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Pétrole et énergies - Mansour Elimane Kane hyper optimiste
Publié le samedi 8 decembre 2018  |  Enquête Plus
Mansour
© Autre presse par DR
Mansour Elimane Kane, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement,
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La hausse de 21,5 % (142 milliards) du budget du ministère du Pétrole et des Energies est presque un non-évènement, au vu de l’importance déjà stratégique que ce département est appelé à jouer dans les prochaines années. Corollaire aux ressources minérales, c’est d’abord la question de l’énergie qui connait une véritable bouffée d’oxygène avec les 350 milliards de francs Cfa que le Sénégal a pu décrocher comme financement du Millenium Challenge Corporation (Mcc). Le ministre devait se rendre dans la soirée d’hier à Washington comme membre de la délégation gouvernementale pour ce don inédit. Un second Compact destiné exclusivement à l’énergie dont l’objectif est l’électrification universelle conclue en novembre dernier.

Si la politique énergétique, depuis 2012, a eu le mérite de faire passer les délestages de 900 heures à moins de 60 heures, certains députés de l’opposition ont rappelé que le régime actuel bénéficie de la conjoncture des cours mondiaux où le pétrole est entre 50-60 dollars. Pour la future exploitation, le gaz, qui va remplacer le fioul, le prix de l’électricité devrait passer de 80 à 40 F Cfa le kilowatt heure (kWh). Les 15 149 milliards de francs Cfa de décisions d’investissements escomptés pour le deuxième groupe consultatif de Paris, les 17 et 18 prochains, selon Birima Mangara, sont un autre avantage de taille. De belles perspectives qui cachent mal quelques problèmes d’électrification chroniques dans l’hinterland sénégalais comme la région de Sédhiou. Les parlementaires de cette localité se sont offusqués du fait qu’on y paie l’électricité très cher, malgré une disponibilité sporadique.

Leurs collègues de la région de Diourbel n’ont pas été en reste. ‘‘On nous avait dit qu’il y avait de l’électricité dans le département de Mbacké (Darou Tiw, Keur Diouf), alors qu’il n’y en a pas. Il y a des poteaux, mais pas de courant’’, a défendu pour sa part le député de Bokk Gis Gis, Bara Doli.

Nango Seck s’est inquiété de la contraction de la dette, car les bailleurs ont confiance au Sénégal à cause du pétrole. Le député a demandé de ne pas désorienter les richesses et abuser de la dette, car on a le pétrole. ‘‘S’enrichir et enrichir d’autres bailleurs’’, dénonce-t-il. Dans son sillage, son collègue du Pds, Toussaint Manga, estime que les choix précipités du gouvernement actuel sur les hydrocarbures ne profiteront pas aux Sénégalais. ‘‘Il n’y a jamais eu de débat véritable sur le pétrole. Il n’appartient ni à la majorité ni au gouvernement. Nous allons vers des problèmes, dans cette exploitation. Nous n’avons ni expertise, ni expérience, ni maîtrise. Il fallait travailler à avoir tous les prérequis. Mais là, nous serons obligés de faire beaucoup de compromis, car nous nous sommes précipités. Il fallait prendre le temps pour que ces profits deviennent quasi-exclusivement sénégalais. Le nouveau président élu sera obligé de réviser les contrats’’, a affirmé l’ancien dirigeant des étudiants et élèves libéraux.

Petro-Tim, Aliou Sall…

La minorité a surtout insisté sur les accusations de népotisme qui ont été son cheval de bataille depuis bientôt quatre ans, avec la cession de permis de recherche à Petro-Tim, l’implication du frère du président, Aliou Sall, le droit de préemption non exercé par le Sénégal dans la cession de certains contrats... ‘‘On dirait que ces gens (Ndlr : la majorité) ne connaissent pas le pétrole. On s’est partagé ces ressources par le système du népotisme. Le frère qui donne au frère et ce dernier de donner aux copains. D’ailleurs, le Pse aurait dû être réformé, car, à sa conception, les gisements de ressources minérales n’avaient pas été découvertes’’, a défendu le président du groupe parlementaire libéral, Serigne Cheikh Abdou Bara Mbacké.

Saint-Louis, le futur eldorado sénégalais, selon Mek

En commission technique, le ministre avait annoncé qu’une partie des ressources du champ Sne (100 mille barils/jour à partir de 2022) sera un soulagement pour la Sar pour effacer les approvisionnements et faire épargner 100 milliards à l’Etat. Mais, en répondant aux observations des députés, il a apporté de plus amples détails sur les implications futures de l’exploitation gazière. Mansour Elimane Kane est d’avis que ces ressources sont un raccourci, un accélérateur dans les stratégies de développement. Le projet gazier de Saint-Louis, avec la joint-venture Kosmos-Bp, offre des perspectives plus que réjouissantes pour le règlement définitif des questions d’énergie.

‘‘Avec le projet Gta (Grand Tortue Ahmeyim) dans le nord du pays, c’est 465 milliards de mètres cubes de gaz et 3,5 milliards de barils de pétrole. C’est plus que la Côte d’Ivoire. Ce gisement partagé en deux assure l’autosuffisance du pays. La qualité est de classe mondiale. Saint-Louis en profitera, avec une centrale de 250 mégawatts, mais dans l’ensemble, Bp va faire une centrale de 1 000 mégawatts pour ses installations et la Senelec sera branché sur le réseau’’, avance Mansour Elimane Kane. ‘‘Le gaz, c’est le game-changer. On change d’échelle, de paradigme. L’industrialisation va passer par le gaz. On ne va pas en faire le premier pilier de l’économie, mais pour développer d’autres secteurs. La région Nord sera très prospère, dans les années à venir’’, ajoute-t-il.

Le député Djibril War promet de saisir le procureur de le République sur les assertions de Sonko qui déstabiliseraient les relations entre la Mauritanie et le Sénégal qui ont trouvé un accord pour un partage de ressources 50-50. Mais la réponse politique du ministre devrait l’avoir convaincue. M. Kane avance qu’avec toutes les projections faites, le Sénégal ‘‘sera une zone économique intégrée, car 15 millions ne pourront pas absorber les retombées de cette activité’’.

Réforme du Code pétrolier

La réforme du Code pétrolier est le grand perdant des débats d’hier. Pas un mot sur ces mesures d’envergure annoncées par le président Sall pour ce décembre, lors de la Conférence africaine sur la propriété réelle. La trentaine d’intervenants, majorité comme opposition, a allègrement demandé ou répondu aux fautes de gestion de l’actuel régime ou du précédent. In extremis, le président du groupe parlementaire Bby, Aymérou Gningue, a évoqué (furtivement) les trois projets de loi dans une énumération triomphante et partisane qui fit perdre tout intérêt à son intervention.

Le projet sur le nouveau Code pétrolier devrait être accompagné de celui portant partage des revenus de l’exploitation future des hydrocarbures et celui qui va définir le contenu local, dans le cadre de l’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal.

Au finish, même le ministre, qui a soigneusement évité la question en plénière, a prétexté d’un voyage sur Washington pour s’excuser de l’habituel point de presse qui ponctue son passage à l’Assemblée.
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