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Partenariat Ligue 1 sénégalaise de football-Startimes: Macky “parraine“ les Chinois
Publié le mercredi 7 novembre 2018  |  Sud Quotidien
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© Présidence par DR
Le chef de l`État reçoit les clés de l`Arène nationale
Dakar, le 23 juillet 2018 - Le président de la République a reçu les clés de l`Arène nationale des mains du président de la République Populaire de Chine.
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Annoncée en grande pompe, l’officialisation du nouveau partenariat entre la Ligue sénégalaise de football professionnel (Lsfp) et la Chaine Chinoise StarTimes n’a pas fait que des heureux. Au-delà du renflouement des caisses de la Ligue de football professionnel (11 millions de dollars sur 10 ans), ce contrat ne suscite pas moins quelques zones d’ombres. Si l’on sait que la retransmission des matchs de Ligue 1 et des magazines sportifs se fera dans deux mois à travers de décodeurs et dans un bouquet que la chine chinoise va commercialiser, à vil prix. Au grand dam du public sénégalais mais aussi du secteur audiovisuel. A commencer par la société Excaf qui a déjà saisi le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) pour dénoncer le contrat de sponsoring et rappeler que Startimes ne dispose d’aucune habilitation légale pour se prévaloir des qualités de distributeur de services audiovisuels.

«Nous remercions le Président de la République Macky Sall, qui a permis à StarTimes d’acquérir une licence au Sénégal. Ce qui nous permet aujourd’hui de signer ce partenariat avec les Chinois». Ces propos ont été tenus vendredi dernier, au salon d’honneur du stade Léopold Sédar Senghor, par le président de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP), Saer Seck. Mais, si le patron du football professionnel sénégalais estime avoir fait une bonne affaire, quelques interrogations subsistent sur la motivation réelle des Chinois. Visent-ils la promotion du football local ? Difficile de répondre par l’affirmative. Mais d’ores et déjà, certaines langues estiment que la LSFP n’est qu’une voie de contournement pour accéder au marché de l’audiovisuel sénégalais que les Chinois convoitent depuis des années.

DES ZONES D’OMBRES D’UN PARTENARIAT

Le contrat entre la chaine StarTimes officialisé à la veille du démarrage du championnat professionnel n’a pas livré tous ses secrets et suscite moult zones d’ombres. Si la mise à la disposition de dix pelouses synthétiques au bénéfice de la Ligue professionnelle, le versement dans l’escarcelle de la Ligue Pro d’un montant de 6 milliards de Francs, apportent un peu d’oxygène pour les finances, le partenariat de sponsoring n’offrira pas toutefois tout l’accompagnement requis en termes de visibilité et de commodités comme il est déjà annoncé. La possibilité pour le public sénégalais de suivre toutes les rencontres du championnat en direct n’est pas encore effective. Elles ne passeront que pendant les deux mois via l’application Live Tv ou à travers des « highlight» ou résumés de deux minutes des rencontres qui seront proposées par les différentes chaines locales. Passé le délai, la chaine chinoise aurait décidé de diffuser ses matchs sur un décodeur qui sera commercialisé par elle-même. Pis, à vil prix. Nos sources parlent de 4000 voire 4500 F CFA pour un abonnement mensuel contre 76 chaines. 9000 F CFA pour 122 chaines. 12.000 contre 146 chaines et 15.000 pour 300 chaines. Qui dit mieux ? Autrement dit, les amateurs de football doivent débourser pour disposer d’un décodeur afin de suivre les matchs du championnat et dans un bouquet où leur football local serait fortement concurrencé par d’autres championnats. Notamment européens.

LE GROUPE EXCAF DECHIRE LE CONTRAT DE STARTIMES, LE CNRA SAISI

Si ces dispositions semblent agréer largement les responsables de la Ligue professionnelle, elles sont loin d’être acceptées par les tenants du secteur de l’audiovisuel qui n’ont pas manqué de remettre en cause le contrat de StarTimes. Le groupe Excaf a vite fait de le dénoncer en adressant ce lundi 5 novembre une lettre au président du Cnra où il relève la nullité du partenariat et de violation de la Loi. Il estime que StarTimes ne dispose d’aucune habilitation légale pour se prévaloir de l’une de ces qualités, à savoir éditeur de services, opérateur de diffusion et distributeur de service. «Il se prend comme un distributeur de ses services audiovisuels en violation de toute légalité», lit-on sur le communiqué.

