Le Conseil des ministres délocalisé se tient demain à Kédougou. Il sera précédé, aujourd’hui, par un conseil interministériel. Dans le document produit par le Conseil régional, les besoins de la région sont estimés à plus de 192 milliards de FCfa.
Pour mettre son économie sur la voie de l’émergence, la région de Kédougou attend de l’Etat des investissements estimés à plus de 192 milliards de FCfa. Cette requête est contenue dans un document qui sera présenté ce mercredi, lors d’un Conseil interministériel qui précède le conseil des ministres délocalisé qui se tient, ce jeudi, dans cette partie du Sénégal. « Si l’Etat arrive à réaliser des investissements de cet ordre, la région de Kédougou sera sur la voie de l’émergence », a déclaré Mamadou Macalou, le président du Conseil régional.
Ce montant va permettre la réalisation d’infrastructures routières pour désenclaver les différentes parties de la région. Il s’agit notamment de la construction des routes Kédougou-Fongolemby et Kédougou-Salémata. Les acteurs à la base demandent également à l’Etat de construire des pistes de production pour permettre le transport des populations et des spéculations. La région de Kédougou veut des investissements dans les secteurs productifs pour accroître la richesse locale, mais aussi le renforcement de la gouvernance locale à travers la construction d’infrastructures pour abriter les services déconcentrés et des collectivités locales. Elle veut aussi le renforcement des mesures sécuritaires pour mettre fin aux braquages et aux agressions.
Située à l’Est du Sénégal, la région de Kédougou a une superficie de plus de 16.000 km2. Elle compte plus de 150.000 habitants. Cette région a deux vocations essentielles sur le plan économique : l’exploitation minière et l’agriculture. Selon le président du Conseil régional, la vocation minière est matérialisée par l’existence de plusieurs ressources minières dont l’inventaire n’est pas achevé, parce que les explorations sont en cours. « De nos jours, on peut retenir l’existence d’un gisement très important de marbre à Ibel, à 15 km de Kédougou ainsi qu’à Salémata. Il y a aussi du granite un peu partout. Il y a un grand gisement de fer dans le département de Saraya. Il y a de l’or un peu partout », souligne le président du Conseil régional. Selon le président du Conseil régional, la plupart des ressources minières ne sont pas encore exploitées. « C’est pourquoi, la région demande à l’Etat d’accélérer l’exploitation de ces ressources pour qu’elles profitent à l’économie nationale et relèvent le niveau de vie des populations », lance le président du Conseil régional. « L’exploitation du gisement de fer va requérir la construction d’un chemin de fer. Cette construction va créer des emplois et favoriser le transport des produits, des hommes et des marchandises », a dit le président. Le président du Conseil régional souligne l’existence d’autres indices de richesses naturelles qui font l’objet d’exploration.
S’agissant de la vocation agricole, les acteurs à la base soulignent que Kédougou a un sol très riche. « La richesse du sol vient de son couvert végétal assez dense. Ce qui provoque naturellement la formation de matières organiques favorables au développement de l’agriculture. C’est aussi une région qui a une pluviométrie forte », fait remarquer Me Macalou.
Malgré cette vocation agricole avérée, Kédougou n’a pas atteint l’autosuffisance alimentaire. Justifiant ce paradoxe, le président du Conseil régional renseigne que ce sont les mêmes instruments de production agricole utilisés par les ancêtres qui sont encore mobilisés. « Cela ne permet pas de réaliser l’intensification agricole pour accroître la productivité. C’est pourquoi, la population s’approprie la nouvelle politique agricole initiée par le président Macky Sall qui consiste à introduire la mécanisation dans l’agriculture. La région attend plusieurs unités de tracteurs afin d’augmenter les superficies emblavées pour les différentes spéculations agricoles », souligne-t-il.
Le chef de l’Etat attendu à Sabodala
et Kédougou aujourd’hui
Le séjour du président de la République, Macky Sall, dans la région de Kédougou, pour la tenue du conseil des ministres décentralisé, débute aujourd’hui. Le président Sall est attendu à Sabodala vers midi, selon le service de communication de la présidence. Macky Sall visite des sites d’exploitation d’or. Le chef de l’Etat arrive dans la ville de Kédougou vers 18 heures. Les populations ont promis de lui réserver un accueil chaleureux.
M. GUEYE et B. DIONE
L’effervescence gagne la ville
Depuis l’annonce de la venue du président Macky Sall à Kédougou, la municipalité a mobilisé les grands moyens pour rendre la ville attrayante, salubre pour un séjour inoubliable des plus hautes autorités du pays. L’effervescence gagne la ville. Toutefois, les élus locaux, les populations attendent beaucoup du conseil des ministres délocalisé.
A vingt-quatre heures du conseil interministériel et quarante-huit heures du conseil des ministres délocalisé, la ville de Kégoudou s’anime. L’effervescence gagne la ville. Tous les réceptifs hôteliers affichent le plein. Dans la ville, la fièvre monte en même temps que le mercure. Dès les premières heures de la matinée, le soleil darde ses rayons incandescents. Le mercure peut monter jusqu’à quarante degré. « C’est plus que cela », lance un jeune homme. Une chaleur d’étuve enveloppe la ville rendant moins agréable le séjour des visiteurs dont les plus nantis ont investi les réceptifs hôteliers de luxe. Et les fréquentes coupures d’électricité n’arrangent pas les choses.
Malgré la chaleur étouffante, les grandes artères grouillent de monde avec le ballet incessant des véhicules et des motos « Jakarta », le moyen de locomotion le plus utilisé dans la ville. Mais la présence des forces de sécurité qui quadrillent la ville attirent l’attention. Celles-ci sont visibles à chaque coin de rue. Elles régulent la circulation et interdisent les stationnements dans les grandes artères.
