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Report de la levée du corps du PDG de Wal Fadjri - Yoff et Léona se disputent le corps de Sidy Lamine Niasse
Publié le mercredi 12 decembre 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Le patron du groupe de presse Wal Fadjri, Sidy Lamine Niasse
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Report de la levée du corps du PInitialement prévue hier à l’hôpital Principal de Dakar, la levée du corps de Sidy Lamine Niasse a été renvoyée à aujourd’hui jeudi 6 décembre 2018. La famille éplorée ne s’étant pas entendue sur le lieu où le défunt devra être inhumé.



La rumeur circulait déjà dans la matinée d’hier. Mais personne ne se doutait que le litige était aussi profond. La famille de Sidy Lamine Niasse, décédé avant-hier à Dakar des suites d’un malaise, ne tient pas le même langage sur le lieu d’inhumation du défunt patron du groupe de presse Wal Fadjri. Alors que son fils, Cheikh Niasse, venu directement de Paris à l’annonce du décès de son père, veut l’inhumer au cimetière musulman de Yoff à Dakar, des membres de sa famille et même de l’establishment de Léona Niassène s’y opposent farouchement. Certains, peut-être plus téméraires, allant jusqu’à menacer de déterrer le corps, si jamais il est enterré dans un lieu autre que Kaolack, son terroir où repose son père Khalifa El Hadj Mohamad Niasse et tous les autres membres de sa famille décédés.

Des talibés niassènes menacent d’enlever la dépouille de Sidy

Ce tiraillement entre membres de la famille éplorée a provoqué, hier, un grand tohu-bohu à l’hôpital Principal de Dakar. En dépit de la médiation initiée par des personnes de bonne volonté et parfois même par des autorités, chacun des deux camps a campé sur sa position. Le fils de Sidy Lamine Niasse est, en effet, resté intransigeant sur la question, malgré les multiples requêtes de certains dignitaires niassènes de Léona et même du gouverneur de Dakar. Devant la longue attente des autorités et de toutes les personnes qui se sont déplacées pour rendre un ultime hommage à Sidy Lamine Niasse, Mouhamed Fall a, en effet, demandé à Cheikh Niasse et aux autres membres de sa famille de discuter et d’essayer de trouver un consensus.

Mais s’était sans compter avec la volonté du fils de Sidy Lamine Niasse de ne faire aucune concession sur la question. Cheikh Niasse a catégoriquement refusé de lâcher du lest, parce que, dit-il, c’était le vœu de son père de reposer à Yoff, si jamais il décédait et que rien, ni personne ne devrait s’opposer à cela. Pour couper court à la tension née de ce tiraillement et apaiser les cœurs, il a décidé de reporter la cérémonie de levée du corps. ‘’Nous donnons rendez-vous aux gens demain à 10 h (aujourd’hui). Mais, inch Allah, ce sera à Yoff, il n'y a pas de doute là-dessus. C'était la volonté de Sidy Lamine Niasse et je pense que les talibés l'accepteront’’, a-t-il déclaré en direct de Walf Tv, espérant ainsi que tous ceux qui ‘’s’opposent à la volonté de son père’’ reviendront à de meilleurs sentiments.

La morgue de l’hôpital Principal placée sous haute surveillance de la Lgi

D’ores et déjà, la cérémonie de levée du corps du défunt Pdg de Wal Fadjri, programmée pour ce matin, s’annonce mouvementée. Des talibés ‘’zélés’’ ont refusé hier de quitter la morgue de l’hôpital Principal où se trouve la dépouille de Sidy Lamine Niasse. Certains d’entre eux sont même allés jusqu’à menacer d’enlever le corps nuitamment. Des menaces que le directeur général de l’hôpital Principal de Dakar prend bien au sérieux. Puisque peu de temps après que les lieux ont été évacués, il a saisi la Légion de la gendarmerie d’intervention (Lgi) de Mbao pour parer à toute éventualité. Ainsi, la morgue de l’hôpital Principal a été mise sous haute surveillance par des éléments de la gendarmerie qui veillent au grain.

Dans la matinée d’hier, rien ne présageait pourtant de la tournure des évènements. Les gens étaient beaucoup plus enclins à faire le deuil de Sidy Lamine Niasse qu’à se crêper le chignon pour une question aussi secondaire que son lieu d’inhumation. C’est d’ailleurs pourquoi beaucoup de personnes qui se sont déplacées ont eu le cœur lourd et la gorge serrée en retournant sur leurs pas. ‘’C’est notre vœu le plus cher de l’enterrer à Léona Niassène auprès de son père et des autres membres de la famille de Mame Khalifa Niasse. Mais on ne peut pas être plus royaliste que le roi. Si son fils ainé s’y oppose, on n’y peut rien, on doit faire ce qu’il a dit, car le dernier mot lui revient’’, rumine un dignitaire niassène qui se distingue de par son accoutrement. Selon notre interlocuteur, il est inconcevable que les gens se disputent sur une décision qui revient de droit au fils du défunt. C’est pourquoi il a appelé les uns et les autres à la raison et à ne pas verser dans l’excès, dans une situation pareille.

