Depuis quelques jours, on a assisté à un quasi-lynchage médiatique d’Ousmane Sonko, un des candidats à la présidentielle de 2019.
Il est accusé de tous les péchés d’Israël ou…de djihadistes. Des membres de la mouvance présidentielle dont le dernier, Benoit Sambou, des personnalités religieuses comme Ahmed Khalifa Niass, ne le lâchent plus d’un iota. Il fait l’objet de l’attention dans les médias. Il a manifestement pris la place d’Idrissa Seck qui, il y a de cela encore quelques semaines, était l’homme à ‘’abattre’’.
Les choses se sont intensifiées depuis la sortie de son livre-programme le mois passé. Il faut dire que c’est l’homme qui a ouvert les hostilités avec des phrases-assassines contre l’actuel locataire du Palais. Il ne rate pas une occasion de s’en prendre à Macky.
Tout cela entre, bien sûr, dans la rivalité classique, normale et même souhaitable en politique.
Cependant, depuis hier, un fait grave nous trouble tous : Une jeune dame, Marième Sagna, vient d’être vraisemblablement assassinée chez elle après avoir été violée.
Or, il se trouve que c’est une militante de Sonko. Son mentor reste convaincu du caractère ‘’politique’’ de l’acte, même si l’enquête n’a pas encore révélé son contenu.
Alors, nous parlerons au conditionnel tout en n’écartant pas la piste de l’acte ignoble (vol aggravé, crime passionnel, règlement de compte, etc.). Tout est possible, en pareils cas.
Cependant, si l’on suppose que son acte soit lié à son engagement politique, ce serait le premier acte de violence politique grave de la présidentielle de 2019.
En effet, la violence morale par des accusations graves de ‘’terrorisme’’ est déjà quelque chose d’inacceptable. Des hommes de la trempe de Ahmed Khalifa Niass, pourtant imbus de savoir religieux, doivent savoir raison garder. Leur terrorisme verbal est dérangeant.
S’agissant des caciques du régime, ils doivent apprendre à entrainer leurs adversaires sur le terrain du débat d’idées au lieu de privilégier les attaques personnelles, les querelles de clocher.
Les populations en ont marre de ces débats au rabais avec des arguments de bas étage.
Le ‘’phénomène’’ Sonko est une preuve patente du fait que la nature a horreur du vide et que l’adversité, il en a aura toujours en politique et en démocratie. D’ailleurs, cette dernière se nourrit d’elle et en fait sa fusée porteuse. Cette adversité est cependant mesurée. Elle ne tolère ni la violence physique, ni la violence morale.
C’est pourquoi, face à une élection à enjeu aussi important et stratégique, face à la velléité des partisans des deux camps à user de tous les moyens possibles de capitalisation de leurs potentiels de vote, nous ne pouvons que nous retourner vers les forces de défense et de sécurité pour qu’elles travaillent davantage à assumer leurs missions régaliennes de sécurisation des populations.
La violence appelle la violence et il serait dommage que l’adversité politique se transforme en animosité et batailles entre états-majors politiques.
Si du sang est versé, cela risque de se reproduire, malheureusement.
C’est pour cela que la mort de Marième Sagna ne saurait rester impunie. Les auteurs d’un acte aussi lâche doivent être identifiés, arrêtés, jugés et emprisonnés.
Keur Massar est malheureusement une zone devenue très criminogène. Il y règne une obscurité et une insécurité croissante malgré la toute nouvelle gendarmerie installée à côté de l’hôpital.
Et c’est surtout dommage que dans notre pays, nous n’ayons pas une culture de la patrouille des forces de sécurité, surtout la nuit et dans les zones à risque.
Les hommes de loi qui sont souvent en faction, le sont dans des Check-points connus, ce qui évidemment ne suffit pas.
Or, la sécurité des populations passe forcément par une révolution en changeant les modes d’intervention et d’action en la matière. A quoi bon recruter s’il faut confiner les éléments dans des brigades et commissariats et certains angles de nos carrefours une fois la nuit tombée ?
C’est pourtant le moment de décourager tous les criminels, qu’ils soient à col blanc ou non.