L’évolution du taux de croissance économique en Afrique, au cours des dernières années, comporte plusieurs scénarios, généralement influencés par le degré de dépendance à l’égard des produits de base.
La graphique de la semaine du fonds monétaire international (FMI) montre que plus l’économie d’un pays dépend des produits de base, plus elle subira les effets du choc de 2014 sur ces produits. Il est également évident que plus le choc est puissant, plus la reprise est difficile. La croissance moyenne en Afrique subsaharienne devrait atteindre environ 3,1% en 2018, contre 2,7% en 2017. Cependant, l’ensemble de la région cache un éventail de situations différentes. Avant 2014, rappelle la source, la région a connu une période soutenue de forte croissance (5,6% en moyenne entre 2000 et 2013) grâce à de profondes réformes structurelles et à des conditions extérieures très favorables. Depuis le choc sur les cours des produits de base en 2014, la vie est devenue difficile dans de nombreux pays. La croissance régionale a chuté à 1,4% en 2016, son plus bas niveau en plus de deux décennies.
Les pays ont vécu ce choc et la reprise a suivi de manière très différente. La plupart des pays exportateurs de pétrole, notamment l’Angola et le Nigéria, sont entrés en récession après 2014. Depuis lors, la graphique montre que les pays riches en ressources connaissent une certaine reprise, mais toujours en deçà des niveaux atteints avant 2014. En même temps, les pays pauvres en ressources ont continué d’afficher une forte croissance, environ 6% en moyenne, malgré un léger fléchissement après 2014. Cela s’explique en partie par leurs investissements dans les infrastructures publiques, une bonne saison agricole, l’amélioration du climat des affaires et l’impact positif de la baisse des cours du pétrole.
Pour ce qui est de l’avenir, une fois de plus, les perspectives sont inégales. A moyen terme et avec les politiques actuelles en place, la croissance devrait augmenter pour atteindre environ 4%, soit 1,5% par habitant, un taux respectable mais pas suffisant pour permettre à la région d’exploiter pleinement son dividende démographique. La région doit stimuler sa croissance pour créer 20 millions d’emplois supplémentaires par an, nécessaires pour absorber les nouveaux arrivants sur les marchés du travail. Par contre, note la graphique de la semaine, plusieurs pays, dont l’Éthiopie, le Sénégal et la Tanzanie, devraient voir leur revenu par habitant augmenter plus rapidement que l’on ne s’y attendrait, compte tenu de leur niveau de revenu attribuable en partie à de solides investissements publics. Afin de protéger la reprise et créer suffisamment d’emplois pour que la région puisse exploiter pleinement son dividende démographique, elle devra réaliser une croissance forte, durable et inclusive. Pour y parvenir, elle devra renforcer la résilience et faciliter la réaffectation de la main-d’œuvre et du capital dans des secteurs plus productifs.