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ITV - Ibrahima Hamidou Dème, président du Mouvement Ensemble: ‘’C’est regrettable, la justice sénégalaise n’a pas pris sa véritable place’’
Publié le mardi 9 octobre 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DR
Le juge Ibrahima Hamidou Dème
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Le président du mouvement Ensemble, Ibrahima Hamidou Dème, était en tournée politique dans la région de Kolda. Le juge démissionnaire de la magistrature et candidat à la Présidentielle 2019 s’est confié à ‘’EnQuête’’ sur sa vision politique. L’ancien magistrat jette aussi un regard critique sur la justice sénégalaise et le système du parrainage.

La région de la Casamance, notamment Kolda, est confrontée à la coupe abusive du bois. Que pensez-vous de la réponse de l’Etat du Sénégal pour préserver nos forêts ?

Il faut d’abord regretter que les politiques publiques, depuis quelques années, ne prennent pas en compte l’importance des forêts, de l’environnement pour la survie de notre écosystème, mais aussi pour la survie de notre pays. Parce que les forêts constituent les poumons de notre économie nationale. Je crois que toute politique publique qui se veut efficace et durable, doit tout faire pour préserver nos forêts. Nous avons vu, ces dernières années, une déclassification des forêts. Ce qui est regrettable. On déclassifie des forêts classées pour des raisons dont on ignore. C’est dire qu’il n’y a pas suffisamment d’autorité et de fermeté pour qu’il n’y ait pas de coupe abusive de bois. Ça montre que, dans notre pays, il y a un problème de bonne gouvernance, de fermeté et du respect de la loi. Or, la loi doit s’appliquer de manière ferme contre les trafiquants de bois qui détruisent notre environnement.

Le mouvement Ensemble va-t-il réussir à collecter le nombre de signatures requis ?

Oui. Nous sommes optimistes. Si nous n’étions pas armés de confiance, nous ne serions pas sur le terrain politique, même si nous le faisons dans des conditions difficiles. Parce que nous avons des moyens limités. Nous avons débuté le parrainage depuis un mois. Nous nous battons plus que les autres organisations politiques. Et nous avons espoir que nous allons rassembler le nombre de signatures nécessaires pour présenter notre candidature. Mais nous ne nions pas qu’il y a des difficultés. Et ces difficultés-là sont la conséquence d’une campagne qui est là, d’une politique qui est là et qui fait que les grands partis comme le parti au pouvoir, par exemple, qui n’a besoin que 60 mille signatures pour le maximum, peut-être d’une réserve de 20 mille signatures, puisse dire qu’il va rassembler trois millions de signatures. Et ça m’a beaucoup surpris : personne ne s’est levé contre ces genres de procédés qui sont déloyaux et contraires à toutes les règles de la démocratie. ‘’Nous sommes les plus forts. Nous avons de l’argent. Nous ferons tout pour que les partis ou les candidats qui n’ont pas de moyens ne puissent pas réunir les signatures nécessaires’’. Leur objectif est de tout prendre pour que les autres n’aient aucune signature. Ça, ce n’est pas du fair-play. Car, en démocratie, il faut qu’il y ait un fair-play. On doit faire preuve d’élégance et de loyauté. Et on en manque véritablement dans la classe politique sénégalaise. Mais qu’à cela ne tienne, nous allons continuer de nous battre avec acharnement.

Est-ce que votre combat politique est aussi de tout faire pour que l’Etat ne puisse pas avoir sa mainmise sur la justice sénégalaise ?

Oui. J’ai toujours dit, à l’interne, ce que je pensais de la justice sénégalaise. Tout le monde sait que j’ai démissionné à cause des dysfonctionnements du pouvoir Judiciaire. Maintenant, je crois que chaque Sénégalais peut être juge ou peut lui-même analyser le fonctionnement de la justice sénégalaise. C’est regrettable, la justice sénégalaise n’a pas pris sa véritable place pour être l’arbitre, pour être le dernier recours, pour être le garant de la paix sociale et de notre démocratie. Nous le regrettons. Mais nous ne désespérons pas. Nous pensons qu’il y aura un sursaut et lorsqu’il y aura des changements, nous pourrions avoir une justice forte et efficace pour le bien du Sénégal.

