Le directeur national de la BCEAO, Ahmadou Al Aminou Lô, a invité vendredi les pouvoirs publics à appuyer les petites et moyennes entreprises (PME), pour leur permettre d’obtenir des garanties bancaires afin de pouvoir disposer des crédits leur permettant de financer leurs investissements.
Il a indiqué que "les banques ont peur de ne pas se faire rembourser, et surtout, rejettent les dossiers" de crédits des entreprises "par manque de garantie".
S’exprimant au cours d’une table-ronde organisée par l’Agence d’encadrement et de développement des petites et moyennes entreprises (ADEPME), à l’occasion de la deuxième édition du forum des PME sénégalaises, il a indiqué que "pour près de 50% de raisons d’un rejet de demande de crédits par une PME-PMI", les banques invoquent un problème de confiance.
Il a suggéré aux pouvoirs publics d’aller "vers un appui de ce secteur", estimant "la PME doit avoir une stratégie claire d’orientation de son activité pour gérer les risques de son financement".
"Nous estimons qu’il faut démarrer par l’outil statistique, l’accompagnement, en espérant qu’avec l’engagement des autorités politiques, nous arriverons à casser ces défis et arriver à des résultats probants", a-t-il poursuivi.
Selon lui, cette rencontre axée sur le thème "Gestion des risques et financement massif des PME", a permis de faire des propositions et lever les principaux obstacles.
"Il faut aider les banques, la microfinances à vouloir financer la PME. Pour cela, il faut lever des contraintes qui ont été identifiées par la Banque centrale dans le cadre du financement des PME", a-t-il conseillé.
Il a déclaré que les problèmes qui se posent parfois portent sur "un système d’information comptable déficient, un manque de confiance, la gouvernance avec un manque de capacité à conduire l’activité, ou un problème de remboursement des emprunts".
"Une étude publiée récemment par la Banque européenne d’investissement a montré que pour l’ensemble de l’Afrique", le tiers des obstacles tient au fait que "les banques ont peur des arriérés et donc des impayés".
Le deuxième tiers est que les "banques ont peur et surtout rejettent les dossiers, pas défaut de garanties".
Pour lui, il faut arriver à mieux outiller les acteurs des PME, les accompagner par des structures d’appui et d’encadrement qui vont monter des business modèles, des dossiers de crédit, pour ensuite les présenter au niveau des banques. Il a également suggéré d’aider les banques à faire le suivi une fois le crédit octroyé.
"La PME est l’avenir, le relais de croissance pour les banques. Il faut assurer un suivi adéquat des risques et faire des propositions pertinentes : comment susciter l’appétit au risque, aider les banques et d’autres institutions telles que les micro-finances à vouloir financer la petite entreprise", a-t-il affirmé.
Au sujet du taux de rentabilité interne des PME, il a soutenu que celles-ci doivent réfléchir sur les voies et moyens d’avoir un business rentable et non pas penser que le taux d’intérêt bancaire est cher.
"Au Sénégal le taux d’intérêt moyen est d’environ 8%", a-t-il rappelé, soulignant que les efforts consentis par l’Etat du Sénégal montrent que les barrières sont en train d’être levées pour faciliter le climat des affaires.