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Au Sénégal, les citoyens comptent sur le poids des religieux pour une présidentielle apaisée
Publié le vendredi 18 janvier 2019  |  La Croix Africa
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© Présidence par DR
Visite de courtoisie de Macky Sall à Touba
Touba, le 4 novembre 2017 - Le président de a République Macky Sall a effectué une visite de courtoisie du Chef de l`Etat à Touba à la veille du grand Magal 2017. Il a été accueilli par les autorités religieuses et par les populations.
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À la veille de l’élection présidentielle du 24 février au Sénégal, des tensions se font sentir avec l’invalidation, par le Conseil constitutionnel, de certaines candidatures.
Dans ce pays composé de 90 % de musulmans et de 5 % de catholiques, de nombreux citoyens comptent sur les religieux pour des élections apaisées.
Le Sénégal organise, conformément à son agenda républicain, son élection présidentielle le 24 février 2019.

Pour de nombreux Sénégalais, les hommes religieux peuvent peser sur le vote. « Je pense, qu’avec leur influence, les religieux peuvent peser sur le vote car, ils sont écoutés et respectés », note Abdoulaye Ndiaye, un musulman de Dakar. Pour lui, « en hommes de Dieu », les guides religieux sont capables d’orienter le vote dans le bon sens, pour apaiser le pays.

« Les religieux, régulateurs de la vie sociale, peuvent faire respecter le choix des électeurs. Mieux, s’ils appellent les citoyens à sortir massivement pour voter, ils répondront », renchérit Yves-Roland Badji, un catholique. Elisa Claire Mbengue, une autre catholique, relève que c’est pour cette raison qu’elle a salué la décision de l’Église sénégalaise d’envoyer, pour la prochaine élection présidentielle, des observateurs, à travers le territoire national. À ses yeux, ce geste est aussi une invitation à aller voter. « Avec le poids moral des religieux, il y a plus d’espoir », estime Pathé Mbodji, journaliste et sociologue sénégalais. « Celui qui gère un individu dans sa vie spirituelle a plus d’influence sur lui que ceux qui ne gèrent que ses papiers administratifs », ajoute-il.

Parrainage et tension politique

Ce scrutin se présente dans un climat de tension entre les acteurs politiques, depuis l’adoption de la loi sur le parrainage. Celle-ci a été adoptée en avril 2018 malgré des marches de protestation de l’opposition et des mouvements civils. Pour eux, le seul but de cette loi est d’écarter certaines candidatures « gênantes ». Aussi bien l’Église catholique que le mouvement des imams avaient alors appelé le président Macky Sall à reporter le vote du projet de loi pour organiser un dialogue national, mais sans succès.

Cette nouvelle loi oblige les candidats à obtenir le parrainage d’au moins 1 % de l’électorat, soit 65 000 signatures pour prétendre au fauteuil présidentiel. Sur 27 dossiers de parrainage présentés depuis mi-décembre, 22 ont été rejetés par le Conseil constitutionnel dont deux invalidés pour des motifs judiciaires. Il s’agit de celui Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et de celui de Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, tous deux en délicatesse avec la justice sénégalaise. Ces deux dernières invalidations suscitent l’insatisfaction de nombreux Sénégalais qui y lisent une volonté du président Macky Sall d’éliminer de la course tous les candidats « gênants ».

Sur le même engagement

Les religieux ont déjà commencé à lancer des appels à l’apaisement. Samedi 12 janvier, le calife général de la confrérie musulmane soufie des Tidianes s’est prêté à l’exercice. « Si personne ne se bat, il n’y aura pas de violence. Chacun est libre d’exercer son droit d’électeur. Le jour du scrutin, que chaque citoyen rentre chez lui après avoir voté. Personne ne peut obtenir ce qu’il veut s’il n’y a pas la paix dans son cœur », a prêché Serigne Mbaye Sy Mansour au cours d’une cérémonie religieuse.

Le mouvement musulman Jamatu ibadourahmane, dans le même sens, a invité les guides religieux à « sensibiliser » les hommes politiques et les populations pour « une élection présidentielle apaisée ». Pour sa part, l’Église sénégalaise n’a cessé de monter au créneau pour dissiper la tension politique. Le 24 décembre dernier, dans son homélie de la veillée de Noël, Mgr Benjamin Ndiaye appelait à l’apaisement. « La présidentielle doit montrer la maturité du peuple sénégalais et sa capacité de vivre des élections paisibles, transparentes et démocratiques. Il appartient donc à chacun d’assumer sa responsabilité citoyenne pour préserver le bien commun qui nous appartient à nous tous, une nation pacifiée où les citoyens sont capables de débattre, en paix », a-t-il affirmé.

Charles Senghor (à Dakar)
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