LE CNRA AVAIT POURTANT TRANCHE

Pourtant dans un mémorandum rendu public en septembre dernier, le Cnra s’est clairement prononcé sur le différend qui existe entre Excaf Telecom et StarTimes concernant la commercialisation des décodeurs TNT. Il avait même tranché en rappelant qu’Excaf a l’exclusivité d’exploitation, à usage commercial, de l’infrastructure de Télévision Numérique Terrestre (Tnt), à l’exclusion de tout autre opérateur de bouquet payant. «StarTimes médias Sénégal Suarl et Startimes mènent leurs activités au Sénégal dans une totale illégalité, ignorant délibérément les règles qui doivent les régir, alors que le groupe Excaf Télécom, attributaire d’une exclusivité dans la commercialisation de bouquet payant sur la Tnt, est soumis aux obligations et rigueur de la loi ainsi que des conventions de concession de service public et des cahiers des charges approuvés par décret», indiquait l’organe de régulation. «Il est nécessaire de conformer l’application des accords interétatiques signés entre les Gouvernements de la République du Sénégal et de la République de Chine au cadre juridique (légal et réglementaire) d’exploitation de services de communication audiovisuelle au Sénégal, en tenant compte surtout des règles de concurrence loyale entre les différents acteurs, sachant que le bénéficiaire de cet accord (Startimes Médias Sénégal Suarl sous couvert de Startimes), d’une part, dépasse le cadre initial accordé (la connexion de 300 villages du Sénégal à la télévision par satellite», rappelait le Cnra.

LA MISE DE 40 MILLIARDS MENACEE

Rappelons que depuis le 13 août 2014, le groupe Excaf-Télécoms a été désigné pour mener la transition de l’analogique au numérique dans son volet Télévision numérique terrestre (TNT). «Ce sont 40 milliards F Cfa qui seront mobilisés à cet effet pour réussir, à partir du 17 juin 2015 à 01 heure Gmt, le basculement tant attendu vers le numérique. La TNT est un système de diffusion par voie hertzienne qui, grâce aux nouvelles technologies de transmission numérique, permet de diffuser plusieurs chaînes de télévision sur une seule fréquence hertzienne généralement utilisée par une seule chaîne de télévision en mode analogique», avait déclaré avec enthousiasme Sidy Diagne. Mais face à l’arrivée des Chinois, il y a un énorme risque que le groupe Excaf finisse par mettre la clé sous le paillasson pour une faillite inéluctable. Ce, à cause d’une «concurrence déloyale» mais surtout d’un prix (4500 F CFA) d’un abonnement de StarTimes qui défie toute autre offre. C’est donc à se demander si les Chinois sont intéressés par le football local ou par la conquête du marché audiovisuel africain à partir de la plateforme du Sénégal ?

LA COTE D’IVOIRE ET LE GHANA DEJA CONQUIS

StarTimes est déjà installé en Afrique. En effet, depuis novembre 2016, la chaine chinoise a acquis les Droits de la Premier League du Ghana pour les 10 prochaines années. Le but annoncé est de promouvoir l'influence de la Premier League du Ghana en Afrique subsaharienne et d'aider au développement du football ghanéen au cours de la prochaine décennie. Selon l'accord de partenariat stratégique, StarTimes acquiert tous les droits médias de la Premier League du Ghana, du Gala, de la Ligue nationale de division 1, de la Coupe de la Ligue, de la Ligue féminine et de la Ligue des Jeunes du Ghana, pour les 10 prochaines années. StarTimes investira davantage dans la production de programmes pour la Premier League du Ghana et diffusera plus de matchs de la ligue au Ghana et dans d'autres pays africains. Kwesi Nyantakyi, Président de la Fédération Ghanéenne de Football a déclaré : « StarTimes est une marque internationale largement reconnue dans toute l’Afrique. Le Football Ghanéen est également une marque reconnue et notre équipe nationale est l’une des plus fortes du continent. ». Le Président Nyantakyi en a ainsi insisté sur le fait que le partenariat stratégique entre StarTimes et la Fédération Ghanéenne de Football permettra d’accentuer les efforts de développement du football au Ghana. En Côte d’Ivoire, StarTimes s’est lié avec l’ASEC Mimosas, le 21 avril 2017, pour souligne-t-on dans le contrat «favoriser d’une part l’accès à la télévision numérique aux populations et d’autre part accroître le rayonnement du club à travers ce partenariat gagnant-gagnant». Alain Peyrefitte dans un essai paru en 1973 chez Fayard, avait déjà averti : «Quand la Chine s’éveillera…le monde tremblera».

STARTIMES ET LE PAIN BENIT DU SENEGAL

Fruit de la coopération entre le Sénégal et la Chine, l’implantation de la société Startimes Médias s’est d’abord justifiée par l’octroi de la connexion de 300 villages du Sénégal à la télévision par satellite. Mais la société chinoise a dépassé le cadre initial. Selon certaines indiscrétions, ce partenariat avec la Ligue sénégalaise de football en vue de la retransmission des rencontres de football de la Ligue professionnelle aurait, après de longues négociations, été accéléré et finalement concrétisé par le président de la République Macky Sall. Quoiqu’il en soit, l’intrusion de Startimes dans l’espace audiovisuel risque aujourd’hui d’aller à l’encontre des intérêts du groupe Excaf qui avait mis une enveloppe de 40 milliards de FCfa pour détenir l’exclusivité d’exploitation, à usage commercial, de l’infrastructure de Télévision Numérique Terrestre (Tnt), à l’exclusion de tout autre opérateur de bouquet payant. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) dans une de ses recommandations a eu l’occasion de rappeler cette disposition en indiquant que la société Startimes s’est éloignée du périmètre fixé pour son intervention.

Omar DIAW
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