Le lever de bouclier se poursuit contre la construction d'une ambassade de la Turquie sur le littoral. Après la sortie au vitriol de Khalifa Sall, maire de Dakar, c'est la société civile qui est montée au créneau, ce week-end, pour s'indigner contre ce qu'il est convenu d'appeler désormais le «mur de la discorde». Ce samedi, une manifestation du Collectif pour la défense du littoral a été réprimée par la police et conduit à l'arrestation d'une vingtaine de personnes dont un député et à la garde à vue d'un membre du Mouvement « Y en a marre ».
La construction de l’ambassade de Turquie sur le littoral est en train de prendre une nouvelle tournure. Cette fois musclée ! En témoigne l’arrestation par la police, ce week end, du jeune rappeur Latif Gomis. Tout est parti de la marche pacifique initiée par le Collectif pour la défense du littoral sur la Corniche samedi dernier. Une manifestation réprimée par la police avec l’arrestation d’une vingtaine de personnes dont le député Cheikh Oumar Sy, qui a même été arrêté avant d’être libéré.
Medoune Dieng, un proche de Bës du Niakk, témoigne : «Ils (les policiers) ont saisi mon téléphone qu’ils ont visionné et n’ont rien vu. C’est pourquoi ils m’ont libéré.»
Il aura plus de chance que Latif Gomis, chanteur de Hip Hop de la banlieue dakaroise, qui est retenu depuis samedi au Commissariat central. Pourtant, confie Malal Talla dit « Fou Malade » du Mouvement « Y en a marre », «Latif (Gomis) n’avait même pas pris part à la manifestation». «Il était juste venu voir ses copains qui ont été arrêtés», confie « Fou Malade » sur les ondes de la RFM.
Le «Y en a mariste» d’ajouter : «il faut que les policiers arrêtent de torturer les manifestants. Sous Wade nous avions refusé certaines choses qui continuent à se répéter sous Macky Sall. Nous allons continuer à dire non ! Nous exigeons la libération pure et simple de Latif Gomis». Son seul tort, selon Malal Talla, c’est d’avoir demandé aux limiers de «faire doucement». «Ils l’ont frappé, blessé et gardé en vue», déplore-t-il.
Une situation que déplore l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé, en marge du lancement de son mouvement «ABC, J’aime».
«Il faut rendre cet espace public aux populations. Il n’est pas normal que de la Corniche, nous n’apercevions plus la mer. C’est un texte qui est là. C’est pourquoi on avait créé la Haute autorité sur la corniche. Il faut trouver un terrain ailleurs», a déclaré l’ancien numéro 2 de l’APR.
Dr Cheikh Tidiane Dièye de la Société civile ne dit pas le contraire. Il interpelle même Ankara, capitale de la Turquie, qui a vécu, rappelons-le, des manifestations plus ou moins similaires à la place Taksim.
Quant à l’architecte, Pierre Goudiaby «Atepa», il va encore plus loin en exigeant que certains hôtels sur la Corniche rendent l’espace public aux populations.