 5 candidats, ça été mal fait. Ça a été fait pour éliminer des candidats, d’autant qu’il y a eu des ténors qui ont été éliminés. C’est encore le même problème avec la justice. Le cas de Khalifa Ababacar Sall, c’est vraiment un cas qui fait mal à tout le monde. Il faut le dire, tous les intellectuels, tous les gens qui ont la tête sur les épaules dans ce pays, ont la perception que le cas de Khalifa Ababacar Sall a été manipulé. Malheureusement, cette perception se cristallise que le Président Macky Sall voulait simplement l’éviter comme candidat. C’est une perception d’injustice, de destruction,… C’est aussi la même chose pour le cas de Karim Wade. Je crois que l’absence de consensus et la mauvaise perception de la justice, la perception de la manipulation du parrainage, la perception que le Président veut éliminer certains, tout cela c’est un mauvais point pour le Président sortant. Tout cela ne facilite pas la paix. Pis, ça peut laisser augurer des lendemains de tension pour les prochaines élections. En plus, il y a un problème sécuritaire au Sénégal. Depuis quelques semaines, je ne viens plus à Dakar, mais j’ai vu des gendarmes un peu partout. C’est comme si Dakar est en état de siège. Le fait de voir les forces de sécurité dans la rue et le fait qu’on agresse les gens dans leurs espaces privés, ça rajoute au climat d’ensemble de malaise. Je crois qu’il y a un malaise partagé par les Sénégalais à l’approche des élections.
Ce que vous attendez des futurs dirigeants après les élections du 24 février prochain
Moi je suis d’abord un citoyen sénégalais, donc j’aspire à la paix et au progrès et je fais partie d’un mouvement citoyen. Nous voulons un pouvoir qui s’occupe des problèmes des Sénégalais à la base. Ces problèmes sont des problèmes liés à l’accès des services sociaux de base. Quand je parle des services sociaux de base, c’est tout ce qui peut contribuer à améliorer les conditions de vie des Sénégalais. Ce que nous attendons des futurs gouvernants, c’est qu’ils puissent s’occuper à l’universalisation des services sociaux de base. Ça, c’est un problème depuis 1960. Dans certains villages, ceux qui cherchent le pouvoir viennent les voir avant de leur promettre beaucoup de choses, ils sont très sensibles à nos conditions de vie avant d’être élus. Mais lorsqu’ils sont élus, ils sont complètement déconnectés de la vie quotidienne des enfants des terroirs. Ils doivent également s’occuper de l’accès à l’emploi. Ce, en investissant sur les opportunités naturelles. Nous avons de la mangue et de l’anacarde à Sokone et nous demandons à l’Etat de créer des usines pour leur exploitation. Il faut qu’il appuie aussi le secteur privé pour qu’il vienne investir dans les régions. Nous voulons une dotation spéciale d’un milliard par année pendant 5 ans pour l’exploitation des ressources naturelles.