L’affaire Cheikh Tidiane Diop est loin de connaître son épilogue. Me Assane Dioma Ndiaye a annoncé, hier, que la famille du défunt détenu qui a succombé à ses blessures lundi dernier, après son immolation par le feu devant le Palais, a décidé de poursuivre le combat. Ce, en déposant une plainte contre l’Etat.
Me Assane Dioma Ndiaye a abordé, hier, l’affaire Cheikh Tidiane Diop, l’ex détenu qui a succombé à ses blessures lundi dernier, suite à une tentative d’immolation par le feu à quelques encablures du palais de la République. Selon la robe noire, la famille de Cheikh a déposé une plainte. « Évidemment, ce sera une relance du dossier Cheikh Diop. Vous savez que depuis 2 années, Cheikh Diop court derrière une indemnisation dans les conditions que tout le monde connaît aujourd’hui. Il a reçu une injection à la maison d’arrêt le 28 août et début septembre, il a commencé à constater une gangrène. Les médecins qui l’ont reçu ont constaté qu’il n’avait jamais eu d’antécédents pathologiques notables. Le médecin qui a établi le rapport et qui a procédé à l’amputation le 20 septembre, soit trois semaines après la piqure, a bien indiqué que le début de la gangrène remonterait à trois semaines. Ce qui correspond à la date de la piqure », a dit Me Assane Dioma Ndiaye lors d’une journée d’échange et de réflexion sur le thème : « pour une indépendance effective de la justice : quels rôles pour les acteurs judiciaires, les autorités politiques, la presse et la société civile ? ». Il ajoute : « donc, du point de vue de la causalité entre la piqure et l’amputation, il y avait aucun doute.
Pourquoi on peut comprendre l’acte de Cheikh Diop qu’il ait subi une piqure que cela n’est pas contesté ? Que cette piqure soit à l’origine d’une gangrène. Et que cette gangrène ait entraîné son amputation alors qu’il était entre les mains de l’Etat parce que si vous êtes en détention, c’est l’Etat qui est débiteur de votre sécurité et de votre état de santé. Qu’on lui oppose une résistance face à une indemnisation alors qu’il a frappé à toutes les portes. Vous comprendrez que la famille a, aujourd’hui, l’obligation morale de continuer ce combat. L’heure est au deuil, mais je pense qu’après ce deuil, les choses reprendront très vite ». Sur le processus d’indemnisation, l’avocat pense que la démocratie moderne est sous-tendue par ce qu’on appelle la redevabilité. « Nul n’est au-dessus de cette redevabilité. Le premier d’ailleurs c’est l’Etat qui doit s’astreindre à cette obligation de redevabilité. L’Etat est un sujet de droit et quelqu’un disait que c’est un miracle que l’Etat accepte de se soumettre au droit. Parce que si l’Etat ne se soumet pas au droit, c’est l’arbitraire, c’est la tyrannie, c’est la dictature », a-t-il dit. Avant de conclure : « si l’Etat cause un préjudice à quelqu’un, il doit le réparer. Le principe de la réparation c’est que quiconque cause un préjudice à autrui, doit le réparer. C’est une chose élémentaire, c’est pourquoi je pense qu’au-delà du drame, cet acte de Cheikh Diop peut avoir une portée miraculeuse pour notre société ».