Pensez-vous pouvoir faire mieux que ceux qui sont aux affaires ?

Si je n’avais pas ce sentiment-là, cette vision-là, je n’aurais jamais fait la politique par hasard. Donc, je fais la politique pour participer davantage à la vie publique, pour apporter notre part dans la construction de l’édifice nationale. Et nous arriverons à notre objectif. Parce que nous avons des compétences, mais surtout la probité nécessaire. Parce que le peuple n’a pas simplement besoin de compétences, mais il a besoin d’hommes qui savent tenir leurs paroles données pour développer efficacement le pays.

Pouvez-vous revenir sur l’objet de votre visite dans la région de Kolda ?

Notre séjour à Kolda constitue la dernière étape d’une visite que nous avons entamée, il y a quatre jours. Une visite qui nous a permis d’aller dans plusieurs localités comme Tambacounda, Vélingara, entre autres. Elle entre dans le cadre d’une politique que nous avons choisie, depuis le début, qui se veut une politique de proximité, qui nous a permis de sillonner les différentes localités du territoire national pour nous enquérir de la situation des Sénégalais qui y vivent, ensuite de recueillir leurs points de vue, leurs difficultés et de constater, de visu, ces difficultés qu’ils vivent et d’essayer enfin d’envisager des solutions. Parce que nous ne pouvons pas guérir un mal, si nous ne faisons pas le diagnostic. Elle nous a permis de connaitre davantage les difficultés que vivent les Sénégalais. On ne peut pas parler d’émergence, alors que l’Etat n’a pas encore résolu les problèmes les plus vitaux des populations.

Quels sont ces problèmes vitaux ?

Je veux parler des problèmes d’alimentation, des problèmes d’eau, de santé, d’éducation, d’environnement, entre autres. Voilà les principaux problèmes dont sont confrontés les Sénégalais, en dehors des autres problèmes que nous pouvons considérer comme secondaires. Mais nous estimons qu’une gouvernance doit avoir des priorités. La priorité devrait être la résolution de ces difficultés-là que nous considérons comme primaires et vitaux. Mais nous nous sommes rendu compte, en sillonnant l’intérieur du pays et les localités les plus reculées, que beaucoup de Sénégalais peuvent se sentir comme n’appartenant pas à la collectivité. Parce qu’on se rend compte qu’aucun service de l’Etat n’est parfois présent à certains endroits. Ce qui est regrettable. Parce que nous sommes dans un pays qui n’a pas beaucoup de moyens, mais encore faudrait-il que les besoins vitaux soient réglés. Parce que nous avons des ressources que nous pouvons exploiter, afin de résoudre ces problèmes-là.

Quelle regard portez-vous sur l’école sénégalaise dont c’est la rentrée scolaire ?

Tout d’abord, j’espère qu’on ne parlera pas, dans quelques mois, de sauver encore l’année. Parce que, depuis quelques années, c’est une ritournelle : comment faire pour sauver l’année scolaire ? Et là, j’en appelle à la responsabilité, d’abord, de l’Etat qui doit vraiment mener des politiques publiques qui nous permettent de transcender les problèmes qui deviennent récurrents. Ensuite, la communauté enseignante et, enfin, on doit aussi mettre à contribution les parents d’élèves. Donc, c’est toute une communauté qui doit réfléchir sur un problème qui est essentiel pour la survie de notre pays : l’éducation de nos enfants. C’est un secteur prioritaire que nous devons davantage prendre en charge avec beaucoup de responsabilités

EMMANUEL BOUBA YANGA
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