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Immolé par son épouse Aïda Mbacké: Khadim Ndiaye a été inhumé, hier, à Yoff
Publié le vendredi 9 novembre 2018  |  Enquête Plus
Khadim
© Autre presse par DR
Khadim Ndiaye, brûlé vif par son épouse
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Le défunt Khadim Ndiaye a été inhumé, hier, à Yoff. Il laisse derrière lui une famille meurtrie, incrédule et en colère.

A la maison mortuaire de Khadim Ndiaye, c’est un maelström de sentiments qui règne. Le plus prégnant reste l’incrédulité qui se lit sur les regards, les visages ; qui se traduit dans les propos. La sœur du défunt, Mame Diarra, symbolise le mieux ce sentiment diffus qui prend aux tripes. Depuis le drame, elle est inconsolable. Dans son Abaya tricolore, bleu, rose et blanc, foulard sur la tête, chapelet à la main, pieds nus, elle pleure sans cesse. A la bouche, elle n’a que cette litanie qu’elle répète à satiété : ‘’J’ai perdu un ami, quelqu’un qui a beaucoup fait pour moi. Il était tout pour moi. Un gentil homme est parti.’’ Sa psalmodie est entrecoupée de cris stridents. Amies et parents sont impuissants face à sa détresse. Sourde à leurs appels au calme, elle rétorque un ferme : ‘’Laissez-moi, j’ai perdu un ami, laissez-moi !’’, à chaque fois que quelqu’un essaie de la raisonner.

Alors que les hommes sont partis au cimetière de Yoff inhumer son défunt frère, elle ne cesse ses va-et-vient. Si ce n’est les cris et les lamentations, ce sont des versets qu’elle récite, chapelet à la main. Selon les confidences, elle n’a pas mangé depuis mardi soir. ‘’Elle criait de partout dans la maison, à l’étage’’, raconte-t-on.

Dans la cour de la maison, le jeune fils de Khadim, lui, ignore tout du drame qui meurtrit les cœurs autour de lui. Il court, saute dans ses allées et venues. Les femmes qui sont là ne peuvent se retenir. Elles pleurent, en secouant la tête. ‘’Ce gamin de rien du tout, qui ne sait absolument rien de ce qui se passe, aura mal, quand on lui racontera, un jour, les circonstances de la mort de son papa. Le bébé qui vient de naitre, n’en parlons pas’’, se lamentent-elles.

‘’Aïda va payer cher ce qu’elle a fait’’

A côté de l’incrédulité et de la tristesse, sourde une colère froide qui, de temps en temps, laisse place à une éruption. Comme cette dame, M. N., membre de la famille qui, n’en pouvant plus, se laisse aller, tout à son exaspération, alors que la maison refuse du monde. Puisque les femmes et membres de la famille sont de retour de la mosquée où a eu lieu la prière mortuaire. ‘’Je le jure sur le bon Dieu qu’Aïda Mbacké va regretter ce qu’elle a fait’’, lance-t-elle tout de go, debout devant la porte de la maison, face à la délégation de la belle-famille.

En effet, les parents d’Aïda Mbacké ont été installés en face de la maison mortuaire, sous une bâche. ‘’Son acte est ignoble. Une vraie femme ne doit pas asperger d’essence son mari. Au nom d’Allah, je le jure qu’elle en subira les conséquences, car le bon Dieu n’accepte pas que l’on fasse du mal à un bon croyant, un homme timide et pieux comme Khadim, qui faisait tout pour sa famille. Il était à l’écoute de tout le monde. Souriant et respectueux. Tous les témoignages sont unanimes à son propos.’’ Après cette tirade, à la dame qui tente de la calmer, elle rétorque : ‘’Laisse-moi dire ce que je ressens, sinon, je ne dormirai pas cette nuit.’’ Ce faisant, elle s’accroupit et se met à verser de chaudes larmes.

