La section sénégalaise des Préventeurs Sans Frontières a célébré hier la 18ème édition du Mois africain de la prévention. L’occasion a été saisie pour revenir sur la prévention des risques auxquels sont exposés les travailleurs et les populations de façon générale, ceux liés aux effets des rayonnements ionisants et des matières radioactives en particulier.
Un rayonnement ionisant se distingue des autres radiations fréquentes qui émanent de la radio, de la micro-onde ou du téléphone portable. Il se démarque par sa capacité à émettre une quantité d'énergie suffisante pour transformer un atome en ion. L’utilisation des rayonnements ionisants, quoique bénéfique, peut parfois entraîner des effets nocifs pour la santé des travailleurs. Il est donc urgent que les employeurs collaborent avec les institutions spécialisées dans la prévention, pour un meilleur accompagnement, a d’emblée relevé le Docteur Arame Boye Faye, directrice de l’Autorité de radioprotection et de sureté nucléaire (Arsn).
Un rayonnement ionisant est capable de déposer assez d'énergie dans la matière qu'il traverse pour créer une ionisation. Par leur énergie, les rayonnements ionisants sont pénétrants, c’est-à-dire qu’ils peuvent traverser la matière, pouvant ainsi endommager les constituants cellulaires (Adn), informe Dr Boye.Tous les jours, nous sommes exposés à une faible dose de rayonnement ; mais, en cas d'exposition à de fortes doses, ces mécanismes peuvent alors créer un dysfonctionnement de l'organisme, une pathologie, voire la mort, prévient Dr Boye.
Pour parer à toute déconvenue et prendre les devants en perspective de la prévention des rayonnements ionisants, Marie Diallo, directrice de la Prévention des risques professionnels de la Caisse de sécurité sociale, informe : « Notre institution est disposée à accompagner les travailleurs œuvrant pour l’amélioration des conditions de sécurité, de la préservation, de la santé et de l’environnement sur les lieux de travail ».
Ainsi, Mme Diallo lance un appel pour l’élaboration d’un plan d’action, devant contribuer à la définition d’une feuille de route pour la mise en œuvre et le suivi des recommandations pertinentes qui sortiront de leurs différents travaux.
Selon la directrice de la Prévention des risques professionnels de la Css, les risques liés aux rayonnements ionisants et aux matières radioactives sont bel et bien pris en compte par les autorités, en atteste la mise en place récente, à Thiès, du comité sectoriel des comités d’hygiène et de sécurité des entreprises intervenant dans le domaine des mines et des carrières.
Prévention des risques professionnels
Les sièges d’exploitation minière constituent des zones par excellence où cohabitent dans un environnement souvent précaire, populations et installations industrielles, aggravant ainsi les risques de toute nature. C’est pourquoi il importe d’œuvrer pour une meilleure coordination des activités de prévention des différents intervenants, organismes de contrôle, investisseurs, experts privés et organisations de la société civile, préconise Marie Diallo.
Les progrès scientifiques ont permis de produire artificiellement des rayonnements ionisants. Ces rayonnements sont plus utilisés dans les recherches scientifiques, la radiologie médicale ou les grandes industries.
La réglementation prévoit tout de même des valeurs limites d’exposition et un classement des travailleurs exposés. Il est cependant nécessaire de prendre en compte le processus industriel et les conditions d’exposition des personnes. L’application des mesures de prévention qui visent à maîtriser les risques de contamination ainsi que les risques d’exposition aux rayonnements ionisants sont également importants, informe Arame Boye Faye, directrice de l’Autorité de radioprotection et de sureté nucléaire (Arsn). Elle appelle enfin au respect des dispositions réglementaires (Code de la santé publique, Code du travail et autres relatifs à la radioprotection).
Les rayonnements ionisants largement utilisés au Sénégal
Les rayonnements ionisants sont constamment utilisés au Sénégal : domaine médical radiothérapie (traitement du cancer), radiodiagnostic (imagerie médicale), médecine nucléaire (diagnostic), domaine industriel, désinfection ou stérilisation par irradiation, conservation des aliments, scanner de conteneur, scanner de bagage… ; la liste n’est pas exhaustive. Toutefois, une loi ayant pour objet de régir les activités liées à l’utilisation des matières et substances nucléaires à des fins civiles ainsi que des sources de rayonnements ionisants dans tous les secteurs économiques et sociaux a été votée, informe Dr Boye.
Docteur Abderrahmane Koné, médecin du travail, en appelle à une meilleure prévention, à la surveillance et à l’assainissement du milieu du travail. Le suivi de la santé des travailleurs et l’organisation des secours en cas d’atteinte doivent également être intégrés dans la démarche des entreprises, a-t-il préconisé.