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Dépôt dossiers de candidature: Karim et Khalifa ‘‘affolent’’ le Conseil constitutionnel
Publié le mercredi 19 decembre 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Dépôt candidatures à la présidentielle - Le dispositif sécuritaire impressionnant autour du Conseil constitutionnel
Dakar, le 11 décembre 2018 - Le Conseil constitutionnel est pris d`assaut par les représentants des différents candidats à la présidentielle pour les dépôts de dossiers de candidature. Un dispositif sécuritaire impressionnant est sur place pour assurer la sécurité des opérations.
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Ce n’est qu’un dépôt pour l’instruction des dossiers de candidature. Mais en le faisant de manière simultanée et coordonnée, les mandataires de Karim Wade et de Khalifa Sall ont donné l’occasion de voir ce que pourrait induire une probable coalition.

C’était la jonction des deux K hier, Karim et Khalifa. Même si c’est circonstanciel, et que l’unisson politique n’est pas à l’ordre du jour, sympathisants et responsables des deux coalitions se sont donné la main, hier, devant les locaux du Conseil constitutionnel. Ils ont entonné et ont alterné les mêmes refrains de chansons populaires pour les deux postulants dont les difficultés judiciaires sont la première étape de leur parcours vers la magistrature suprême. 16 h. Tous les grands caciques du Pds et de la coalition Karim Président 2019 sont présents, en attendant les mandataires. Mais quinze minutes plus tard, c’est un autre cortège de klaxons et de sifflets qui accompagne d’autres représentants, Idrissa Diallo le mandataire de la coalition Taxawu Senegaal ak Khalifa Ababacar Sall en compagnie de Babacar Thioye Bâ, qui s’achemine dans les locaux surprotégés du Conseil constitutionnel.

Sur la barrière bleue de la gendarmerie, les éléments de la force publique ont opté pour une approche plus soft que celle de lundi dernier qui a été tumultueuse. En filtrant l'entrée pour les journalistes et laissant les supporters s'époumoner sur le barrage, la stratégie du ‘‘containment’’ a évité tout débordement qui aurait été intenable, vu le nombre de cars ‘‘Ndiaga Ndiaye’’ mobilisés par les deux coalitions. Bras dessus-dessous et chansons alternées, les partisans de Karim et de Khalifa se sont mutuellement supportés. Trente-trois minutes plus tard, les mandataires de Karim, Oumar Sarr et Decroix, arrivent et vont pour déposer leur dossier. Ce qu’ils ont fait, avec les fiches ‘’jaune et bleu’’ du Pds, et sans grande illusion. ‘‘Ce sont des arguties par-ci, par-là, mais nous connaissons nos droits et tenons à être respectés de ce côté-là’’, a déclaré le secrétaire général national adjoint du Pds à sa sortie du Conseil constitutionnel.

D’ailleurs, ses propos ne sont pas différents de ceux qu’il a tenus avant le dépôt de la candidature de Karim. Une méfiance envers le Conseil constitutionnel qu’il a exhibée à volonté. ‘‘Nos données sont à l’intérieur sans aucune sécurisation. On a posé là-bas nos 66 820 parrainages, mais c’est dans des classeurs qu’ils ont attachés. Nous les avons laissés là-bas. Notre clé a été copiée sur un disque dur (...) On n’a pas du tout confiance. On se dit qu’ils peuvent venir déchirer nos fiches (...) Nous considérons que nos données et notre dossier ne sont pas en sécurité’’, déclare M. Sarr.

Leurs congénères de l’autre bord, les mandataires de la coalition Taxawou Senegaal, disent avoir également déposé le nombre de parrainages requis, en plus des huit autres pièces qui composent le dossier de candidature. Mais, dans le discours de Thioye Ba, pas de place pour le défaitisme. ‘‘Il n’a jamais été question pour nous de penser que cette candidature allait être déclarée irrecevable. La question de la recevabilité ou non de la candidature de Khalifa Ababacar Sall n’est pas le vrai sujet. Le vrai sujet, pour nous, c’est de préparer nos équipes pour la campagne électorale, finaliser notre projet que le candidat va présenter aux électeurs et surtout que le ministère de l’Intérieur, la Cena et le Cnra prennent dès à présent les dispositions nécessaires pour permettre à Khalifa d’exercer la plénitude des droits attachés à son statut de candidat. C’est cela le sujet’’, défend-il.

