Le bras de fer s’engage entre l’Etat et les travailleurs de la Justice, face aux blocages imputables aux ministres chargés de la Justice, des Finances, du Budget et de la Fonction publique.
Une grève générale de 72 heures renouvelables est observée dans les cours et tribunaux, depuis hier. Les revendications du seul syndicat du secteur portent sur le plan de carrière et les régimes indemnitaires.
Argent, foncier, avancement, statut, avantages et privilège, ainsi peut-on résumer les doléances du Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST). Lequel a décrété trois jours de grève, à compter d’hier lundi 1er octobre 2018. Treize doléances sont sur la table des autorités. D’abord, le plan de carrière qui comporte huit points à satisfaire, à savoir : la «régularisation du régime indemnitaire des Administrateurs de greffe» (ADG) ; le «verrouillage de l’accès au corps des ADG exclusivement réservé aux greffiers par voie de concours professionnel» ; le «reversement des greffiers ayant une ancienneté de 10 ans ou plus dans le corps des ADG après une formation de 12 mois» ainsi que le «reclassement du corps des greffiers à la hiérarchie A3».
Dans le nouveau plan de carrière dont rêvent les greffiers et corps assimilés, figure le «relèvement jusqu’au niveau de la licence du diplôme exigible au concours d’entrée au Centre de formation judiciaire (CFJ), pour la formation menant à l’obtention du diplôme de greffier». Le niveau actuel requis est celui du baccalauréat. Il y a aussi l’«instauration d’un concours interne professionnel d’accès au corps des greffiers exclusivement réservés aux agents du ministère de la Justice». Et aussi la «création du corps de la hiérarchie B2 des Assistants des greffes et parquets (AGP)». Ce qui devra permettre l’intégration des agents non fonctionnaires du ministère de la Justice dans le cadre particulier des fonctionnaires de la Justice. Enfin, l’instauration d’un concours interne professionnel d’accès au corps des AGP exclusivement réservés aux agents du ministère de la Justice est partie intégrante du nouveau plan de carrière des agents de l’Etat officiant dans le secteur justice.
Au chapitre des régimes indemnitaires, les membres du SYTJUST veulent l’augmentation de l’indemnité de logement, la revalorisation indemnité participation judicature ainsi que l’octroi de prime d’assistance judiciaire à la frange des agents non judiciaires qui ne bénéficient d’aucune indemnité. Sur un autre registre, les greffiers et Cie réclament l’augmentation du fonds communs pour «réparer le préjudice du décret qui avait modifié les frais de nantissement». La baisse, on se le rappelle, a été opérée sous le magistère de l’ancienne ministre de la Justice, Aminata Touré. L’assiette foncière avec l’octroi de terrains pour amoindrir le coût de l’habitat social constitue l’ultime revendication des travailleurs du secteur considéré.
Dans un communiqué publié hier, le SYTJUST dénonce les blocages qu’il impute aux ministres chargés de le Justice, des Finances, du Budget et de la Fonction publique. Et, en définitive, exige du gouvernement la «prise en compte sérieuse et la satisfaction totale des doléances basiques des travailleurs de la Justice qui concourent dans la précarité absolue au bon fonctionnement de l’Institution Judiciaire».
Au regard de la tension qui secoue les autres secteurs tels que la santé, l’éducation, le nettoiement…, le contexte actuel (préélectoral) se prête-t-il à une telle paralysie de la Justice ?