Après qu’elle s’est calmée, elle se lance à quelques confidences qui renseignent sur sa rancœur. Elle confie que la femme de Khadim avait de terribles accès de colère. Qu’elle en faisait baver son mari, lorsque le couple logeait encore dans la maison familiale aux Hlm 4, avec de nombreuses prises de bec. ‘’Aïda Mbacké, lorsqu’elle se fâchait contre son mari, cassait ses lunettes’’, dit-elle. Par la suite, les deux conjoints sont allés loger aux Maristes.

Témoignages

La mort de Khadim Ndiaye a été rendue publique, hier matin. Mais les proches de la famille qui étaient à son chevet, la veille au soir, croient savoir qu’il est réellement décédé le mardi à l’Hôpital général de Grand-Yoff. ‘’Mardi, vers 18 h, lorsque j’étais à l’hôpital, j’ai vu qu’on l’avait recouvert entièrement. Et qu’on avait débranché les appareils qui le maintenaient en vie. On avait des doutes qu’il soit déjà mort. Mais sa maman Awa Cissé étant là-bas avec nous, je crois qu’ils n’ont pas voulu nous l’annoncer en sa présence’’, témoigne cette dame meurtrie, debout dans la cour de la maison mortuaire.

Toujours est-il que le défunt a été inhumé au cimetière de Yoff. Les condoléances ont été reçues aux Hlm 4, à la maison familiale et non aux Maristes où le couple logeait. Voisins, amis et parents ont pris d’assaut la maison mortuaire après 17 h, dès qu’ils ont appris la nouvelle. Les témoignages ont été poignants. Mais aussi les commentaires sont allés bon train. ‘’C’est vraiment triste, inhumain. Le rôle de la femme n’est pas d’immoler son mari’’, lance cette dame. Une autre ajoute : ‘’Hier, j’étais là jusqu’à 3 h du matin pour consoler sa maman Awa Cissé, une brave dame qui a bien éduqué ses enfants. Elle ne mérite pas cela’’, dit-elle.

‘’Il était poli, ne ratait pas les cérémonies du ‘dahira’. Timide, il passait inaperçu dans le quartier. D’ailleurs, c’est sa femme qui dirigeait la commission des femmes dans ce regroupement de jeunes talibés de Moukabaro’’, témoigne Assane Ndoye, un vieux du quartier, assis près de la maison. ‘’Nous prions Allah que ça s’arrête. Nous ne voulons pas que ce genre d’acte se reproduise’’, ajoute-t-il.

La maman Awa Cissé, très calme, n’a pipé mot, depuis qu’elle est retournée à son domicile, après avoir vu, une dernière fois, son fils à la mosquée. Dans son grand boubou Khartoum vert-blanc, elle a reçu les condoléances jusque tard dans la soirée. Elle n’a eu de cesse de recevoir des appels venant, la plupart d’Europe, car un de ses fils y vit.

Motif du crime

Dans cette affaire, les motivations de l’épouse restent une énigme que l’enquête va sûrement élucider. Toutefois, une rumeur tenace veut que le défunt ait réellement pris une seconde épouse. En témoigne cette discussion entre une voisine et une nièce du défunt. ‘’J’ai appris d’une source sûre que le mariage avec une seconde épouse a eu lieu. Il parait que c’est une jeune fille très belle qu’il a épousée ces temps-ci’’. La nièce : ‘’Tu es sûre que c’est vrai ? En tout cas, nous n’en savons rien.’’ Une discussion parmi tant d’autres entendues hier, sur les raisons qui ont poussées Aïda Mbacké à cette extrémité.

D’ailleurs, l’épouse a accouché mardi d’un garçon. C’est la fille de Serigne Babacar Mbacké dit ‘’Moukabaro’’, guide religieux mouride de son défunt mari. Khadim Ndiaye faisait partie des talibés de Moukabaro qui lui a donné sa fille en mariage. Ainsi, c’est lui-même qui a dirigé les prières après l’inhumation à Yoff, chez le défunt. Très peiné par la tournure des événements, il a tenu à présenter ses condoléances à la famille éplorée. Il s’est rendu aux Hlm 4 à la tête d’une forte délégation composée de plusieurs talibés qui n’ont eu de cesse de psalmodier des Zikrs qui ont fait pleurer de nombreuses personnes.
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