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Magal 2018: La crise des valeurs au banc des accusés
Publié le mardi 30 octobre 2018  |  Rewmi
Cérémonie
© aDakar.com par SB
Cérémonie officielle du Magal de Touba
Touba, le 29 octobre 2018 - La 124e édition du Magal de Touba a vécu. La cérémonie officielle de l`édition 2018 s`est tenue à Touba en présence du Khalife général des Mourides. La délégation gouvernementale a été conduite par le ministre de l`Intérieur.
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Le Magal 2018 a vécu. Cette année, l’ampleur des arrestations opérées par la Police et le sermon du Khalife, sans oublier certaines observations d’hommes politiques comme Madické Niang, mettent en avant la problématique de la crise des valeurs.

En effet, il est curieux qu’à Bambey, Diourbel et Touba, la Police ait pu faire dans un laps de temps, des interpellations de l’ordre de 511 individus pour divers motifs.

Le chiffre est éloquent quand on sait qu’en la matière, le nombre de délinquants non arrêtés peut être tout aussi important ou même plus si l’on considère le ‘’chiffre noir’’, c’est-à-dire la différence entre les crimes connus et ceux qui ne le sont pas (délinquance réelle).

On peut supposer par exemple qu’il y a au moins un millier de personnes hors-la-loi qui roderaient autour de Touba dans cette période. Une situation inquiétante qui en dit long sur la crise des valeurs dans une société en pleine mutation.

Une situation qui interpelle chaque Sénégalais, surtout les hommes politiques dont la mission est justement de travailler à l’éducation et à la formation des populations pour en faire des citoyens-modèles.

Une situation qui n’a pas laissé indifférent le Khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, par la voix de son porte-parole, Serigne Basse Abdou Khadre Mbacké.

Il n’a pas manqué d’interpeller la classe politique sur le fait que « Le pays ne se construit pas dans la farce, le jeu ou la plaisanterie. Qu’on évite aussi la jalousie, la suspicion et qu’on cultive l’amour entre musulmans. »

Ce serment du Khalife traduit une préoccupation de nombreux fidèles liée au fait que le jeu électoral est devenu une sorte de ‘’corrida’’ où les plus rusés et les plus téméraires emportent la bataille. Le Khalife a plutôt appelé au respect des valeurs incarnées par l’Islam et dont le Saint Guide Cheikh Ahmadou Bamba a été l’incarnation toute sa vie.

Il reste convaincu que toute autre ‘’stratégie’’ est vouée à l’échec, comme un château de cartes.

Comme pour corroborer ses propos, Me Madické Niang, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, a soutenu, devant la presse, que le principal artisan de la crise des valeurs est Macky Sall.

« Aujourd’hui, les principaux responsables de la crise de valeurs, ce sont ceux qui sont à la tête de ce pays. Pourquoi ? Parce qu’ils doivent donner le bon exemple. Ils ont instrumentalisé la justice pour écarter des adversaires. Ils ont utilisé les moyens de l’État pour des raisons purement personnelles. Au lieu de sévir l’État, ils se sont servis » a soutenu Me Madické.

Des propos qui ont leur soubassement politique : Montrer à l’opinion publique qu’il n’est pas un pion de Macky Sall et tempérer les ardeurs de Me Wade qui doute de ses bonnes intentions.

Ces propos ont aussi l’intérêt de montrer que, comme le souligne le Khalife, ceux qui dirigent ce pays ou aspirent à le diriger ont l’obligation de s’inscrire dans un code de conduite qui inclut l’éthique et la morale au service de Dieu et des populations.

Bien sûr, le régime d’Abdoulaye Wade n’a pas été exempt de reproches s’agissant de la perte des valeurs. Est-ce que depuis lors, des efforts ont été faits dans le sens de rectifier le tir ? Nous ne le pensons pas.

Les corps de contrôle instaurés pour la reddition des comptes et la traque des biens mal acquis ont été détournés largement de leurs objectifs et la Justice instrumentalisée.

Les marchés de gré à gré se sont multipliés pour enrichir des individus pas forcément méritants et le Président reconnait avoir mis le coude sur certains dossiers.

Il nous semble savoir que si la Police avait les coudées franches, elle pourrait aussi arrêter plus de 511 délinquants à col blanc qui ont dilapidé des fonds publics.

Mais comme la Justice est à double vitesse, ce sont les petits délinquants qui en pâtissent le plus.

Assane Samb
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