Abstraction faite des procédures judiciaires

Ces deux candidats de l’opposition sont en délicatesse avec la justice sénégalaise. Karim Wade, après une condamnation définitive en 2015, est sous le coup d’une contrainte par corps qu’agitent les tenants du pouvoir, s’il ne paie pas les 138 milliards de l’amende subséquente à sa condamnation. Khalifa Ababacar Sall, qui attend un recours formulé à la Cour suprême, a déjà été condamné en première instance, en mars dernier, à 5 ans de prison, dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar. Pour autant, les représentants des deux candidats font abstraction de ces épées de Damoclès qui pendent sur la tête de leurs candidats. ‘‘Ce qui se passe dans la justice ne nous intéresse pas ; ce qui se passe dans l’agenda politico-judiciaire de Macky Sall et de ses juges ne nous intéresse pas. Le nôtre est conforme aux dispositions du Code électoral, à l’ambition que nous avons pour ce pays. Le reste, c’est de la diversion. Nous allons permettre à notre candidat, qui a un projet, le meilleur projet, de pouvoir gagner ces élections pour qu’enfin on puisse redresser ce pays et surtout que le République puisse tenir sa promesse de liberté, d’égalité, de justice sociale et de solidarité à l’endroit de tous ses citoyens’’, avance calmement Babacar Thioye Ba.

Pour le candidat de la coalition Karim Président 2019, c’est encore plus compliqué. En dehors de l’amende de la Crei, des difficultés d’ordre administratif et légal surgissent. D’abord, une condamnation de 6 ans qui noircit son casier judiciaire. Oumar Sarr dégage en touche. ‘‘Pour le casier, nulle part, dans la loi sénégalaise, on a demandé des casiers judiciaires vierges. On a dit de déposer des copies du casier judiciaire. Dans celui de Karim, apparait cette condamnation politique due à la Crei. Nous l’avons relevée. Mais la Crei a dit, redit et écrit que, malgré ses condamnations, Karim garde tous ses droits civiques, politiques, malgré la demande de l’Etat de retrait de ces droits. Tous les documents montrant que la Crei a dit et redit nous les avons déposés’’. Ensuite, la pièce d’identité dont l’impétrant ne disposerait pas. Là également, le mandataire repousse cet argument et avance que Karim a reçu la sienne, mais sur le verso de laquelle on a mis que Karim n’est pas inscrit sur la liste des électeurs.

‘‘Ça, nous le savions déjà. On n’a jamais demandé d’ailleurs qu’on nous donne une carte où c’était dit que Karim était inscrit sur la liste électorale. Ils ne voulaient pas nous donner la carte d’identité elle-même et c’est cela que nous demandions. Le ministre (Ndlr : ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye) avait initialement refusé de nous donner cette pièce’’. Survient la dernière épreuve, celle de la loi électorale, qui est de savoir si Karim Wade n’est pas inscrit sur la liste des électeurs, sera-t-il éligible. ‘‘On dit que pour être député, il faut être électeur inscrit ; pour être candidat à la présidentielle, on dit qu’il faut être électeur. On n’a pas dit électeur inscrit pour l’élection présidentielle. Pour nous, la candidature et l’inscription sur la liste électorale ne sont pas liées. La loi ne le dit pas, la Constitution ne le dit pas. Ce sont les politiciens de l’Apr qui le disent et le répètent à satiété. Si le droit devait être dit, nous sommes très confiants’’, tonne Oumar Sarr.

‘‘Marcher séparément et frapper ensemble’’

Apparemment, les deux coalitions sont conscientes qu'elles partagent momentanément le même destin politique : la lutte pour la survie politique de leurs candidats à cette élection. Une symbolique que Me Amadou Sall a théorisé de manière assez pragmatique. ‘‘Marcher séparément et frapper ensemble’’. Son supérieur, le secrétaire général national adjoint du Pds, Oumar Sarr, lui, prône déjà un retour aux sources pratiques du Pds, à savoir ‘‘occuper la rue’’. Quant à l’un des mandataires de Khalifa Sall, il prône également la séparation des projets et des candidatures des deux K, mais soutient l’idée d’une convergence pour le combat politique. ‘‘S’il y a alliance, c’est dans le cadre de la mutualisation du combat pour la sécurisation du processus électoral’’, avance Babacar Thioye Ba.

De la suite dans les idées pour ces socialistes dissidents qui expriment déjà leur soutien à n’importe quel candidat de l’opposition, en cas de second tour. ‘‘Karim Wade est candidat, Khalifa Sall est candidat. Ils sont tous deux portés par des coalitions et nous souhaitons qu’ils puissent chacun présenter sa candidature, présenter son projet et, Inch’Allah, si l’un d’entre eux, ou un autre candidat de l’opposition, arrive au second tour, nous puissions mutualiser nos forces, joindre nos électeurs pour mettre fin au régime de Macky Sall’’, théorise Babacar Thioye Ba. Ce dernier évoque la responsabilité et avertit que tout cas de figure qui tendrait à écarter la candidature de Taxawou Senegaal serait lourd de conséquence. ‘‘Le pouvoir de Macky Sall a le choix entre persévérer dans la lâcheté et en assumer les conséquences, quelles qu’elles soient, ou savoir raison garder et accepter que le jeu démocratique se déroule normalement. C’est une question de responsabilités. Nous prendrons les nôtres, quel que soit le cas de figure’’.

La phase d’instruction des dossiers de candidature prend fin le 26 décembre prochain. Au plus tard, 35 jours avant la tenue du scrutin, le Conseil constitutionnel devra rendre publique la liste officielle des candidats.
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