Dakar (Sénégal) Par Abdourahmane Diallo - L’ONG Human Rights Watch, dans un rapport sur l’exploitation sexuelle et le harcèlement dans les écoles publié jeudi à Dakar, a appelé les autorités sénégalaises à « mettre fin à la culture du silence et sanctionner les enseignants coupables d’abus » sur leurs élèves, a constaté APA.
Le rapport de 98 pages, intitulé « Ce n’est pas normal : Exploitation, harcèlement et abus dans des écoles secondaires au Sénégal », dénonce, témoignages à l'appui, les violations commises à l’encontre de filles dans des collèges, principalement par des enseignants et personnels des écoles.
En effet, selon Human Rights Watch, des enseignants abusent de leur autorité pour obtenir de leurs élèves des relations sexuelles en échange d’argent, de bonnes notes, de la nourriture, des téléphones portables ou des vêtements neufs.
C’est pourquoi, elle invite les autorités à renforcer les efforts pour protéger les jeunes filles contre de tels abus et à tenir pour responsable de leurs actes les enseignants qui ne respectent pas les normes professionnelles ou la loi sénégalaise. Pour l’ONG, cela devrait passer par l’adoption d’une politique nationale face à ce qu’elle qualifie de « comportement illégal ou déplacé ».
Par ailleurs, l’ONG signale que les écoles secondaires ne sont généralement pas dotées de dispositifs d’alertes confidentiels et que de nombreuses filles hésitent à dénoncer les abus dont elles sont victimes par crainte d’être humiliées ou confrontées à l’incrédulité de l’opinion.
Selon Human Rights Watch, les perceptions culturelles selon lesquelles les filles seraient responsables des avances qui leur sont faites par leurs enseignants, la crainte de provoquer le départ de ces derniers vers d’autres cieux et le flou sur la matérialité de l’exploitation sexuelle sont autant d’obstacles à sa dénonciation.
L’exploitation sexuelle et le harcèlement sont une violation flagrante des obligations professionnelles et éthiques qui incombent aux enseignants et un crime au regard de la loi sénégalaise lorsque les victimes sont âgées de moins de 16 ans.
Le harcèlement des élèves à des fins sexuelles et le fait d’abuser de son pouvoir et de son autorité sur un enfant dont on est l’enseignant sont des crimes passibles de peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.