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Opposition sénégalaise: La politique de l’autruche
Publié le mercredi 9 janvier 2019  |  Enquête Plus
Lancement
© Autre presse par DF
Lancement de la Plateforme Opérationnelle de Sécurisation des Elections(POSE)
Samedi 15 décembre 2018.Dakar- L`opposition sénégalaise a lancé sa Plateforme Opérationnelle de Sécurisation des Elections (POSE). Les candidats déclarés de l`opposition s`engagent à se soutenir mutuellement.
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Eliminés de la course à la présidentielle de 2019, plusieurs opposants au régime du président Macky Sall refusent de voir la réalité en face. Ils persistent dans leur stratégie de contestation et de dénigrement tous azimuts qui, jusque-là, n’a produit aucun résultat significatif.

Pour le parrainage, les dés semblent pipés. Tout le monde s’en rend compte. Sauf peut-être les membres de l’opposition, toujours empêtrés dans des luttes figées qu’ils n’ont aucune chance de remporter, selon nombre d’observateurs. Et pourtant, semblent dire certains comme le professeur de sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint Louis, l’une des clés de 2019 pourrait bien se trouver entre les mains des recalés à l’épreuve du parrainage. De deux choses l’une, explique le professeur Moussa Diaw : soit les candidats malheureux adhérent dans l’un des blocs de l’opposition qui est plurielle, soit ils choisissent de rallier la majorité. ‘’Dans le premier cas, souligne le professeur, ce serait le choix de la cohérence par rapport au discours de changement qu’ils ont toujours tenu. Dans le second cas, ce serait celui de la logique de marchandage pour chercher des prébendes aux côtés du pouvoir’’.

En tout état de cause, analyse le politologue, la reconfiguration de l’espace politique est une réalité imposée par la loi sur le parrainage. Exit certains géants aux pieds d’argile dont les anciens Premiers ministres Hadjibou Soumaré et Abdoul Mbaye, les députés et caciques politiques Aïda Mbodj, Aïssata Tall Sall, Pape Diop… Le peuple du parrainage les ayant préférés à Ousmane Sonko, Issa Sall, Madické Niang, Malick Gakou et Idrissa Seck, même si les trois derniers ne sont pas encore totalement tirés d’affaire (Ndlr : Ils seront édifiés sur leur sort ce mardi 8 janvier). Et il en est de même pour Karim Wade et Khalifa Sall sur qui pèsent d’énormes risques de rejet de leur candidature par le juge des élections.

Le parrainage, des primaires dans l’opposition

Les recalés, pour le moment, ont toujours du mal à digérer leur revers. Abdoul Mbaye, récemment, dans une lettre au Conseil constitutionnel, disait : ‘’Il est de notoriété républicaine d’adresser un courrier de contestation aux sages du Conseil constitutionnel pour leur signifier notre désapprobation. Vu les points de contradiction et d’incohérence qui nous ont été servis et que nous refusons de faire passer pour pertes et profits, nous avons jugé utile d’écrire une lettre de contestation au Conseil constitutionnel.’’ Hier encore, l’ancien Pm a renouvelé sa position et a listé devant la presse ses griefs devant les sept sages.

Comme le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail, la plupart des recalés ont opté pour une stratégie de la radicalisation et du rejet systématique des résultats du parrainage. Récemment, dans le cadre d’une conférence du Front de résistance nationale, ils ont poussé le bouchon plus loin, en invitant même les admissibles (Idrissa Seck, Madické Niang et Malick Gakou) à renoncer à régulariser leurs dossiers. Bien évidemment, l’histoire aura montré qu’aucun des concernés n’a respecté ce mot d’ordre plus ou moins insensé. Hadjibou Soumaré, lui aussi, a écrit une lettre datée du 7 janvier (hier). Une missive qu’il a adressée à plusieurs structures dont le Conseil constitutionnel, la présidence de la République, les Nations Unies, entre autres. Il regrette : ‘’La ruse, la manigance, la tricherie éhontée’’ de la part du pouvoir qui, à l’en croire, n’est pas prêt à une ‘’gestion irréprochable du processus électoral.’’ Quant à Pape Diop et sa coalition, ils ont exigé, hier, à travers un communiqué : ‘’La validation de sa candidature’’ et réitéré leur ‘’engagement ferme à l’élire le 24 février 2019’’.

Une opposition dispersée, une majorité pragmatique

Aïda Mbodj, Boubacar Camara, Pierre Atépa Goudiaby, comme les autres recalés, ne semblent pas dire le contraire. Tous semblent emboucher la trompette de la contestation et tirent à boulets rouges sur le régime, la justice et même parfois la société civile qui n’a pourtant fait que tenter de jouer les bons offices.

Pendant que les recalés ruminent encore leur colère, les admissibles, eux, s’enlisent dans des débats qui, aux yeux de beaucoup de Sénégalais, semblent dépassés. Il s’agit notamment du débat sur le parrainage, le fichier électoral, la nomination d’une personnalité neutre pour l’organisation des élections… Et comme aux législatives, l’opposition continue encore de tâtonner sur les alliances à nouer en vue de la présidentielle de février prochain. Dans l’une de ses récentes allocutions, le président sortant, Macky Sall, n’invitait-il pas les recalés à rejoindre le camp du Pse pour construire le Sénégal.

Toutefois, pour le professeur Moussa Diaw, certains auront du mal à rejoindre la majorité. Il déclare : ‘’Pour être ensemble, renseigne le spécialiste, il faudra dépasser les contradictions crypto-personnelles pour mettre en avant une synthèse entre leurs différentes offres politiques. Au cas contraire, certains risquent d’être attirés par les propositions de la majorité. Celle-ci n’hésitera certainement pas à leur faire des propositions alléchantes pour les attirer dans son camp. Cela dépendra aussi de la personnalité et de la profondeur de l’engagement des uns et des autres’’, estime le professeur.

En tout état de cause, le temps semble fondamental, si l’on en croit le Pr. Diaw. Il déclare : ‘’Il faut que l’opposition sache que le parrainage est derrière nous. Il faut maintenant concevoir un programme commun, en tenant compte des préoccupations de chacune des parties prenantes. Si l’opposition veut réussir son pari, elle doit d’ores et déjà trouver ces plages de convergence, intégrer les offres des recalés et aller auprès des Sénégalais pour les convaincre. La polémique n’a plus de sens.’’

Concernant les cas particuliers de Kalifa Sall et de Karim Wade, le politologue considère qu’il est temps pour leurs formations de se rendre à l’évidence. ‘’Il ne faut pas s’attendre à des miracles, peste-t-il. Pour le cas de Karim, le Pds doit chercher à s’aligner derrière un candidat de l’opposition, si son objectif est d’instaurer un changement. Il ne faudrait pas qu’il s’isole de la dynamique d’ensemble. A mon avis, les dés sont déjà pipés. Il faut se raviser et travailler à la victoire d’une équipe. C’est cela l’essentiel’’. Les options ne manquent pas, si l’on en croit Moussa Diaw : soit les libéraux se mettent derrière des transfuges de leur parti comme Madické Niang, car ils partagent la même vision, mais ils peuvent aussi miser sur le candidat le mieux placé. Dans ce cas, il ne faudrait pas écarter un autre choix. Quant au camp de Khalifa, il met en garde : ‘’Khalifa a toujours des chances de participer, mais dans tous les cas, ce n’est pas favorable d’aller à une élection avec un candidat derrière les barreaux.’’
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