La partie du discours qui aura surpris plus d’un reste naturellement celle sur l’emploi des jeunes. Alors que le taux de chômage dans le pays est estimé à plus de 61 %, le chef de l’Etat soutient avoir créer 491 000 emplois, hors secteur agricole et hors secteur informel. Des emplois créés depuis 2012, selon le chef de l’Exécutif par l’administration publique et le secteur privé.
Cette révélation faite suite à la sortie de son ministre de la Jeunesse, Pape Gorgui Ndong, qui a parlé de 500 mille emplois générés depuis 2012 par le régime. Pourtant, les vrais chiffres des techniciens viennent démentir ces données aux allures de campagne. Rien que dans une agence en charge de la promotion de l’emploi des jeunes, plus de 40 mille demandeurs sont enregistrés. En plus, dans sa dernière analyse sur l’emploi, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie a relevé que le taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus est à 10,8 %. Pis, une répartition de la population des chômeurs par tranche d’âge montre qu’il affecte plus les jeunes. Car, les taux les plus élevés étant observés chez les jeunes des tranches d’âges 20-24 ans et 25-29 ans, soit respectivement 19,5 % et 17,5 %. Une situation que le chef de l’Etat, Macky Sall ne semble pas prendre en compte dans son discours. «Nous développerons ainsi l’auto-emploi, terreau fertile de l’économie sociale et solidaire, dont les résultats viendront renforcer, pour nos femmes et notre jeunesse, nos importants acquis en matière d’inclusion sociale par l’économique», a-t-il prononcé.
En réalité, en lieu et place d’emplois, cette politique devrait favoriser la création des Petites et moyennes entreprises. Ce qui n’est pas le cas, à cause de l’absence d’une politique de financement de ces entreprises qui constituent 97 % des entreprises du pays. Mieux, le chômage est légèrement plus noté en milieu urbain où 13,8 % de la population active sont au chômage contre 7,6 % en zone rural. De même, elle affecte davantage les femmes (16,5 %) que les hommes (5,9 %). Par ailleurs, les analyses montrent qu’à Dakar, le taux d’emplois se situe à près de 31 % et 27 % dans les autres régions. Et, le niveau d’instruction est relativement important dans les cycles élémentaires soit 29 %, 17 % dans les moyens et 12 % dans les moyens secondaires. En effet, près de 42 % des jeunes demandeurs d’emplois sont dépourvus de toute qualification professionnelle. Une situation qui s’explique par le fait qu’entre l’école élémentaire et l’université plus de 310 000 jeunes abandonnent leur scolarisation.