AMBIANCE

Désordre et bousculades au menu

Très tôt dans l’après-midi d’hier, des milliers et des milliers de personnes ont pris d’assaut l’enceinte de la morgue de l’hôpital Principal. Déjà, à 14 h, la circulation était quasiment impossible, de la corniche à ladite structure sanitaire, en passant par la place Washington. Une file de véhicules convergeant vers les lieux. Certaines personnes, excédées par les embouteillages, descendent souvent de voiture pour faire le reste du trajet à pied. Progressivement, le parvis de la morgue de l’hôpital Principal est pris d’assaut par des personnes venues d’horizons divers, mais de Kaolack pour la plupart du temps. Ce rush a créé un désordre inouï sur les lieux.

L’entrée par la porte dérobée qui s’ouvre directement sur le perron de la morgue est aussitôt filtrée. N’accèdent dans les lieux que les autorités étatiques, religieuses ou coutumières et certains membres de la famille. Cette situation n’a pas fait que des heureux. ‘’Ce n’est pas normal que seules les autorités soient autorisées à entrer dans les lieux. Tous les marabouts niassènes sont là retenus derrière pendant que les personnalités politiques passent facilement. Ce n’est pas normal. De son vivant, Sidy Lamine Niasse n’aurait jamais accepté cela. On a comploté derrière son dos’’, fulmine un jeune homme, la trentaine, yeux hagards, mine déconfite. ‘’Je n’ai pas bu d’alcool, je dis la vérité. Les gens ont cette manie de traiter d’ivrognes tous ceux qui osent leur dire la vérité. Je ne me tairai pas, je le crierai partout pour que tout le monde soit au courant. Sidy Lamine Niasse n’a pas besoin de la présence d’une certaine classe politique qui l’a toujours combattu de son vivant. Seuls les marabouts et les membres de sa famille devraient être autorisés à accéder à la morgue’’, rumine le jeune homme que certains de ses compagnons tentent de calmer, mais en vain.

Forte mobilisation des différents segments de la nation

Au fur et à mesure que les gens viennent, le parvis de la morgue de l’hôpital Principal refuse du monde. Dans ces lieux, il est impossible de se frayer un chemin. Le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, met du temps à accéder aux lieux, malgré son escorte et l’intervention des éléments de la gendarmerie déployés sur place où règne un désordre émaillé de scènes de bousculades. C’est d’ailleurs pour remettre de l’ordre que la gendarmerie a, à deux reprises, déployé des renforts. Une première vague de plus d’une cinquantaine d’éléments a été déployée sans venir à bout du problème, avant qu’un deuxième contingent ne vienne évacuer complètement les lieux.

A la morgue de l’hôpital Principal de Dakar, il n’y a pas que les proches de Sidy Lamine Niasse et autres disciples niassènes qui étaient présents. Toutes les personnalités étatiques, sauf le président de la République Macky Sall, ont fait le déplacement. Le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, le président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse, le président du Haut conseil des collectivités territoriales Ousmane Tanor Dieng et d’autres membres du gouvernement ont tenu à marquer de leur présence cette circonstance douloureuse.

Mais ceux qui se sont déplacés massivement, ce sont ses confrères. Des journalistes avec qui le défunt Sidy Lamine Niasse a fait les beaux jours de la presse comme Abdourahmane Camara, Jean Meïssa Diop, Mademba Ndiaye, Abou Abel Thiam, Ousseynou Guèye… (la liste est loin d’être exhaustive) ont tenu à venir lui rendre un ultime hommage. Mais ils devront prendre leur mal en patience, en attendant que la famille s’accorde sur une décision consensuelle.

Me EL HADJ DIOUF (AVOCAT ET HOMME POLITIQUE)

‘’Sidy Lamine Niasse incarnait le courage et la vérité’’

‘’Sidy Lamine Niasse était un homme bien, un homme utile, le gardien du temple, celui qui se battait pour préserver le pays, la démocratie et l’islam. Nous avions les mêmes qualités : courage et vérité. Tous les deux, nous aimons le courage et la vérité. C’est pourquoi il était mon ami. Il symbolisait et incarnait le courage et la vérité. C’est pourquoi il m’aimait et je l’aimais. Il est parti, mais il a rassemblé tout ce monde. C’est un être exceptionnel qui est parti. C’était un général qui veillait sur les troupes sénégalaises. Il préservait la démocratie. C’était cela sa mission. Il est parti et il a laissé un grand vide derrière lui.’’

