Les avocats de l'ancien président tchadien ont tenu, hier, en prélude à leur conférence de presse prévue ce jeudi 10 avril, à souligner qu'ils vont épouser une nouvelle ligne de défense. Occasion saisie par Me El Hadji Diouf pour décocher des flèches au procureur près les Chambres africaines extraordinaires, Mbacké Fall.
Une réaction plus musclée ! C'est ce que promet Me El Hadji Diouf, dans le cadre du dossier Hissein Habré qui tient en haleine l'opinion internationale. À la suite de la sortie médiatique du procureur près de les Chambres africaines extraordinaires (CAE), l'avocat de la défense a tenu à riposter. C'était lors d'un point de presse tenu en présence de Me François Serres et de Me Ibrahima Diawara.
''Je suis un homme bien éduqué. Jamais, je n'ai tenu des propos injurieux. On peut me reprocher mes vérités crues qui peuvent choquer ceux qui n'ont pas la conscience tranquille. Personne ne pourra m'écarter de ce dossier'', a-t-il souligné à l'entame du point de presse, faisant allusion à la sortie du procureur Mbacké Fall qui a évoqué, avant-hier, l'éventualité d'une levée de l'immunité parlementaire du député ''s'il persiste dans les outrages et injures''.
Pour Me El Hadji Diouf, Mbacké Fall dépasse les limites. ''Il se prend pour le porte-parole des Chambres africaines extraordinaires ou le chef des juges d'instruction. Il n'a de cesse de violer le secret de l'instruction.''
Autant de raisons qui poussent le député à souligner qu'il n'est aucunement ébranlé par cette campagne ''d'intimidation'' orchestrée par des hommes ''aux basques'' de l'actuel président tchadien Idriss Deby, qui a sorti des moyens financiers assez colossaux pour financer ce procès, dans le but de ''liquider son ''ennemi juré''.
Et dans cette foulée, le célèbre avocat, impulsif à volonté, d'indiquer : ''on ne me jettera pas en pâture et ils ne seront pas en mesure de me retirer de cette affaire. Car, c'est une hérésie judiciaire de vouloir changer les avocats de la défense, parce que leurs clients refusent de répondre aux questions. On n'acceptera pas qu'ils veuillent uniquement condamner Habré.''
Une commission d'enquête parlementaire sur les milliards en provenance du Tchad
Citant l'article du journal EnQuête intitulé ''Deby censure Dakar'', l'avocat a ajouté que le président tchadien n'a aucunement le droit de s'arroger un tel ''pouvoir de décision'', à moins qu'il ne cherche à échapper à la ''justice''. Il s'y ajoute, dira-t-il, que ''les responsables des crimes contre l'humanité sont à chercher dans le régime de Deby. Mais, cette affaire sera tirée au clair.'', a-t-il prévenu.
Me El Hadji Diouf a également révélé que le pool des avocats de l'ancien président tchadien Hissein Habré va saisir l'Assemblée nationale, pour une commission d'enquête parlementaire en charge d'édifier l'opinion nationale sur les deux milliards de francs en provenance du Tchad dans le cadre du procès.
Il sera aussi question, pour les parlementaires, de plancher sur la construction de la prison où est détenu l'ancien président poursuivi pour génocide, crime contre l'humanité. ''Il n'y a pas eu d'appel d'offres, l'identité de la personne qui a construit cette prison mérite d'être révélée, de même qu'un audit sur les 130 millions de F CFA s'impose'', a indiqué l'avocat.