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Un économiste évoque le problème de “l’inadaptation monétaire“ des zones CFA
Publié le lundi 5 novembre 2018  |  Agence de Presse Sénégalaise
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La CENTIF travaille sur des dossiers de blanchiment d`argent
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L’inadaptation de la politique monétaire aux besoins des économies des pays membres des zones CFA résulte d’un double problème de structure et de doctrine, soutient l’économiste Yaya Diandy.

"Du point de vue de la structure, la politique monétaire en zones CFA est en partie inscrite dans les spécificités institutionnelles qui font exister ces deux monnaies à parité fixe avec l’euro. C’est ici que le fonctionnement des comptes d’opérations doit être explicité’’, dit-il.

"Ensuite, du point de vue de la doctrine, à l’intérieur même des règles de fonctionnement – pourtant fort étroites – des zones CFA, il existe des marges qui demeurent inemployées par ses banquiers centraux, malgré d’immenses besoins financiers insatisfaits", a expliqué M. Diandy, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).

Il intervenait au cours d’un atelier sur "Le rôle de la monnaie dans les économies comme celle du Sénégal", une rencontre organisée ce week-end à Saly-Portudal (Mbour, ouest), sous l’égide du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (COJES), en partenariat avec la Fondation Freiderich Ebert Stiftung.

Selon l’économiste, les structures institutionnelles des zones CFA "rendent la politique monétaire rigide et, dans bien des cas, trop restrictive compte tenu du niveau de développement des pays concernés".

"À l’intérieur de ces structures, les choix opérés par les dirigeants des zones CFA accentuent davantage encore le caractère restrictif de la politique monétaire, au-delà de ce qu’imposent les règles légales de fonctionnement", a-t-il poursuivi.

D’après Yaya Diandy, un pays souhaitant maintenir sa monnaie à parité avec une ou plusieurs autres monnaies, doit acheter ou vendre sa monnaie contre des devises étrangères en fonction des fluctuations de l’offre et de la demande sur le marché monétaire.

"Si la monnaie nationale est très demandée, argumente-t-il, pour éviter qu’elle ne s’apprécie par rapport aux autres monnaies, la Banque centrale achète alors des devises en vendant sa monnaie nationale. Elle engrange donc des devises : ses réserves augmentent".

A contrario, si la monnaie nationale "est peu recherchée sur le marché monétaire, son cours va au contraire avoir tendance à se dégrader, la monnaie se dévalorise car il y a un excès chronique de l’offre de monnaie nationale contre devise", a souligné l’universitaire.

Dans l’hypothèse où l’économie est "suffisamment diversifiée", ce qui dépend en partie d’une telle politique, "il en résulte alors des excédents commerciaux systématiques qui permettent de constituer des réserves de change et de détenir durablement des créances sur ses partenaires commerciaux", a fait valoir Idrissa Yaya Diandy.

"Une telle politique permet de dégager des marges de manœuvres internes car elle permet d’assurer, pour les résidents, un accès souple aux liquidités pour la dépense interne et l’investissement. Elle permet également d’obtenir des marges de manœuvre externes, y compris sur le plan géostratégique car détenir des créances sur d’autres pays permet à la fois de moins dépendre d’instances telles que le FMI et d’agir potentiellement sur leurs taux d’intérêts", a-t-il souligné.

Dans le cas du système CFA actuel, "la stabilité monétaire se paie par une forte instabilité réelle sur le marché des biens et services et sur le front de l’emploi", a fait observer Diandy.

Aussi serait-il selon préférable de "faire en sorte que le système des prix soit en mesure de jouer un rôle dans les ajustements, ce qui ne contraindrait pas à sacrifier régulièrement l’économie réelle sur l’autel de la stabilité monétaire".

Le franc CFA (Communauté financière africaine) est la monnaie utilisée dans 14 pays de l’Afrique subsaharienne appartenant à l’une des deux unions monétaires de la région.

Le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo sont membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Les six autres pays — le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad — forment la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC)

ADE/BK
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