Un plan de sauvegarde d’urgence d’un montant global de 20 milliards de francs Cfa va être échelonné pour reprendre au ‘’plus vite’’ les activités de Dakar-Bamako ferroviaire (Dbf). Celui-ci semble être le fondement de la relance de cette entreprise qui traverse des moments difficiles.
Au moment où le président de la République, Macky Sall, s’apprêtait à réceptionner le premier trajet des chantiers du Train express régional (Ter), se déroulait, à Thiès, une visite des ateliers de la ligne ferroviaire Dakar - Bamako. Celle-ci a vu la participation de l’ambassade de France au Sénégal, Christophe Bigot, du ministre français en charge de la Coopération et de Développement, Jean-Baptiste Lemoine, de l’administrateur général de Dbf et de son équipe. Objectif : discuter de la relance des activités de l’entreprise bi-étatique et montrer à leurs hôtes tout ce qui s’y fait en substance. Pour y arriver, un plan de sauvegarde d’urgence de l’ordre de 20 milliards de francs Cfa a été concocté. Sauf que dans les ateliers, tout ou presque est au ralenti.
Sur les 14 locomotives, seules deux sont fonctionnelles. Il s’agit de la 2205 et de la 2207 qui se trouvent toutes les deux au Mali et mises en service pour le transport de voyageurs et marchandises. Même la 2207, qui appartient à l’État du Sénégal, nous confie ce technique supérieur spécialisé en mécanique. Les 12 autres sont en panne. Au Sénégal, seules deux locomotives de manœuvre (la 1202 et la 1702) sont mises en circulation pour le transport de marchandises. Dans ce contexte de relance, les autorités de la boîte se doivent de mettre la main à la poche. Puisqu’une seule locomotive leur coûterait 1 milliard 850 millions de francs Cfa.
Cependant, pour l’administrateur général qui dit faire de la relance des activités de Dbf son principal challenge, tout est possible. ‘’Depuis deux mois, nous sommes engagés dans une œuvre de relance des activités de la ligne Dakar-Bamako ferroviaire. La présente ligne est un outil de désenclavement pour de nombreux territoires qui traversent les deux pays. Notre défi à nous, c’est d’abord de relancer les activités à travers le confortement de la voie, c’est-à-dire reprendre les tronçons défectueux et se munir de locomotives et faire l’option du contrat de location pour pouvoir reprendre les activités à travers le plan de sauvegarde d’urgence qui est de l’ordre de 20 milliards. Qui peut le plus, peut le moins. Si nous ne parvenons pas à structurer un financement de 20 milliards de francs Cfa, ça me parait difficile de nous engager dans la structuration d’un investissement de 500 milliards de francs Cfa’’, poursuit Kibily Touré, se réjouissant, par la même occasion, du fait que Dbf est un symbole ‘’d’intégration économique’’, à l’image de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
De son côté, le ministre français en charge de la Coopération et du Développement international a dit tout l’intérêt de son pays à soutenir la politique ferroviaire développée par le régime du président Sall. A ses yeux, la ligne ferroviaire qui relie Dakar à Bamako est ‘’fondamentale et est considérée comme un poumon’’. ‘’Il convient de mettre en œuvre le plan de sauvegarde d’urgence, de redonner vie à ce rail. Ce chantier de l’administrateur général a un impact démultiplié sur l’environnement local et sur les populations. Déjà, ça évitera la circulation de camions générant parfois des accidents et la pollution. Et puis, un linéaire comme celui-là, ce sont aussi les gares qui peuvent être au cœur d’une activité économique et commerciale’’, indique Jean-Baptiste Lemoine.
Le Ter et le Dbf, ‘’deux logiques différentes’’
L’inauguration du Ter signe-t-elle la mort du chemin de fer ? En tout cas, pour bon nombre de cheminots sénégalais, c’est quasi effectif et que tout semble tourner en leur défaveur. Par contre, l’administrateur général de Dakar-Bamako n’analyse pas la situation de la même manière. Selon Kibily Touré, les deux projets ont été conçus pour des trafics et objectifs différents. ‘’Beaucoup ont la manie de faire l’amalgame entre le Ter et la ligne Dakar-Bamako ferroviaire. Je vous rappelle qu’il ne peut y avoir de nouvelle ville à Diamniadio, si nous n’avons pas d’outil pour organiser la mobilité des personnes qui doivent se rendre à Diamniadio. Le Dakar-Bamako ferroviaire, sa vocation première, déjà il y a 96 ans, c’est le transport de marchandises (arachide et coton). Ça n’a jamais été le transport de voyageurs. Ce sont deux logiques totalement différentes. Le Ter, c’est 46 ou 47 km et c’est pour les voyageurs, et le Dbf, c’est pour les marchandises’’, soutient le successeur de Joseph Gabriel Sambou. Et pour le ministre français, le Ter ‘’est le présent et l’actualité du chemin de fer’’.