Impressionnant avec le club italien de Naples, Kalidou Koulibaly est peut être le meilleur défenseur africain, actuellement. Pour RFI, le défenseur international sénégalais de 27 ans revient sur son parcours et sur ses ambitions, aussi bien avec le Napoli qu'en équipe nationale. Un entretien au micro de Valentina Clemente, réalisé avant la rencontre Naples-PSG
Kalidou Koulibaly, est-ce que vous pouvez nous décrire votre parcours du FC Metz en France, en 2004, jusqu’à Naples en Italie, en 2018 ?
C’est un parcours atypique, on va dire. Parce que j’ai été formé à Metz, quand on jouait en deuxième division. Mais j’ai dû retourner à Saint Dié [sa ville natale, dans l’Est de la France, Ndlr] car, pour des raisons sportives, ils ne m’ont pas gardé. A 18 ans, je suis ensuite retourné à Metz. Et deux ans après, j’ai signé mon premier contrat professionnel. J’étais plutôt très content ! Après y a eu la descente en National (troisième division). C’était un peu difficile mais moi je voulais jouer en National pour remonter en 2e division avec le club. Mais, après, on a décidé d’un commun accord que je devais partir parce que le club avait besoin d'avoir des finances et que j’étais « un joueur qui pouvait leur rapporter de l’argent ». J’ai donc décidé d’aller en Belgique à Genk, où j’ai passé deux années superbes. J’ai joué la Ligue Europa. Pour moi, le but était surtout de mieux connaître le football étranger, de jouer la coupe d’Europe. Donc, j’ai fait deux années en Ligue Europa durant lesquelles ça s’est super bien passé. Puis j’ai signé à Napoli. Et aujourd’hui, ça fait quatre ans et demi que je suis en Italie. Je suis super heureux.
Pouvez-vous nous expliquer en trois adjectifs qui est le joueur Koulibaly, aujourd’hui ?
C’est dur de parler de soi-même… Je suis un joueur qui essaie de tout donner sur le terrain déjà, qui ne lâche jamais rien. Donc trois adjectifs, c’est un peu difficile... Je dirais déjà que « l’humilité », pour moi, c’est très important. Le « respect » ensuite, parce que je pense que sans respect on ne va nulle part. Et pour le dernier, on va dire… (Il hésite) Je ne sais pas… Je suis une personne qui ne lâche rien. Je suis toujours « obstiné » et j’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même.
Votre nom apparaît régulièrement sur les tablettes de plusieurs clubs, lors du marché des transferts, le « mercato ». Est-ce quelque chose qui vous pousse à travailler davantage, à être plus concentré ou, au contraire, qui peut vous déconcentrer ?
Je travaille toujours pour m’améliorer. Je n’ai pas besoin du mercato ou d’autres choses pour vouloir m’améliorer. Depuis que je suis professionnel, chaque jour, j’essaie de devenir un joueur meilleur. Aujourd’hui, le fait que certaines équipes s’intéressent à moi est plaisant. Mais, pour le moment, je suis totalement concentré sur le Napoli. Je sais que ce sont des choses qui ne doivent pas me déconcentrer. D’autant que le football va très vite dans les deux sens. Aujourd’hui, on parle de moi positivement. Mais le plus important, c’est que je reste un joueur de qualité. J’essaie donc de montrer mes qualités pour le bien de l’équipe. Après, on verra ce qu’il se passera pour moi. On est très tôt dans la saison, je n’ai pas besoin d’y penser. Pour moi, le plus important c’est que le Napoli se qualifie pour le prochain tour de la Ligue des champions.
Parlons de l’équipe du Sénégal, qui est d’ores et déjà qualifiée pour la Coupe d’Afrique des nations 2019. Les Sénégalais y sont très attendus. Pensez-vous que c’est enfin le bon moment pour gagner la CAN ?
J’espère ! Depuis mon premier match avec le Sénégal, mon objectif était de jouer la Coupe du monde et on l’a fait lors du Mondial 2018. Après, j’espère obtenir une deuxième qualification pour la Coupe du monde. Mon deuxième objectif, c’est évidemment de gagner un trophée avec l’équipe du Sénégal. Le Sénégal est un grand d’Afrique. Mais, pour le moment, il n’a pas gagné de titres. C’est ce qui lui manque. J’espère écrire l’histoire aussi avec le Sénégal. Je sais que ça va être très difficile. Mais on a une équipe capable de gagner quelque chose. On a des joueurs de qualité qui savent ce qu’ils doivent faire. […] On a des joueurs de talents comme Sadio Mané, qui est notre adversaire avec Liverpool, en Ligue des champions. On a aussi Keita Baldé, Mbaye Niang… On a vraiment des joueurs de qualité. Donc, à nous de faire prendre la mayonnaise pour que tout cela fonctionne bien et essayer de gagner un titre. En Afrique, vous savez, les gens voient les choses de loin. Mais on sait que c’est très difficile de mettre tout en œuvre pour gagner un titre. On espère que l’année prochaine, ce sera la bonne.
Vu que le calendrier sera très chargé jusqu’au mois de juin, comment allez-vous faire pour arriver frais à la CAN 2019 ?
Oui, ça va être difficile. Comme l’année dernière, on a eu un calendrier chargé jusqu’à la Coupe du monde 2018, ça a été difficile d’avoir des vacances. Mais cette année, on va essayer de faire la même chose que l’année dernière. Je vais tout donner en club, essayer d’aller le plus loin possible et essayer de gagner un titre pour pas avec le Napoli. Ensuite on pensera à la CAN 2019. On sait que c’est quelque chose de très important, une compétition très suivie. Aujourd’hui, avec le staff médical, avec tout ce qui existe dans le football, on est capable de tenir sur le long terme. J’espère que je vais bien gérer la fatigue avec le staff du Napoli et celui du Sénégal afin d’être prêt pour la Coupe d’Afrique. Mais avant, je compte faire une grosse saison avec le Napoli.
Le 8 janvier 2019 à Dakar, il y a la désignation du Joueur africain de l’année 2018. Vous voyez-vous parmi les trois finalistes qui seront présents aux Trophées de la CAF ?
Je ne sais pas. Vous savez, les titres individuels sont souvent donnés aux attaquants, aux joueurs qui font rêver, aux joueurs qui marquent des buts. C’est difficile en étant défenseur. Pour moi, le plus important c’est que j’ai réussi à faire une bonne saison l’année dernière et que cette réussite me pousse à travailler encore, à faire une saison encore meilleure, cette année. Ce trophée, c’est quelque chose d’important. Mais ce que j’espère le plus, c’est être meilleur que l’année dernière. Ensuite, que le meilleur gagne.