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Démocratie: Les leçons du Pr Kader Boye
Publié le jeudi 17 janvier 2019  |  Walf Fadjri L’Aurore
Rencontre
© aDakar.com par SB
Rencontre entre l`opposition et la société civile
Vendredi 28 septembre 2018. Dakar. Des acteurs de la société civile ont rencontré des membres de l`opposition sénégalaise pour échanger sur le fichier électoral en direction de l`élection présidentielle de 2019.
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Le professeur de Droit, Kader Boye estime que le système démocratique sénégalais mérite d’être repensé. A l’en croire, on donne trop de pouvoir au président de la République qui a la main mise sur les corps de contrôle de l’Etat. La justice en a pris aussi pour son grade.

On peut dire que c’est un cours magistral que le professeur Kader Boye a livré hier à l’endroit du pouvoir en place. Parce qu’en face de lui, il avait entre autres, ses anciens étudiants. On peut citer, l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum, le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé et Me Aissata Tall Sall. Hier, le professeur de Droit, Kader Boye qui était chargé, d’introduire le débat, «construction d’une démocratie post électorale : La réforme des institutions comme condition de possibilité du renforcement de la république, de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits humains», a explique ce qui ne marche pas pour la démocratie sénégalaise. Il a d’abord décrié le pouvoir hypertrophié du président de la République qui, à son avis, favorise une politique sociale inéquitable. D’après lui, on doit dégraisser ces pouvoirs aux attributs de monarque en cassant le régime hyper présidentialisme. «Lorsque dans un système, le président de la République a une majorité à l’Assemblée nationale, dans lequel système, tous les magistrats sont nommés par l’Exécutif, ce système est générateur d’une gouvernance autoritaire et de dérives de toutes sortes. Ce système doit connaitre un contre pouvoir», indique-t-il. Et d’affirmer que sur le plan constitutionnel, la réduction ou l’encadrement juridique de certains pouvoirs du président de la République sont enviables et possibles. Ce, dit-il, sans pour autant qu’on aboutisse à l’instauration d’un régime parlementaire. «Il s’agit ni plus ni moins que de mettre fin à ce phénomène du président omnipotent. Il s’agit également de tarir des sources financières et alimentant le clientélisme politique qui sont sous la maitrise du président de la République. On pense ainsi entre autres aux comptes spéciaux à l’image de la caisse noire qu’on doit plafonner et en déterminer les mécanismes de fonctionnement», soutient Pr Boye. Qui souligne que cette omnipotence du président de la République dans le système politico-intentionnel sénégalais se manifeste par son rôle prépondérant de chef de parti dominant et sur l’administration. Ainsi, pour ce qui est de la réforme de l’administration, Kader Boye préconise une interdiction formelle dans les textes de tout militantisme des fonctionnaires et des dirigeants des sociétés et agences publiques et parapubliques. C’est pourquoi, il affirme que l’une des mesures salutaires, sera de détacher de la présidence de la République toutes les institutions qui n’y ont pas leur place. A l’en croire, il est temps que les corps de contrôles soient détachés et soient autonomisés pour retrouver leur liberté.

Pour ce qui est des libertés, il a noté des violations sérieuses faites par le régime actuel. «L’état où se trouvent notre démocratie, notre justice et les garanties effectives, cette situation mérite non seulement réflexion, mais aussi des solutions adéquates à court terme. L’Etat de droit n’est pas le droit de l’Etat que les citoyens sont tenus de respecter, c’est encore et surtout la soumission de la puissance publique à l’Etat de droit. C’est la soumission aux règles constitutionnelles et surtout aux règles des principes issus du droit international conventionnel auquel adhère l’Etat. C’est une obligation», rappelle Pr. Boye. Qui estime qu’il urge maintenant de réorganiser la démocratie sénégalaise.

Sur un autre registre, il affirme que la justice qui joue un rôle fondamental dans la démocratie a «un malaise». «Il faut se l’avouer, il existe un malaise dans la justice sénégalaise et il existe en dehors de la justice sénégalaise, une méfiance des citoyens vis-à-vis de cette justice», affirme-t-il.

Mamadou GACKO
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