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Enseignement supérieur: Le grand bazar
Publié le samedi 13 octobre 2018  |  Enquête Plus
Installation
© Ministère par DR
Installation du Conseil d`administration de l`UVS
Dakar, le 11 octobre 2018 - Le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a procédé à l’installation officielle du Conseil d’administration de l’Université Virtuelle du Sénégal (UVS) ce jeudi 11 octobre 2018.
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40 000 étudiants renvoyés à leurs domiciles, des chefs d’établissement privé à cran, un ministre de l’Enseignement supérieur qui peine à se faire entendre par son homologue des Finances, une série de grèves en perspective : la situation est loin d’être réjouissante dans le supérieur. Actuellement, 3 milliards de francs Cfa pourraient ramener la sérénité.

Après la décision ferme de renvoyer 40 000 étudiants orientés par l’Etat dans les établissements privés, le ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, a réagi, hier, et souligné que les 3 milliards de francs Cfa de la loi de finances rectificative ont été dégagés. Que les engagements pris par son ministère ont été respectés. A ses dires, toutes les notifications ont été envoyées pour que les établissements privés de l’enseignement supérieur en charge de ces étudiants soient payés. Alors où se situe le blocage ?

En juin dernier, lors d’une visite à la Direction générale du Trésor, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, s’était interrogé sur cette dette. ‘’Malheureusement, disait-il, on a inscrit beaucoup plus d’étudiants dans ces cycles et aujourd’hui, on est peut-être à 16 milliards qu’il faut regarder pour voir qu’est-ce qui les justifie. Ces dépenses ne sont pas prévues dans le Trésor, c’est pourquoi on ne peut pas les payer maintenant. Mais, dans tous les cas, nous procéderons au paiement. Nous prévoyons d’aller à l’Assemblée nationale très prochainement pour une loi de finances rectificative’’.

L’argentier avait ajouté que ‘’peut-être à l’insu du ministre de l’Enseignement supérieur, il est possible que des étudiants soient inscrits au niveau des écoles et que les factures reçues par le ministère dépassent largement les prévisions budgétaires. C’est possible. Mais je n’accuse pas le ministère’’. Cette réticence d’alors est-elle la cause du retard dans le paiement de cette dette, alors que la tutelle assure que tout est au point ?

‘’Mary Teuw Niane tempère toujours’’

En tout cas, Mary Teuw Niane assure que, sous peu, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan va payer les 3 milliards de francs Cfa. Mais l’impatience a gagné les rangs du Cadre unitaire qui regroupe qui la Conférence des établissements privés de l’enseignement supérieur du Sénégal (Cepes), la Conférence des grandes écoles (Cge), la Fédération des établissements privés d’enseignement supérieur (Fepes). Joint par ‘’EnQuête’’, Daour Diop fait remarquer que ’’dégager ne signifie pas payer’’. ‘’Jusqu’à présent, on n’est pas au courant d’un paiement. D’après les dernières informations que nous avons reçues, il n’y a même pas les mandats. Rien n’a évolué, on attend toujours’’, dit-il au bout du fil. Il précise qu’ils ont suspendu les cours jusqu’à ce que l’Etat règle les 16 445 599 167 F Cfa qu’il leur doit.

Alors que le ministre Mary Teuw Niane veut des négociations à propos du reste du montant dû aux établissements privés. Il souhaite rencontrer et discuter avec le Cadre unitaire des établissements privés, afin de payer les 13 milliards petit à petit, afin d’épuiser toute cette dette.

Sûrement qu’il sera entendu, puisque le Cadre unitaire a réaffirmé, récemment, la nécessité de rendre durable le partenariat avec l’Etat, à condition que celui-ci respecte ses propres engagements. Le souhait du gouvernement, dit le ministre, est ‘’d’orienter les étudiants dans les meilleures conditions’’. Toutefois, il reconnait que ces derniers sont dans leurs droits de réclamer leurs dus, car c’est avec cet argent qu’ils payent leurs professeurs et charges.

Les étudiants préparent un plan de lutte

Dans ce bras de fer, les étudiants ne comptent pas être les agneaux du sacrifice. Leur coordonnateur national, Zakaria Niasse, confie à ‘’EnQuête’’ qu’ils sont en train de préparer une stratégie de lutte allant dans le sens de régler cette question. ‘’Nous avons mis en place des plannings qui seront mis en œuvre. Nous avons adopté des initiatives et nous allons nous faire entendre’’, menace le coordonnateur. Avant-hier, révèle-t-il, une assemblée générale a été tenue à Dakar avec les représentants de Thiès, pour discuter des mesures à prendre. Déjà, deux mouvements des autres instituts ont manifesté dans les rues de Dakar. Selon le coordonnateur national, ‘’le jeu’’ des deux ministres, à savoir celui de l’Enseignement supérieur et son homologue de l’Economie, des Finances et du Plan ne les concerne pas. L’essentiel, dit-il, est que l’Etat solde les dettes. ‘’Ce qu’ils sont en train de jouer ne nous concerne pas. Les cours se sont arrêtés partout. Nous déplorons le fait que le gouvernement ne prenne pas en charge les questions prioritaires et cela constitue un handicap pour un pays qui veut émerger’’, dénonce Zakaria Niasse.
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