PR. PENDA MBOW (ENSEIGNANTE A L’UCAD)

‘’Nous avions une amitié fondée sur l’intellect’’

‘’Nos activités ont débuté et commencé au moment où, si on pouvait parler de pluralisme dans la presse, c’était dans les années 80-90. Sidy Lamine était revenu et en ce moment, nous n’avions même pas les mêmes points de vue. Il avait toujours pensé que les arabisants étaient marginalisés, ne participaient pas à la démocratie et ne faisaient pas partie de ce Sénégal qu’on construisait. L’un des combats essentiels de Sidy Lamine, c’était justement que les arabisants soient non seulement reconnus, mais qu’on les intègre dans la prise de décision. Quand je suis arrivée, nous avons commencé à travailler autour de ces questions, mais surtout sur les droits des femmes. Parce que les arabisants avaient l’habitude de penser que les femmes ne pouvaient pas être l'égal des hommes. C’étaient les combats des années 80-90 et nous avons eu à travailler ensemble lorsqu’il a créé son journal, sa radio, sa télévision. Je faisais partie des animateurs qui venaient régulièrement dans son émission ‘’Diné ak Jamono’’. Finalement, nous avons eu une amitié fondée sur l’intellect autour des questions de l’islam. Et sur la guerre, par exemple Iran-Irak, nous avions des points de vue divergents et sur d’autres questions comme la vision qu’il avait de ‘’Badr’’. Sidy Lamine Niasse était donc un grand monsieur qui a combattu la marginalisation des arabisants, mais qui a surtout combattu pour l’égalité, le développement de ce pays.’’

JEAN MEISSA DIOP (JOURNALISTE-FORMATEUR)

‘’Sidy menait un combat légitime’’

Sidy, je crois que je retiens de lui les fortes convictions qu’il a défendues avec courage, les convictions de musulman, de démocrate et de militant pro-palestinien pour la défense de la Palestine. Dans chacune de ses causes, il s’est investi avec une sincérité et avec un courage exemplaire. C’était ça Sidy. Il mettait de la passion dans tout ce qu’il disait et dans ce qu’il faisait. Ça pouvait paraître excessif à certains, d’autres en étaient agacés, mais je crois qu’il était convaincu de mener le bon combat. La présence de cette foule ici, les témoignages que nous enregistrons depuis lors dans les médias sont la preuve que Sidy menait un combat légitime qui ne s’écartait jamais de la légalité.

SERIGNE MANSOUR SY DJAMIL (LEADER DE BES DU NIAKK)

‘’Sidy Lamine a restitué à la presse son authenticité et au journaliste sa dignité’’

‘’Je suis venu lui témoigner mon respect et mon attachement envers lui. Je me dois de lui rendre hommage, parce que c’était un homme bien. On ne suit pas seulement les recommandations de Dieu à travers la prière et le jeûne. Porter assistance aux personnes qui en ont besoin est aussi une manière de suivre les recommandations divines. Sidy Lamine Niasse doit être remercié par l’ensemble du peuple sénégalais. C’est quelqu’un qui a rendu un grand service à notre pays et au peuple sénégalais. Un jour, pendant que j’étais à Arafat, un journaliste de Walf m’a appelé pour me dire qu’il souhaitait faire un direct avec moi. Je lui ai répondu que c’était le jour d’Arafat, que je n’avais pas le temps. Sidy Lamine lui-même m’a appelé - à cette époque, j’étais encore à la Banque centrale et on ne se connaissait pas encore - mais il m’a dit : ‘Vous avez toujours été mon mentor, quand j’étais président des étudiants sénégalais d’Egypte et que vous étiez le président des étudiants sénégalais à Paris en France.’ Alors, je lui ai accordé l’interview.

Sidy Lamine a restitué à la presse son authenticité et au journaliste sa dignité. Il pouvait être à la solde des puissances étatiques, mais il n’a jamais perdu sa dignité. Nous prions Dieu le Tout-Puissant pour qu’il l’accueille au paradis. Il a dit à son fils un jour, alors que nous revenions des Assises nationales, de prendre référence sur moi, quand il ne serait plus là.’’

ASSANE MBAYEDG de Wal Fadjri
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