La municipalité a mobilisé les grands moyens pour embellir la ville. Les cantines qui encerclaient la mairie et les ordures ont été enlevées. Cette action ponctuelle a soulevé l’ire de ce fonctionnaire. « Cela fait plus d’une année que je suis à Kédougou. Les saletés avaient fini par envahir la municipalité. Voilà qu’on annonce l’arrivée du président de la République pour qu’on débarrasse la ville de toutes ses ordures. Cela n’est pas normale », fulmine-t-il en dénonçant cette opération de « saupoudrage de la municipalité ». Les coupures d’électricité devenues courantes ont fini par exaspérer les populations. Là aussi, les gros moyens ont été mobilisés pour mettre la ville hors délestage. Trois groupes électrogènes sont déjà réceptionnés pour parer à toute éventualité.
Espoir à Kédougou
La venue du président de la République et de l’ensemble du gouvernement suscite beaucoup d’espoirs auprès des populations. Bocar Bâ attend de ce conseil des ministres délocalisé, la fin de la « cantinisation tous azimuts ». « Je dis à bas la cantinisation tous azimuts de Kédougou. Que l’Etat nous aide avec une politique d’urbanisation. On est heureux d’accueillir le président de la République et de lui expliquer nos préoccupations : bitumage des rues, assainissement, hôpital, construction d’un stade », lance-t-il. Mayoro Dia mareyeur insiste sur l’emploi des jeunes et les autres préoccupations sociales. Les élus locaux attendent aussi beaucoup du conseil des ministres délocalisé. Kédougou a été érigée en région en 2008 en même temps que Sédhiou, Kaffrine par décret présidentiel. Mais c’est une région assez vaste avec plus de 16.000 kilomètres carrés (deux fois plus grand que la région de Thiès) aux énormes potentialités surtout minières et agricoles. Le sous-sol est riche en or, en marbre, en granite, en fer, etc. « La plupart de ces ressources ne sont pas encore exploitées et la région demande à l’Etat d’accélérer l’exploitation de ces richesses pour qu’elle profite à l’économie nationale et au relèvement du niveau de vie des populations de la région de Kédougou de façon particulière », déclare Mamadou Makalou, le président du Conseil régional. Toutefois, il souligne que l’exploitation industrielle de l’or a commencé mais elle ne profite pas assez aux populations.
C’est aussi une région à vocation agricole. Le sol est riche grâce à l’abondance du couvert végétal. La pluviométrie est abondante avec 1.600 mm de pluie en moyenne par an. Malgré cette vocation agricole avérée, l’autosuffisance alimentaire locale n’a pas jusqu’ici était atteinte. Les paysans continuent d’utiliser les mêmes instruments agricoles que ceux de leurs ancêtres, c’est-à-dire la daba. La région se caractérise par un enclavement interne qui freine son développement. Pendant l’hivernage, presque toutes les parties de la région sont coupées, les unes des autres, à cause des cours d’eau, de l’absence de routes, de pistes et de ponts. « A partir du mois de juin, si quelqu’un tombe malade ou s’il est accidenté, il est condamné à mort », déclare Mamadou Makalou. La région souffre aussi d’un manque criant d’infrastructures administratives. Il n’y a ni une gouvernance, ni conseil régional. « Il n’y a rien. La préfecture a été brûlée depuis 2008, elle n’a pas été rénovée jusqu’à présent », déplore-t-il. Kédougou ne dispose pas d’un palais de justice régional. Le conseil interministériel d’aujourd’hui et le conseil des ministres de demain permettra aux élus locaux, aux populations et acteurs locaux de développement d’exposer leurs doléances et aux autorités d’annoncer d’importantes mesures pour permettre à cette région de se hisser au rang des autres capitales régionales du pays et de jouer pleinement son rôle dans le développement du Sénégal.
Mamadou Macalou, président du conseil régional : « La région souffre d’un enclavement interne extrêmement important »
« Nous attendons plus de considération pour notre région qui a d’énormes potentialités, mais qui est dépourvue d’infrastructures. Nous voulons que l’Etat mettent fin à l’enclavement des localités de l’intérieur de la région », déclare Mamadou Macalou, le président du Conseil régional. « La région souffre d’un enclavement interne extrêmement important qui freine le développement », a ajouté Me Macalou qui dit adhérer à la politique d’infrastructure du président, Macky Sall.
Pour le président, Kédougou est une localité particulièrement importante qui constitue l’avenir du Sénégal. C’est pour cette raison que l’Etat doit renforcer les infrastructures de la région, prendre des mesures contre l’insécurité et la dégradation de l’environnement. L’Etat doit aussi faire en sorte que les populations bénéficient des retombées de l’exploitation minière.
Tama Bindia, adjoint au maire de kédougou : « Les populations attendent la prise en compte de leurs préoccupations »
L’adjoint au maire de Kédougou, Tama Bindia souligne que la tenue du conseil des ministres décentralisé suscite un immense espoir chez les populations de l’Est du Sénégal. C’est ce qui explique, selon lui, l’effervescence notée dans la ville de Kédoudou. « La population de Kédougou adhère à la tenue du conseil des ministres décentralisé. Les populations n’y croyaient même pas », a dit l’adjoint M. Bindia.
Selon l’adjoint au maire, la mobilisation est de mise pour embellir la ville. « Depuis deux jours, nous y sommes. Nous avons eu l’appui du programme national de gestion des déchets. Toutes les artères sont occupées. Toutes les populations sont sorties pour nettoyer la ville », fait-il remarquer. « Du point de vue de la mobilisation, nous sommes debout. Les populations vont réserver un accueil chaleureux au président de la République », ajoute M. Bindia qui dit espérer que les ministres prennent en charge les préoccupations des Kédovins.