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Moussa Diaw (enseignant-chercheur à l’ugb) : ‘’Le parrainage a permis de savoir qui est qui’’
Publié le mercredi 9 janvier 2019  |  Enquête Plus
Moussa
© Autre presse par DR
Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences Politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis
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Professeur de sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, le professeur Moussa Diaw dresse les gagnants et les perdants du parrainage.



On est au bout du parrainage. Quelles sont les leçons à retenir ?

Le parrainage a donné ses résultats comme filtre. Le premier enseignement est que le résultat final correspond plus ou moins à ce qu’avaient prédit certains membres de la majorité qui disaient que le nombre de candidats ne dépasserait pas 5. Peut-être, on va avoir un peu plus avec ceux qui ont la possibilité de régulariser leurs dossiers. De manière générale, on peut retenir que le parrainage est un filtre qui a permis de distiller les bons candidats, ceux qui ont une certaine légitimité compte tenu de leur notoriété, de l’implantation de leur parti ou au regard de leur discours. Je pense, entre autres, au discours d’Ousmane Sonko qui est un discours de rupture par rapport à ce qu’on avait l’habitude de voir avec les partis politiques traditionnels.

Certes, il y a des contestations, mais les résultats escomptés ont été atteints, dans la mesure où le parrainage a permis l’effet filtre. Et il fallait s’y attendre. Maintenant, comme tout mécanisme, il comporte des limites. Je pense qu’en définitive, ce qu’on peut reprocher au mécanisme, c’est qu’il ait été mis en place de manière unilatérale. Il n’a pas fait l’objet de consensus dès le départ. Si cela avait eu lieu, ces contestations n’auraient pas eu lieu.

Le parrainage a également mis hors course certains que l’on prenait pour des dinosaures, comme Pape Diop, Aïssata Tall Sall, Aïda Mbodj... Quel commentaire en faites-vous ?

Ce sont des personnalités connues de façon médiatique. Et puis, quelquefois, ce sont des gens issus des flancs du Pds simplement parce que le parti libéral n’a plus de chef ou le chef est très loin. Et on n’a pas voulu procéder au renouvellement des instances et prendre des gens légitimes pour diriger la formation. Certains se sont sentis marginalisés, frustrés ; ils ont claqué la porte et créé leur propre parti. Mais ces personnalités doivent se rendre compte que ce n’est pas parce qu’elles ont une bonne présence médiatique qu’elles peuvent participer à la compétition pour la fonction présidentielle. Je parle d’Aïda Mbodj et de ceux qui ont abandonné le Pds par dépit et qui ont créé leur propre voie, de façon isolée. La fonction présidentielle est une fonction très importante. Elle nécessite tout un background. Au Sénégal, c’est dommage qu’il n’y ait pas d’instruments de mesure, de sondage, pour mesurer l’opinion pour savoir qui est qui, que représentent ces personnalités sur l’échiquier politique.

Il y a aussi de fortes personnalités comme les anciens Premiers ministres comme Abdoul Mbaye et Hadjibou Soumaré. A votre avis, qu’est-ce qui leur manque ?

Le problème c’est que, parfois, sur un coup de tête, certains hommes politiques pensent qu’avec une nomination au poste de Pm, toutes les portes de la République leur sont ouvertes. La légitimité c’est bien plus que cela. Quand on crée un parti politique, il faut savoir mobiliser des personnes. Et ce n’est pas parce qu’on a fait de grandes études ou qu’on est intelligent qu’on a forcément une légitimité populaire. La trajectoire dans l’Etat est certes importante, mais il faut, en sus de cela, avoir une bonne dose de formation militante, avoir des relations humaines solides avec les Sénégalais, savoir tenir un discours mobilisateur... Il me semble que ces gens ne remplissent pas ces critères. Ils pensent qu’en étant ancien Premier ministre ou ministre, on peut plonger et se propulser au sommet de l’Etat. Les choses ne se passent pas comme ça. (…) Le parrainage a permis de révéler la réalité, le poids politique de chacun.

A l’opposé, il y a les révélations : Ousmane Sonko et Issa Sall du Pur. Qu’est-ce qui fait leur force, selon vous ?

Pour Ousmane Sonko, c’est quelqu’un qui met en avant son image de jeunesse. Il appartient à la jeune génération, engagée politiquement et il a un discours qui porte auprès de ce maillon important de la population. On ne sait pas ce qu’il représente réellement aujourd’hui, mais ce qui est sûr c’est que, eu égard à l’analyse du débat dans les médias et sur les réseaux sociaux, Sonko est, aujourd’hui, une figure qui incarne la rupture, la jeunesse, une nouvelle élite politique qui émerge… Le tout dans un contexte où il y a une demande de plus en plus pressante de renouvellement de la classe politique.

Quant à Issa Sall, il est adossé, qu’on le veuille ou non, à un mouvement ou confrérie religieuse. Il y a donc des milliers de personnes dans cette confrérie ou mouvement autour d’un idéal. Leur capacité de mobilisation n’est plus à démontrer. Il faut donc compter sur eux. Ils pourraient faire de très bons résultats.

Quid de Bougane Guèye Dany qui, lui aussi, prônait la rupture ? Pourquoi, selon vous, il n’a pu avoir la même réussite ?

C’est vrai que Bougane tient un discours de rupture, mais il a trop mis sa personne en avant. On ne sent pas une dynamique de groupe, d’équipe autour de sa candidature. Il y a, dans sa démarche, une forte personnalisation de son engagement. Ce que j’ai aimé chez lui, c’est sa démarche de proximité ; il lui reste d’avoir une équipe dynamique avec un discours cohérent qui place au centre le changement de paradigme qu’il prône.

M.Amar
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