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Keur Massar, une commune dakaroise gagnée par l’insécurité
Publié le dimanche 21 octobre 2018  |  Agence de Presse Africaine
Keur
© Autre presse par DR
Keur Massar est l`une des 16 communes du département de Pikine
Située à l`entrée de la presqu`île du Cap-Vert, à l`est de Dakar, elle fait partie de la ville de Pikine. La commune de Keur Massar a été créée en 1996
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Keur Massar, populeuse commune de la banlieue dakaroise, a occupé l’actualité sénégalaise ces derniers jours pour avoir enregistré une série de meurtres et agressions, entretenant ainsi l’idée d’une zone criminogène chez beaucoup de citoyens, même si le maire Moustapha Mbengue explique cette triste réputation par la configuration de sa localité.

Petit village, à sa naissance en 1962, Keur Massar (maison de Massar en wolof) tirerait son nom de son premier habitant, Massar Dièye.

Considérée comme la commune la plus vaste et la plus peuplée de la région de Dakar, Keur Massar a connu une ascension fulgurante jusqu’à couvrir aujourd’hui une superficie de 25 km² répartie sur 136 quartiers. Paradoxalement, une seule brigade de gendarmerie forte de 13 éléments veille sur la sécurité de cette grande agglomération.

« Keur Massar est une commune en extension créée en 1996, avec une population de 8000 habitants à l’époque. Aujourd’hui, on se retrouve avec une population de 593.000 habitants, donc vous voyez la démographie comment elle est galopante. C’est normal qu’il y ait de l’insécurité parce que les mesures d’accompagnement ne suivent pas », a confié à APA le maire Moustapha Mbengue.

Une des 16 communes du département de Pikine, elle est limitée à l’est par le département de Rufisque, à l’ouest par les communes d’arrondissement de Yeumbeul-nord et sud, au nord par la commune d’arrondissement de Malika et au sud par, notamment, la réserve forestière de Mbao. A en croire l’édile, celle-ci favorise le plus l’insécurité à Keur Massar.

Forêt classée de Mbao, refuge des malfrats

« Quand les bandits commettent des agressions sur les populations et qu’on les poursuit, ils rentrent directement dans la forêt classée (large de 700 ha), ce que ces dernières (les populations) n’osent pas faire », a-t-il indiqué.

C’est pourquoi, souligne le maire, « nous voulons, pour plus de sécurité, avoir à l’entrée de la forêt classée deux voies de dégagement. (…) Si on a ces deux voies de dégagement avec un éclairage public, les bandits ne prendront pas le risque de les traverser pour commettre leurs forfaits ».




Outre cette forêt, la décharge de Mbeubeuss constitue parallèlement un autre « refuge de bandits », selon M. Mbengue, qui en profite pour renouveler ses condoléances aux familles des dernières victimes qui ont perdu la vie à Keur Massar, en l’occurrence la responsable politique communale du parti Pastef, Mariama Sagna, et le chef douanier, Cheikhou Sakho.

La première a été trouvée morte chez elle, samedi 6 octobre dernier, quelques heures après avoir pris part à un meeting tenu en présence de son leader, le virulent opposant Ousmane Sonko. Ses présumés agresseurs, soient des charretiers, l’auraient étouffée à mort après avoir tenté de la violer, selon la presse. Ils ont tous été arrêtés.

La seconde victime est le chef de la Brigade spéciale des douanes de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass. Cheikh Sakho a été retrouvé mort dans sa voiture, dans la nuit du 4 au 5 octobre, à l’entrée de cette commune. Cette mort est toujours entourée d’un mystère, la presse rapportant qu’un pistolet, retrouvé prés du corps de la victime, aurait servi à lui ôter la vie.

Un 3ème meurtre évité en une semaine

Quatre jours après ce drame, on a failli assister à un autre meurtre à Keur Massar. En effet, un agent de santé, membre d’un célèbre syndicat de ce secteur, a été nuitamment poignardé à l’abdomen pendant qu’il rentrait chez lui après le travail.

Suite à ces agressions criminelles, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye a annoncé que la lutte contre l’insécurité serait renforcée avec la construction de nouveaux commissariats dans la banlieue dakaroise pour « installer la peur dans le camp des bandits ».




« La zone est couverte en partie par la police et la gendarmerie, mais nous allons renforcer les moyens dans le secteur. Le terrain devant abriter le commissariat a déjà été attribué, les travaux vont incessamment démarrer. Keur Massar fait partie de nos cibles à l’image des zones environnantes telles que Yeumbeul, Diamaguène, Rufisque, Zac de Mbao, Guédiawaye », a dit Aly Ngouille Ndiaye, en marge d’une rencontre avec une délégation de l’Union européenne sur la sécurité intérieure.

Réunions sécuritaires dans les quartiers

Ce discours satisfait en partie le maire de Keur Massar, commune dont la moyenne d’âge des habitants est de 45 ans, même si l’édile estime que « la sécurité est l’affaire de tous », notamment « de la famille » qui a la responsabilité « d’éduquer » sa progéniture.

De ce point de vue, le directeur général de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (ASP), Pape Khaly Niang, a suggéré des concertations sécuritaires pour réduire les risques d’insécurité dans les quartiers touchés par la recrudescence de la violence, notamment à Keur Massar.

« On doit, dans le cadre de ces réunions trimestrielles sécuritaires dans les quartiers, aller dans le sens de la recherche de solutions, par rapport à ces individus dangereux au sein de la société, essayer d’anticiper sur ce qu’on appelle la prévention primaire en identifiant les individus prêts à passer à l’acte », a souligné M. Niang, spécialisé en criminologie.

Pour lui, en effet, « les séries de meurtres enregistrés à Keur Massar ou dans d’autres localités ne sont pas liées à un problème d’insécurité mais on a affaire à des comportements d’individus isolés qu’on doit analyser ».


ODL/te/cat/APA
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