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Maurice Soudieck Dionne sur les candidats du Pds et de Taxawu Sénégal à la présdientielle: “Il y a un dénominateur commun entre Karim et Khalifa“
Publié le vendredi 14 decembre 2018  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
La Fondation Konrad Adenauer dresse le bilan des législatives
Dakar, le 17 août 2017 - La Fondation Konrad Adenauer a organisé une table ronde pour tirer le bilan des dernières élections législatives tenues le 30 juillet. Des acteurs politiques, de la société civile et des membres de l`administration électorale y ont pris part. Photo: Maurice Soudieck Dionne, enseignant-chercheur à l`UGB
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Tous deux considérés par certains comme des candidats qui peuvent faire mal au régime en place, Karim Wade et Khalifa Sall auraient un «dénominateur commun». De l’avis de l’Enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione, ces deux candidats seraient victimes, selon certains, de la volonté du régime de les écarter, ou encore tous deux sont confrontés à la recevabilité de leur candidature. Pour autant, le Docteur en Science politique qui reconnait que le candidat du Pds manque de certains documents pour son dossier de candidature, pense tout de même que celui de Taxawu Senegaal pouvait déposer le sien dans les prochaines heures.

Deux candidats Khalifa Sall et Karim Wade n’ont pas encore déposé leur dossier de candidature. Tout d’abord, peut-on comparer les deux cas jugés par certains comme des candidats dangereux pour le régime ?

Certes, comparaison n’est pas raison. Mais, il y a un dénominateur commun entre ces deux candidats Karim Wade et Khalifa Sall, qu’on accuse le régime en place de vouloir les écarter en utilisant comme instrument la justice. Il est vrai que Khalifa Sall est toujours en prison, même s’il n’a pas encore épuisé toutes ses voies de recours, alors que l’affaire Karim Wade qui a été gracié et exilé au Qatar dans des conditions nébuleuses, connaît des rebondissements par rapport à une condamnation jugée injuste du fait que ses droits et libertés ont constamment été violés. Cela a été dénoncé par la Cour de justice de la Cedeao, par le Groupe de travail des Nations Unies contre la détention arbitraire, et aujourd’hui par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, et après que l’État du Sénégal a été désavoué et débouté partout à l’étranger par rapport à cette opération politico-judiciaire que fut la traque des biens mal acquis qui n’a plus aucune crédibilité : car elle a été sélective, outrancièrement politisée et attentatoire aux droits et libertés des mis en cause. De plus, elle a été un moyen de règlement de comptes politiques, et tout compte fait une erreur politique monumentale. Il est vrai que Karim Wade et Khalifa Sall peuvent être des candidats dangereux. En effet, le Parti démocratique sénégalais est le premier parti de l’opposition dont le candidat se trouve être Karim Wade et Khalifa Sall a remporté électoralement Dakar à plusieurs reprises contre Bennoo Bokk Yaakaar du Président Sall. Mais aujourd’hui, il se pose la problématique de la recevabilité de ces deux candidatures.

Ne faudrait-il pas relativiser cette question de dangerosité de candidat?

Il faut relativiser cette notion de candidats dangereux, car dans l’absolu tous les candidats le sont, dans la mesure où ils sont susceptibles d’affaiblir le candidat Macky Sall en provoquant l’éparpillement des suffrages pour l’amener à un second tour. Ensuite, si les populations sont mécontentes du régime, elles peuvent voter pour n’importe quel candidat faisant face au candidat de Bennoo Bokk Yaakaar pour le sanctionner. Donc viser singulièrement à éliminer un ou deux candidats, n’est pas forcément une bonne stratégie, d’autant plus que cela attise le mécontentement envers le régime, car les Sénégalais n’aiment pas l’injustice, et sont plus prompts à congédier des régimes qui ont failli qu’à adhérer à un projet, comme le montrent les alternances de 2000 et de 2012, où c’était, respectivement : tout sauf Abdou Diouf et tout sauf Abdoulaye Wade.

Comment comprendre ce retard dans le dépôt des dossiers de ces deux candidats, quand on sait que le risque de perdre des parrains est réel ?

Il est vrai qu’il y a un risque de perdre des parrains au fur et à mesure que le dépôt se fait tardivement, au regard des dispositions de l’article 57 du Code électoral qui prévoit qu’en cas de présence d’un parrain sur plus d’une liste, le parrainage sur la première liste contrôlée, selon l’ordre de dépôt, est validé et est invalidé sur les autres. Voilà ce qui explique la frénésie des candidats et représentants de candidats pour être parmi les premiers à déposer leurs listes de parrains. On peut aussi comprendre que c’est une mesure incitative pour que les candidats n’attendent pas au dernier moment pour se présenter risquant de rendre le travail de contrôle plus difficile au Conseil constitutionnel. Mais en réalité, la loi aurait pu être mieux élaborée en recensant tous les mandataires dûment habilités des candidats et fixer pour chacun une date et une heure précises pour déposer ses parrainages. Cela aurait évité les bousculades et les tensions inutiles qu’il y a eu au Conseil constitutionnel. Pour le candidat Karim Wade, il est compréhensible que le dépôt de sa candidature tarde quelque peu, car il ne disposait pas encore d’une carte d’identité nationale par exemple, document que tout citoyen est en droit de posséder. Pour Khalifa Sall, je pense que ses partisans auraient pu déposer dans les premières heures de l’ouverture de la procédure le 11 décembre.
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