Soham El Wardini a été élue maire de Dakar ce samedi 29 septembre. Elle succède ainsi à son mentor, Khalifa Sall, qui avait été révoqué de ses fonctions, fin août, par décret présidentiel.
Élue au premier tour de scrutin avec 64 voix sur 90 suffrages exprimés, Soham El Wardini, 65 ans est devenue la nouvelle maire de la capitale au terme d’un conseil municipal très attendu.
Déjà chargée de l’intérim à la tête de l’hôtel de Ville depuis l’incarcération de Khalifa Sall, en mars 2017, Soham El Wardini, qui était sa première adjointe, sera en charge des affaires de la ville jusqu’aux prochaines élections locales, en décembre 2019.
Née d’un père libanais et d’une mère sénégalaise, cette ancienne professeure d’anglais entrée en politique dès sa jeunesse à l’Alliance des forces de progrès (AFP), le parti de Moustapha Niasse, s’était progressivement rapproché de Khalifa Sall, qui lui a apporté son soutien pour lui succéder.
Seuls deux élus avaient fait acte de candidature pour lui barrer la route. Banda Diop, membre de la majorité municipale (Taxawu Dakar) et maire de la commune de Patte d’Oie, revendiquait la caution de Khalifa Sall, ce que les lieutenants de ce dernier ont immédiatement démenti.
Quant à Moussa Sy, le maire des Parcelles Assainies, il avait lui aussi été élu en 2014 sous l’étiquette de la coalition Taxawu Dakar. Après avoir longtemps milité au Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), il avait récemment lancé son propre mouvement, Appel national pour la citoyenneté. En janvier 2018, il appelait à soutenir le PDS à l’élection présidentielle de 2019.
Les deux challengers ont recueilli, respectivement, 13 et 11 voix.
De leur côté, ni l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir) ni le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng n’avaient présenté de candidat.
Révoqué par Macky Sall
Condamné en appel à cinq ans de prison ferme dans l’affaire de la caisse d’avance de la municipalité de Dakar, Khalifa Sall avait été révoqué le 31 août de ses fonctions par décret présidentiel. Une décision justifiée en ces termes par le ministère de la Gouvernance territoriale : « Force est de constater que la condamnation du maire de la Ville de Dakar par la cour d’appel le prive de la capacité juridique et de l’autorité morale nécessaires à l’exercice de ses fonctions. »
Jusqu’à sa révocation, Khalifa Sall gérait les affaires de la mairie depuis sa cellule de la prison à Rebeuss. Il recevait ainsi chaque semaine ses principaux collaborateurs, et notamment sa première adjointe, chargée d’expédier les affaires courantes à la municipalité. À en croire Soham El Wardini, l’incarcération du maire n’avait alors aucune incidence sur le fonctionnement de la mairie. « On avait déjà pris l’habitude de travailler en son absence, expliquait-elle à Jeune Afrique il y a quelques mois. En raison de ses obligations internationales, le maire voyageait beaucoup et s’appuyait sur l’équipe qu’il avait constituée. »
Candidat déclaré à l’élection présidentielle, Khalifa Sall, qui reste malgré tout député, pourrait voir ses ambitions réduites à néant en cas de condamnation définitive. Si son pourvoi en cassation devant la Cour suprême était rejeté avant le 19 janvier 2019, il ne pourrait alors concourir lors du scrutin prévu en février prochain.